Le silence
est un grand sarcophage
plombé,
une gaine où nous a
enchâssés
la nuit :
des caravanes vagabondes
à notre insu
y arpentent les pentes
de tous les envers ;
on y surprend
la chair équarrie des
soleils,
on y épie
la lune ce débris piteux,
ce morceau de mie de pain
trempé dans du lait
tout juste bon à être
donné
aux enfants ;
on y vogue on y navigue
sans le savoir
entre les présages et les
séquelles de vie,
on y cueille et on y
accueille
les écueils
sans en être le moins du
monde transpercé.
On y est
redevenu un animal brut
coincé dans une opacité
moite et têtue,
sans conscience sans échos
sans souvenirs
intemporalité
qui est de tous les temps ;
on y est cuirassé par l’absence
de sens,
éparpillé par les chemins
blonds et obscurs,
précipité à travers les
espaces noirs
et touffus qui envasent
ensablent l’univers.
On est
partie prenante de l’inexprimé,
du gigantesque bloc
compact qui nous retient ;
catafalque d’Osiris en
catalepsie ;
des poussières d’étoile s’allument
dans nos
yeux écrasés par les
tombeaux de nos paupières ;
à l’aveuglette nous nous
préparons
à vivre.
Patricia
Laranco.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire