je ne pactise plus avec ce verbe que trop ensoleillé
je ne cherche plus dans la parole un baume pour consoler mes
plaies
je n’exile plus dans l’envers de mon imaginaire les périples de
cette peau
ma préférence va au silence qui en est le présage
je ne démasque plus mon souffle pour qu’il se lie aux vertiges
du vôtre
je ne m’évertue plus à sillonner ces terres graciées par votre
ombre
je ne décachète plus les plissures de vos larmes lors des
cabales des crépuscules
ma préférence va au silence qui en est le présage
je n’orne plus ces nuits incendiées de linceuls de sang
je n’abandonne plus ces lèvres aux fièvres et à leurs cendres
je ne recouvre plus les nouages de vos songes de pierreries dénuées
de lumière
ma préférence va au silence qui en est le présage
mais savez-vous ce qu’est le silence
savez-vous ce qu’est le silence
savez-vous seulement ce qu’il est
le savez-vous
je n’ordonne plus aux astres de désosser les mers
je ne m’élance plus dans ces flammes que vos prunelles ont excavées
je ne m’enlise plus dans la figure argileuse de ce désir
ma préférence va au silence qui en est le présage
je n’encense plus l’obédience à votre beauté
je ne déclame plus, à tout vent, la fureur de vos pillages
je ne dégorge plus dans la mémoire les décrets de l’absence
ma préférence va au silence qui en est le présage
je ne cherche plus les traces de votre chevelure dans les
entailles du poème
je n’épouse plus la sentence du deuil d’avant la mort
je ne dévoie plus les sacrilèges d’une foi souvent infidèle
ma préférence va au silence qui en est le présage
mais savez-vous ce qu’est le silence
savez-vous ce qu’est le silence
savez-vous seulement ce qu’il est
le savez-vous
je n’interdis plus les violences faites à l’obscur en soi
je ne célèbre plus les cantiques des blasphèmes
je ne récuse plus les grandes clartés de nos ruines
ma préférence va au silence qui en est le présage
je ne perpétue plus le cycle des cataclysmes
je ne fustige plus vos patientes miséricordes
je ne rameute plus cette passion par la chair dévorée
ma préférence va au silence qui en est le présage
je ne m’arroge plus le droit aux dévotions impudiques
je ne danse plus selon les stupeurs de vos cadences
je n’enchaîne plus mes plaies à vos soifs et à leurs brisures
ma préférence va au silence qui en est le présage
mais savez-vous ce qu’est le silence
savez-vous ce qu’est le silence
savez-vous seulement ce qu’il est
le savez-vous
je ne requiers plus les absolutions de la souvenance
je ne crucifie plus les scellés
de vos extases
je ne dépeuple plus les espaces par vos folies distendus
ma préférence va au silence qui en est le présage
je ne vous fais plus don du parchemin qui recèle le manifeste de
votre enfance
je ne dénoue plus les aléas de vos nostalgies
je ne vous raconte plus les étoiles bleues qui incinèrent toute
agonie
ma préférence va au silence qui en est le présage
je ne suis plus pèlerin sur les sentiers de nos désolations
je n’invoque plus les dérades des sens
je ne m’enracine plus dans les bacchanales de la solitude
ma préférence va au silence qui en est le présage
mais savez-vous ce qu’est le silence
savez-vous ce qu’est le silence
savez-vous seulement ce qu’il est
le savez-vous
je n'assermente plus la déferlante des éclairs
je n'engrange plus les vendanges de la mousson
je ne déclame plus la genèse de vos
fascinations
ma préférence va au silence qui en est le présage
je ne martèle plus les courbes des éclipses
je ne disperse plus les souillures de la lune
je n’expurge plus de mon corps ses infamies
ma préférence va au silence qui en est le présage
je cesse d’enivrer les dérades des marées
je cesse l’errance dans le lacis de vos étreintes
je n’ordonne plus les connivences de la lave
ma préférence va au silence qui en est le présage
mais savez-vous ce qu’est le silence
savez-vous ce qu’est le silence
savez-vous seulement ce qu’il est
le savez-vous
je n’acclame plus les ordalies de l’aube
je ne récite plus vos versets toujours sacrés
je ne lacère plus les stigmates de la sainteté
ma préférence va au silence qui en est le présage
je ne scrute plus les aveuglements des spectres
je ne m’affame plus lors des démences du jeûne
je ne suis plus le scribe de toutes vos métamorphoses
ma préférence va au silence qui en est le présage
je ne sculpte plus la glaise des mots
je ne désincarne plus l’être pour en faire un poème
je ne mutile plus le miroir pour en extraire votre lumière
ma préférence va au silence qui en est le présage
mais savez-vous ce qu’est le silence
savez-vous ce qu’est le silence
savez-vous seulement ce qu’il est
le savez-vous
le silence est amour et l’amour est silence
Umar TIMOL
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire