jeudi 31 juillet 2014

mercredi 30 juillet 2014

A découvrir, sur le site POTOMITAN, le poète martiniquais José LE MOIGNE.





http://www.potomitan.info/lemoigne/index.php

Début septembre, le SPECTACLE MUSICAL RÉUNIONNAIS "LI TE VE WAR" se produira A LA RÉUNION, au TAMPON !


MERCREDI 03 SEPTEMBRE 2014

à 20h

au
THEÂTRE LUC DONAT
20 rue Victor Le Vigoureux,
97430 LE TAMPON,
Île de La Réunion



LI TE VE WAR


se donnera en représentation, avec
Davy SICARD
et
Danyel WARO

Samita CHATTOPADHYAY (India).

OPEN LETTER.


How many barriers will please you ?
How many impediments ?
You are playing with bottlenecks;
You are creating snags everywhere;
So many blockades and hindrances…


Blooper
Glitch
Snafu


Gaffe
Goof –
Slip-ups on our part…


Hitch is here…
Stumbling blocks and we…


Hey Lord of the Land !
You have crumbled the map,
Torn it into small pieces;
You are perpetually creating divisions;
Breaking our hands that cling to other arms;
You are trying to squash us –
You would like to make us a deformed whole…


We are separate units now;
Left hand is hugging the right;
You are all eyes now !


Our fingers are trembling…
They have forgotten other palms’ touch…


You are playing your trump card !
You know how to create disputes !


We are bickering
Discord
Tumult
Altercation


Feud
Brawl


Quickly you build up fences


You know how to SAVE such situations
And
How to USE
And
REUSE


PLAY
And
REPLAY the same


And besiege us


You know how to hem in


And create more dungeons…



Hey you
The Ordinary People of the Land !
Have you forgotten the secret ?
You have the magic lamp –
Where is it ?
How could you forget ?


You create an empire,
Throne needs you,
You create a KING
And you can depose him too;


You have immense power;
Light up your brain’s dark rooms,
Search and grab the magic land…


 
The ball is in your court…





Samita CHATTOPADHYAY.

mardi 29 juillet 2014

Un poème de Patricia LARANCO : NUIT CLAIRE.


La nuit, suave et mystérieuse,
immensément libre d'errer
sur les ailes fluides
de l'air
en les cieux larges et béants.


La nuit
que je scrute, postée,
presque tapie
tel un espion
entre le firmament clair et
le puits noir
d'une arrière-cour;


la nuit
suspendue dans l'azur
en vaste nappe parfumée,
moelleuse comme un doux coussin.


La nuit, dont j'hume avec passion
le silence estival et nu
qui se hisse d'un seul élan
vers l'hymne aigu
des galaxies.


La nuit
qui satine les murs
et les découpe avec douceur
comme si leur obscur velours
était, en fait, une clarté.


La nuit,
qui respire la paix,
qui se dilate
à l'infini -
aventurière des étés
que j'essaie de sonder
en vain
et qui, en attendant, me tient
comme arrimée
à ma fenêtre !






Patricia Laranco,

le 18 juillet 2014.

dimanche 27 juillet 2014

Un poème du poète français Alain MINOD.

NE PLUS SE LESTER DE VIDE !!



Notre pensée est sur les nuages
Qui enrobent les montagnes
Elle suit le soleil remontant
Leurs pentes
Et se laisse couler
Dans sa lumière perçant
Le rideau cotonneux …
Elle ne moutonne pas
En rentrant dans
Le silence




Soudain ! Ô les trilles d’oiseaux
Qui vrillent au sein du
Manteau vermillon
Dont les membres
S’ouvrant au
Précipice –
Empêchent notre pensée
De courir à l’aveugle
Et la voilà
Se délestant du poids du vide
Et se laissant pénétrer
Par les trouées
D’azur – intermittentes –
Qui disparaissent
Maintenant




Deux coups de tonnerre
Indiquent le lointain
Des vallées où
Plonge un ciel
Rageur
Par-dessus nous :
Les troupeaux de nuages
N’en font plus qu’un
Menaçant




Cependant : clin d’œil
Du coin de quelques neiges éternelles
Désenfouies des nuages
Tiens ! Pensée
Dans cet écrin provisoire
Et roule-toi dans le
Pépiement des
Passereaux
Pour
Y marquer le sceau de ta voix …
Le moment où des brassées
De paroles lui font
Echo :
Saisis-le après t’être armé
De lumière et …
Qu’elle vacille dans le vent du soir
Ce sera comme le temps
Te gratifiant de tant
De métamorphoses
Imprévisibles !








Alain MINOD.

samedi 26 juillet 2014

A Cellettes ( France), un SPECTACLE D'HUMOUR, CHANSON ET POESIE avec, entre autres, François FOURNET, "DE L'HOMME A LA BÊTE".


François Fournet
poète, écrivain, comédien
 
participera
le vendredi 22 août 2014
à 19 h

au
Château de Beauregard
12, chemin de la Fontaine - Cellettes
à dix kilomètres au sud de Blois
au spectacle
De l'homme à la bête
“82 animaux sur scène”
humour, chansons, poésie
avec
Rémi Boibessot
Joël Disez
François Fournet
et la participation de
Marina Disez
Titus
dans le cadre du
Festival international du portrait animalier
qui aura lieu
du samedi 23 août au vendredi 7 septembre 2014
de 10 h à 18 h

prix des places pour le spectacle
adultes : 15,00 euros ; enfants : 7,50 euros
il est prudent de réserver au 06 20 70 03 17
ce spectacle est patronné par Festillésime

renseignements

sur le festival

sur le château
02 54 70 36 74 / 02 54 74 14 65







Amicalement
 
Pedro VIANNA
Président d'Actes de présence
 
Actes de présence
ter, passage de Clichy
F-75018   PARIS
Téléphones : +33 (0)9 51 79 61 37 / +33 (0)1 42 93 61 37
Fax : +33 (0)9 51 79 61 37
Courriel : 
actesdepresence@free.fr

A Saintes (France), l'EXPOSITION D'ART ANIMALIER "LES CARACOLES DE SAINTES", avec l'artiste plasticienne Maria AMARAL.





Maria Amaral
artiste plasticienne
expose dans le cadre de
Les Caracoles de Saintes
Art animalier

du lundi 28 juillet au vendredi 31 octobre 2014



au
Haras national de Saintes
2, avenue Jourdan - Saintes
du lundi au vendredi
de 14 h à 17 h
entrée libre
vernissage
le samedi 26 juillet
 à 17 h 30
confirmation impérative
renseignements
(avec le plan d'accès)
téléphone du Haras : 05 46 74 80 13harasdesaintes@ifce.fr











Amicalement
 
Pedro VIANNA
Président d'Actes de présence
 
Actes de présence
ter, passage de Clichy
F-75018   PARIS
Téléphones : +33 (0)9 51 79 61 37 / +33 (0)1 42 93 61 37
Fax : +33 (0)9 51 79 61 37
Courriel : 
actesdepresence@free.fr



TWISTED WALLS, photos by Patricia LARANCO.










































Photographies : Patricia Laranco
(Tous droits réservés)

Aujourd'hui même, à Paris, une MANIFESTATION NATIONALE POUR LA PALESTINE !

vendredi 25 juillet 2014

ISRAËL/PALESTINE, CA SUFFIT !

Gaza sombre dans la violence, mais cette campagne pourrait bien être la plus importante jamais menée pour mettre fin à ce cauchemar. Les entreprises visées par cette campagne ont déjà commencé à réagir - voici le message, rejoignez notre appel ! 

Chères amies, chers amis, 



Une nouvelle salve de violences vient d’éclater entre Israël et la Palestine et une fois encore, des enfants meurent. Voici venu le temps de l’action non-violente pour mettre fin à ce cauchemar. Nos États et entreprises financent, profitent et investissent dans la violence, mais nous pouvons y mettre fin en appelant les grandes banques, fonds de pension et entreprises à cesser leurs investissements -- ajoutez votre voix à notre appel:

signez la petition
Une nouvelle salve de violences vient d’éclater entre Israël et la Palestine et une fois encore, des enfants meurentLes seuls appels au cessez-le-feu ne marchent pas, nous le savons. Il est temps de lancer des actions non-violentes pour mettre fin une fois pour toutes à des décennies de cauchemar.
Nos gouvernements ont échoué -- tout en négociant la paix et en adoptant des résolutions à l’ONU, ils continuent, via leurs entreprises, à financer, à tirer profit et à investir dans la violence. La seule manière de mettre un frein à ce cercle vicieux de confiscation des terres des familles innocentes, de punitions collectives, de lancement de roquettes du Hamas, et de bombardements sur Gaza est de rendre le coût économique du conflit insoutenable.

Nous savons que ça marche -- la directive européenne empêchant le financement des colonies illégales avait causé un séisme au sein du gouvernement israélien. La décision du fonds de pension néerlandais PGGM de se retirer des colonies illégales suite à un appel citoyen au boycott avait également créé une tempête politique.  
Cela ne mettra certainement pas fin aux tueries, mais l’Histoire nous a montré que souvent, le chemin de la paix passe par l’augmentation du coût de l’oppression. Cliquez sur le lien pour exhorter six banques, fonds de pension et entreprises à mettre un terme à ces investissements -- si nous réussissons à faire monter la pression, ces établissements pourraient se retirer, cela porterait un coup à l’économie israélienne, et nous pourrions déjouer les calculs politiques des extrémistes qui profitent politiquement de l'horreur: 

https://secure.avaaz.org/fr/israel_palestine_this_is_how_it_ends_rb/?bebOHeb&v=42856 

Lors des six dernières semaines, trois adolescents israéliens ont été assassinés en Cisjordanie, un jeune palestinien a été brûlé vif, un enfant américain a été brutalement frappé par la police israélienne et au jour d'aujourd'hui près de 100 enfants de Gaza sont morts sous les raids aériens israéliens. Ce n’est plus “le conflit israélo-palestinien”, c’est une guerre contre les enfants. Et nous sommes en train de devenir insensibles à cette ignominie.  

Des médias font passer cette guerre pour un conflit insoluble entre deux belligérants égaux, mais ce n’est pas de cela dont il s’agit. Les attaques des extrémistes palestiniens contre des civils innocents sont injustifiables et l'antisémitisme du Hamas est révoltant. Mais ces extrémistes cherchent à asseoir leur légitimité en arguant qu'ils combattent la terrible oppression israélienne qui dure depuis une décennie. Israël occupe, colonise, bombarde, attaque et contrôle l’eau, le commerce et les frontières d’un État libre et reconnu par les Nations Unies. À Gaza, Israël a créé la plus grande prison à ciel ouvert du monde, puis lui a imposé un blocus. Aujourd’hui, alors que les bombes pleuvent, les familles n’ont aucun endroit où se réfugier. 
Ce sont des crimes de guerre que l’on n’accepterait nulle part ailleurs: pourquoi alors les accepter en Palestine? Il y a cinquante ans, Israël et ses voisins arabes sont entrés en guerre et Israël a occupé la Cisjordanie et la bande de Gaza. Occuper un territoire après une guerre est chose commune, mais aucune occupation militaire ne devrait se transformer en des décennies de tyrannie, qui ne profite qu’aux extrémistes qui prennent les innocents pour cible. Et qui souffre? La grande majorité des familles des deux côtés, des familles aimantes qui ne veulent que la liberté et la paix. 
Pour un certain nombre de personnes, en particulier en Europe et en Amérique du Nord, appeler les entreprises à retirer leurs investissements en cessant de financer ou de participer à l’occupation israélienne en Palestine semble partial. Cette campagne n'est pas anti-Israël -- c’est la stratégie non violente la plus efficace pour mettre fin aux cycles de violence, assurer la sécurité d’Israël et obtenir la liberté pour les Palestiniens.  Le Hamas mérite d'être lui aussi mis sous pression, mais il est déjà soumis à un régime de sanctions robustes et subit toutes sortes pressions. La Palestine est minuscule à côté de la puissance et de la richesse d’Israël. Si cette dernière refuse de mettre fin aux occupations illégales de terres palestiniennes, le monde doit agir pour en rendre le coût insupportable. 
ABP, le fonds de pension néerlandais, investit dans les banques israéliennes qui financent la colonisation de la Palestine. D’énormes banques comme Barclays financent les fabricants d’armes israéliens et d’autres entreprises qui fleurissent grâce à l’occupation. Le géant de l’informatique Hewlett-Packard fournit des systèmes de surveillance sophistiqués pour contrôler les mouvements des Palestiniens. Et Caterpillar produit des bulldozers qui sont utilisés pour détruire des maisons et des fermes palestiniennes. Si nous lançons le plus grand appel jamais vu pour exhorter ces entreprises à se retirer, nous montrerons que le monde ne veut plus être complice de ce bain de sang. Les Palestiniens appellent le monde entier à soutenir cette action et les Israéliens progressistes la soutiennent également. Rejoignons-les! 

https://secure.avaaz.org/fr/israel_palestine_this_is_how_it_ends_rb/?bebOHeb&v=42856 

Notre communauté se rassemble pour offrir la paix, l’espoir et le changement dans certains des conflits les plus durs au monde. Souvent, cela signifie prendre position pour attaquer le problème à la racine. Pendant des années, notre communauté a cherché une solution politique à ce cauchemar, mais avec la nouvelle vague d’horreur qui déferle sur Gaza, l’heure est venue d’utiliser les sanctions financières et les retraits des investissements pour mettre un terme à l’horreur pour les Israéliens comme pour les Palestiniens.
Avec espoir et détermination,

Alice, Fadi, Ben, Laila, Anna, Ricken, Jo, Nell, Mais et toute l’équipe d’Avaaz 

Si vous avez des questions, vous pouvez vous rendre sur notre page de page de Q&A et consulter les sources ci-dessous. 






POUR EN SAVOIR PLUS

Un rapporteur spécial de l'ONU préconise le boycott des compagnies qui font des affaires avec les colonies israéliennes (ONU)
http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=29260#.U8lFE41_trU

La majorité de l’UE déconseille le commerce avec les colonies israéliennes (Euractiv)
http://www.euractiv.fr/sections/leurope-dans-le-monde/la-majorite-de-lue-deconseille-le-commerce-avec-les-colonies

Les Israéliens et les Palestiniens sont en faveur de la paix mais n’ont guère d’espoir (Gallup - en anglais)
http://www.gallup.com/poll/161456/israelis-palestinians-pro-peace-process-not-hopeful.aspx
Colonies israéliennes : le Quai d'Orsay met en garde les investisseurs français (France 24)http://www.france24.com/fr/20140625-colonies-israeliennes-quai-orsay-met-garde-investisseurs-francais-bds/ 

Israël lance une offensive terrestre dans la bande de Gaza (Radio-France International)
http://www.rfi.fr/moyen-orient/20140717-israel-lance-une-offensive-terrestre-bande-gaza/
Gaza : les victimes palestiniennes, à 80 % des civils (Le Point)
http://www.lepoint.fr/monde/gaza-premier-soldat-israelien-tue-dans-l-offensive-terrestre-18-07-2014-1847109_24.php

Règle 156. Définition des crimes de guerre (Comité international de la Croix Rouge - en anglais)
http://www.icrc.org/customary-ihl/eng/docs/v1_cha_chapter44_rule156

Un adolescent américain déclare avoir été frappé par la police israélienne (ABC News - en anglais)
http://abcnews.go.com/GMA/video/caught-tape-us-teen-tariq-abu-khdeir-allegedly-24449873 


Une politique de déplacement (Visualizing Palestine - en anglais)
http://visualizingpalestine.org/infograhic/a-policy-of-displacement

Exposer l’industrie de l’occupation israélienne (Who Profits - en anglais)
http://www.whoprofits.org/ 

Sources supplémentaires au sujet de cette campagne (en anglais): 
http://avaaz.org/fr/israel_palestine_this_is_how_it_ends_sources_b/?blast 

samedi 19 juillet 2014

Photopoésie : Mehrdad Ahmadi SHEYKHANI et Patricia LARANCO.



Vert fragile, 
qui défie 
le peuple des pierres 

lorsque la cascade d'aridité 
déferle !















































































Photographie : Mehrdad Ahmadi SHEYKHANI
Texte : Patricia LARANCO
(Tous droits réservés/all rights reserved)

LA REUNION : L'HOMMAGE DE PROSPER ÈVE A L'HISTORIEN SUDEL FUMA.

Photo : Hommage à Sudel Fuma par Prosper Eve
17 juillet 2014
Centre funéraire de Prima à Saint-Denis

Mesdames, Messieurs,
Au nom du Département d’Histoire, du Centre de Recherches et d’Etudes sur les Sociétés de l’Océan Indien (CRESOI) et de l’Association Historique Internationale de l’Océan Indien (AHIOI), je tiens à présenter nos sincères condoléances à la famille de Sudel Fuma éprouvée par ce deuil subit. 

La Réunion étant une terre accueillante, généreuse qui appelle à la transcendance, celui qui naît sur son sol a un devoir envers elle, consacré par sa devise, Florebo quocumque ferar, celui de fleurir là où il vit, c’est-à-dire celui de la faire rayonner qu’il soit dans l’île ou hors de l’île.

Auguste Lacaussade nous rappelle cet impérieux devoir dans le poème « A l’île natale », qui clôt son recueil majeur Poèmes et paysages :

« Je puis mourir : j’ai dit, ô mon île natale !
Ton ciel, tes monts, tes bois, tes champs, tes eaux, tes mers.
Mon âme t’a payé sa dette filiale ». 

Si le choix de ces vers est approprié à la circonstance, le choix de ce poète l’est tout autant, il est loin d’être anodin et mérite quelques explications. L’attitude de Sudel Fuma à l’égard de ce poète permet de le définir comme un homme de cœur, d’une grande sensibilité, un homme de conviction, intransigeant sur l’essentiel, pragmatique et souple. 

Le choix de ce poète me permet de souligner que Sudel Fuma n’était pas pour moi seulement un ami, c’était un vrai « dalon », « un frère en profession », sur lequel je pouvais compter dans les moments difficiles, car il était en congruence. Notre profonde affection s’est toujours étalée dans ces moments-là. Il me mettait fraternellement en garde contre les esprits diminuants  qui, ignorant la qualité de notre « dalonage », le conseillaient de ne plus me fréquenter. Lors du retour des restes de ce fils d’esclave, Auguste Lacaussade, dans son île natale, sous une pluie battante, au début du mois de février 2006, Sudel Fuma figurait parmi les très, très rares Réunionnais qui étaient là. Il était content d’être là au milieu des jeunes de deux établissements de Saint-Denis, ceux du collège Bourbon (où il a été surveillant d’externat) qui ont tenu à réparer de cette manière le mépris subi par la mère d’Auguste Lacaussade lors de l’inscription de son fils dans ce même établissement, et ceux du collège de Deux Canons (où il a été enseignant) Sudel Fuma était content de se mouiller après le tohu-bohu entretenu par les grands de cette société et d’être mouillé par la pluie, pour bien manifester son soutien à cette cause juste initiée par quelques étudiants de troisième année de licence d’Histoire. Par sa présence, il tenait à dire à tous les nobles et illustres absents, qui avaient choisi après mûre réflexion, leur camp, qu’il ne faut pas seulement répéter que les esclaves ont souffert ou encore qu’il faut connaître cette période, mais qu’il faut aussi être capable d’être en copinage avec eux, d’être content de vivre dans leur proximité, de les fréquenter tous sans arrière-pensée et non pas d’après un filtrage opéré par quelques illustres censeurs.  Il était conscient qu’en certains moments la présence s’impose et ne se marchande pas. Sudel Fuma étant un fils de petit né à l’époque départementale, son copinage avec eux était naturel et rempli d’affection. Il était comme un « coq en pâte » en compagnie des esclaves, des affranchis, des engagés. Il s’est démené sans compter à la direction de la chaire UNESCO auprès des différentes institutions pour que les pays de provenance des esclaves et des engagés n’oublient jamais leur part de responsabilité dans l’exil de leurs fils et de leurs filles, dans la traite des esclaves et dans l’exportation des travailleurs engagés. Il était porté à dénoncer tous ceux qui avaient touché à un brin de leurs cheveux.  Cet attachement profond aux petits, aux souffrants, donne la clé de compréhension de ses liens avec les enfants de la Creuse, de ses prises de parole mettant en exergue leurs souffrances et de ses astuces pour faire réparer le mal  subi par ceux qui sont tombés entre les mains de vils exploiteurs.   
Nous n’avions pas besoin de parler pour nous connaître et nous comprendre. Nos regards suffisaient. Notre soutien était acquis d’avance. Mes projets étaient ses projets et réciproquement. Lors de sa dernière discussion avec Marcel Moutoucomorapoullé, il lui rappelait mes difficultés pour célébrer dignement le bicentenaire du poète Lacaussade. Pour ne pas être long, je ne m’étendrai  pas davantage sur l’essence de notre « dalonage »  en aparté.   
Malgré sa mort brutale et tout à fait inattendue, dans ce lieu où il allait chercher la paix, les vers d’Auguste Lacaussade s’appliquent aisément à Sudel Fuma. Il peut dire lui aussi :  

« Je puis mourir : j’ai dit, ô mon île natale ! 
Ton histoire cabossée par l‘esclavage, par l’engagisme,
Ton histoire margozée par les méfaits d’un capitalisme
Qui apporte la richesse à la minorité possédante des biens de production, à la minorité chargée de la gouvernance politique, 
Et la misère à la majorité suant sous le soleil
Qui secrète la crise et la guerre comme la nuée porte l’orage,
Ton histoire guiguinizée par le primat d’une source ou d’un groupe d’érudits,
Mon âme t’a payé sa dette filiale ».  

Dans la discipline de son choix, l’Histoire, Sudel Fuma s’est beaucoup investi pour faire évoluer la recherche sur un certain nombre de fronts, car le chantier est immense, au moment où il passe de l’apprentissage à la maîtrise d’œuvre, à la fin des années 1970 et au début des années 1980. 
Son premier champ d’investigation a été le monde des affranchis. Son second a été l’industrie sucrière. Celui-ci lui a permis d’une part de toucher du doigt le vécu des esclaves au travail, en révolte, en marronnage ainsi que des engagés du lazaret aux habitations et d’autre part de décortiquer la politique de sape menée par une société bancaire dans cette colonie. Tout au long de sa carrière de chercheur, il n’a pas cessé de labourer ces deux champs, en revisitant les sources traditionnelles et en mettant à profit des sources nouvelles. Après avoir privilégié les manuscrits conservés dans les archives publiques à La Réunion et en France, comme il a eu la chance de participer à un programme de collectes de traditions orales initié par le Professeur Jean Poirié ethnologue de l’université de Nice, soutenu financièrement par le maire de Saint-Denis, puis président du Conseil général, Auguste Legros, il était bien placé pour les exploiter dans ses travaux et pour encourager les nouvelles générations à ne pas les négliger, notamment lorsque les sources écrites font défaut. Lorsque Marc Kichenapanaïdou après avoir œuvré à la Direction des Affaires Culturelles à La Réunion se mobilise pour que l’archéologie se développe à La Réunion   comme elle l’a déjà été aux Antilles, il fait appel à Sudel Fuma, il adhère au Groupe de Recherche en Archéologie et en Histoire de la Terre Réunionnaise (G.R.A.H.TER). Il vole de ses propres ailes en participant ensuite à des chantiers de fouille à Tromelin et dans son département natal. Croiser c’est enrichir. Le croisement des sources manuscrites, orales, archéologiques est une nécessité pour faciliter la reconstitution du puzzle réunionnais. 

Par son activité de chercheur, Sudel Fuma peut être qualifié de vrai Réunionnais, car son ambition constante a été d’enrichir la connaissance historique et de la faire connaître au grand public par la mise à sa disposition d’outils : livres, films. Mais l’Histoire est une discipline exigeante. Je dirai même sans chauvinisme, que l’Histoire est la plus exigeante des disciplines. Elle est exigeante en temps. Sudel Fuma a su consacrer du temps à sa matière de prédilection. Elle est exigeante en moyens financiers. Pour mener à terme ses chantiers, il a créé la dynamique Association Historun. 
  Sudel Fuma a été dans l’île, car il a cultivé l’idéal de transcendance. Il a donné le meilleur de lui-même pour porter son île au plus haut niveau, pour assurer son renom. Il  a été un vrai Réunionnais. 
Comme désormais le silence vaut pour toi de l’or, Sudel, mon devoir est maintenant de me taire. 

Prosper Eve
Les dires et le faire de l’ARCC
un journal sur Facebook et Twitter

sous la direction de Patrick Nurbel
culturearcc@gmail.com

Ancien champion d'athlétisme, passionné de la mer mais surtout historien, chercheur et intellectuel engagé, Sudel FUMA était une figure de la vie intellectuelle sur l'île de La Réunion. Il a disparu en mer, suite au naufrage de son bateau, le 12 de ce mois.
Voici l'hommage que lui a rendu un autre intellectuel réunionnais, Prosper ÈVE, le 17 juillet 2014, au centre funéraire de Prima ( Saint-Denis).
RIP, Sudel Fuma.


Mesdames, Messieurs,

Au nom du Département d’Histoire, du Centre de Recherches et d’Etudes sur les Sociétés de l’Océan Indien (CRESOI) et de l’Association Historique Internationale de l’Océan Indien (AHIOI), je tiens à présenter nos sincères condoléances à la famille de Sudel Fuma éprouvée par ce deuil subit. 

La Réunion étant une terre accueillante, généreuse qui appelle à la transcendance, celui qui naît sur son sol a un devoir envers elle, consacré par sa devise, Florebo quocumque ferar, celui de fleurir là où il vit, c’est-à-dire celui de la faire rayonner qu’il soit dans l’île ou hors de l’île.

Auguste Lacaussade nous rappelle cet impérieux devoir dans le poème « A l’île natale », qui clôt son recueil majeur Poèmes et paysages :

« Je puis mourir : j’ai dit, ô mon île natale !
Ton ciel, tes monts, tes bois, tes champs, tes eaux, tes mers.
Mon âme t’a payé sa dette filiale ». 

Si le choix de ces vers est approprié à la circonstance, le choix de ce poète l’est tout autant, il est loin d’être anodin et mérite quelques explications. L’attitude de Sudel Fuma à l’égard de ce poète permet de le définir comme un homme de cœur, d’une grande sensibilité, un homme de conviction, intransigeant sur l’essentiel, pragmatique et souple. 

Le choix de ce poète me permet de souligner que Sudel Fuma n’était pas pour moi seulement un ami, c’était un vrai « dalon », « un frère en profession », sur lequel je pouvais compter dans les moments difficiles, car il était en congruence. Notre profonde affection s’est toujours étalée dans ces moments-là. Il me mettait fraternellement en garde contre les esprits diminuants qui, ignorant la qualité de notre « dalonage », le conseillaient de ne plus me fréquenter. Lors du retour des restes de ce fils d’esclave, Auguste Lacaussade, dans son île natale, sous une pluie battante, au début du mois de février 2006, Sudel Fuma figurait parmi les très, très rares Réunionnais qui étaient là. Il était content d’être là au milieu des jeunes de deux établissements de Saint-Denis, ceux du collège Bourbon (où il a été surveillant d’externat) qui ont tenu à réparer de cette manière le mépris subi par la mère d’Auguste Lacaussade lors de l’inscription de son fils dans ce même établissement, et ceux du collège de Deux Canons (où il a été enseignant) Sudel Fuma était content de se mouiller après le tohu-bohu entretenu par les grands de cette société et d’être mouillé par la pluie, pour bien manifester son soutien à cette cause juste initiée par quelques étudiants de troisième année de licence d’Histoire. Par sa présence, il tenait à dire à tous les nobles et illustres absents, qui avaient choisi après mûre réflexion, leur camp, qu’il ne faut pas seulement répéter que les esclaves ont souffert ou encore qu’il faut connaître cette période, mais qu’il faut aussi être capable d’être en copinage avec eux, d’être content de vivre dans leur proximité, de les fréquenter tous sans arrière-pensée et non pas d’après un filtrage opéré par quelques illustres censeurs. Il était conscient qu’en certains moments la présence s’impose et ne se marchande pas. Sudel Fuma étant un fils de petit né à l’époque départementale, son copinage avec eux était naturel et rempli d’affection. Il était comme un « coq en pâte » en compagnie des esclaves, des affranchis, des engagés. Il s’est démené sans compter à la direction de la chaire UNESCO auprès des différentes institutions pour que les pays de provenance des esclaves et des engagés n’oublient jamais leur part de responsabilité dans l’exil de leurs fils et de leurs filles, dans la traite des esclaves et dans l’exportation des travailleurs engagés. Il était porté à dénoncer tous ceux qui avaient touché à un brin de leurs cheveux. Cet attachement profond aux petits, aux souffrants, donne la clé de compréhension de ses liens avec les enfants de la Creuse, de ses prises de parole mettant en exergue leurs souffrances et de ses astuces pour faire réparer le mal subi par ceux qui sont tombés entre les mains de vils exploiteurs. 
Nous n’avions pas besoin de parler pour nous connaître et nous comprendre. Nos regards suffisaient. Notre soutien était acquis d’avance. Mes projets étaient ses projets et réciproquement. Lors de sa dernière discussion avec Marcel Moutoucomorapoullé, il lui rappelait mes difficultés pour célébrer dignement le bicentenaire du poète Lacaussade. Pour ne pas être long, je ne m’étendrai pas davantage sur l’essence de notre « dalonage » en aparté. 
Malgré sa mort brutale et tout à fait inattendue, dans ce lieu où il allait chercher la paix, les vers d’Auguste Lacaussade s’appliquent aisément à Sudel Fuma. Il peut dire lui aussi : 

« Je puis mourir : j’ai dit, ô mon île natale ! 
Ton histoire cabossée par l‘esclavage, par l’engagisme,
Ton histoire margozée par les méfaits d’un capitalisme
Qui apporte la richesse à la minorité possédante des biens de production, à la minorité chargée de la gouvernance politique, 
Et la misère à la majorité suant sous le soleil
Qui secrète la crise et la guerre comme la nuée porte l’orage,
Ton histoire guiguinizée par le primat d’une source ou d’un groupe d’érudits,
Mon âme t’a payé sa dette filiale ». 

Dans la discipline de son choix, l’Histoire, Sudel Fuma s’est beaucoup investi pour faire évoluer la recherche sur un certain nombre de fronts, car le chantier est immense, au moment où il passe de l’apprentissage à la maîtrise d’œuvre, à la fin des années 1970 et au début des années 1980. 
Son premier champ d’investigation a été le monde des affranchis. Son second a été l’industrie sucrière. Celui-ci lui a permis d’une part de toucher du doigt le vécu des esclaves au travail, en révolte, en marronnage ainsi que des engagés du lazaret aux habitations et d’autre part de décortiquer la politique de sape menée par une société bancaire dans cette colonie. Tout au long de sa carrière de chercheur, il n’a pas cessé de labourer ces deux champs, en revisitant les sources traditionnelles et en mettant à profit des sources nouvelles. Après avoir privilégié les manuscrits conservés dans les archives publiques à La Réunion et en France, comme il a eu la chance de participer à un programme de collectes de traditions orales initié par le Professeur Jean Poirié ethnologue de l’université de Nice, soutenu financièrement par le maire de Saint-Denis, puis président du Conseil général, Auguste Legros, il était bien placé pour les exploiter dans ses travaux et pour encourager les nouvelles générations à ne pas les négliger, notamment lorsque les sources écrites font défaut. Lorsque Marc Kichenapanaïdou après avoir œuvré à la Direction des Affaires Culturelles à La Réunion se mobilise pour que l’archéologie se développe à La Réunion comme elle l’a déjà été aux Antilles, il fait appel à Sudel Fuma, il adhère au Groupe de Recherche en Archéologie et en Histoire de la Terre Réunionnaise (G.R.A.H.TER). Il vole de ses propres ailes en participant ensuite à des chantiers de fouille à Tromelin et dans son département natal. Croiser c’est enrichir. Le croisement des sources manuscrites, orales, archéologiques est une nécessité pour faciliter la reconstitution du puzzle réunionnais. 

Par son activité de chercheur, Sudel Fuma peut être qualifié de vrai Réunionnais, car son ambition constante a été d’enrichir la connaissance historique et de la faire connaître au grand public par la mise à sa disposition d’outils : livres, films. Mais l’Histoire est une discipline exigeante. Je dirai même sans chauvinisme, que l’Histoire est la plus exigeante des disciplines. Elle est exigeante en temps. Sudel Fuma a su consacrer du temps à sa matière de prédilection. Elle est exigeante en moyens financiers. Pour mener à terme ses chantiers, il a créé la dynamique Association Historun. 
Sudel Fuma a été dans l’île, car il a cultivé l’idéal de transcendance. Il a donné le meilleur de lui-même pour porter son île au plus haut niveau, pour assurer son renom. Il a été un vrai Réunionnais. 
Comme désormais le silence vaut pour toi de l’or, Sudel, mon devoir est maintenant de me taire. 

Prosper Ève






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Crédit : Les dires et le faire de l’ARCC, sous la direction de Patrick NURBEL
culturearcc@gmail.com