Vers la femme convergent toujours
les formes du désir les plus infantiles et les plus jaillissantes : celles
liées au besoin d’être materné et au besoin sexuel.
C’est là un poids (le poids de
l’archaïsme) duquel elle peut passer toute sa vie à tenter de se débarrasser,
ce qui use ses forces.
C’est CONTRE LA NATURE que la
Civilisation s’est créée. En opposition à tout ce qui reliait/relie l’être
humain à la nature.
Il y 10 000 ans environ,
c'est-à-dire au commencement de l’ère néolithique, l’homme, en domestiquant les
plantes et le bétail, a réalisé qu’il était à même de maîtriser la nature sur
une grande échelle. Peu à peu, cela lui a donné un sentiment de puissance, de
supériorité sur l’ensemble du monde qui l’entourait (et qu’il redoutait
jusqu’alors).
Et plus il
« maîtrisait », plus il se sentait spécial, à part, autre, plus il
prenait du recul, plus il prenait conscience de sa propre conscience comme d’un
élément séparé de tout le reste. Plus il agissait (avec efficacité et succès)
sur les choses au fil des millénaires, plus il les démythifiait et,
parallèlement, sentait en lui croître une sorte d’exaltation orgueilleuse de
l’ordre de ce que les anciens Grecs appelaient l’hybris.
Il devenait celui qui avait le
pouvoir de modifier le monde en fonction de ses besoins propres. Tout devait
tomber sous son contrôle absolu, lui rendre des comptes : plantes, champs,
animaux et…femmes. Tout ce qui n’était pas lui était décrété
« passif », chosifiable, méprisable, voué à l’appropriation, à
l’apprivoisement (comme « la mégère »).
Il devait dompter tout ce qui
contrastait, d’une manière ou d’une autre, avec son œuvre sacrée, fruit
remarquable de son intelligence tout autant que de son savoir-faire.
Ainsi sans doute prit-il en
horreur, en dégoût, dans le même mouvement, l’animalité, l’ensemble de la
nature, le « pouvoir » sexuel et matriciel des femmes, la faiblesse
des trop jeunes.
Ainsi devint-il un fanatique du
contrôle, du droit de regard sur tout ce qui existe…la paranoïa était
née !
La civilisation humaine porte en
elle la marque et le ferment d’une violence inouïe.
Le cerveau humain est un
assemblage si hautement complexe et si étonnamment performant qu’il ne peut
être, du même coup, qu’une entité éminemment fragile. A l’instar de tous les
appareils ultra sophistiqués, ultra pointus, c’est avec une assez grande
facilité qu’il « disjoncte », « déraille ».
Un cerveau comme celui de
l’Homme, c’est tout sauf facile à gérer. Je dirais même qu’à bien des égards,
cela peut apparaître comme « encombrant »…
Incroyables sont le déni et la
persévérance dans le déni dont les gens ont coutume de gratifier ce qui les
dérange !
Aimer quelqu’un, s’attacher à une
personne suppose toujours une certaine dose d’aveuglement, de déni de tout ce
qui, chez cet être, vous est antipathique et/ou s’avère incompatible avec
l’idée que vous vous en faites.
Lorsqu’on se rend compte de ce
dont les gens peuvent être capables dans certains cas, peut-on se défendre
d’avoir peur de l’humanité en général ?
Peut-on s’ôter de l’esprit qu’elle
est aussi irrationnelle que rationnelle, aussi déjantée qu’elle peut se montrer
intelligente et sage, en un mot imprévisible tout autant que redoutablement
imaginative et ingénieuse ?
Le cœur humain est si changeant
et si dissimulé que nul ne peut être sûr à cent pour cent de ce que ressent
vraiment un être.
Parfois, d’ailleurs, nos propres
sentiments se révèlent si complexes que nous avons-nous-mêmes un mal fou à les
démêler, à y voir clair.
C’est la raison pour laquelle je
me permettrai de dire qu’une certaine dose de méfiance n’est jamais de trop,
tant vis-à-vis des autres êtres humains que de soi-même.
Il n’y a pas de diable, pas plus qu’il n’y a de
« forces maléfiques ».
Le démon et les « forces
noires » sont à rechercher à l’intérieur de nous, dans la rage et dans la
démence dont nul d’entre nous n’est, par malheur, à l’abri – mais
c’est tellement difficile à admettre !
L’introspection vous amène à plus
de lucidité, sur vous-même et les autres. Peut-être est-ce la raison pour laquelle
tant d’êtres humains la craignent…
Tous, sans exception, nous avons
une part de lumière et une part d’ombre, entre lesquelles nous fluctuons sans
cesse.
Contrôler le pire en nous, c’est,
en premier lieu, l’identifier. Le contraire de sa négation.
P. Laranco.
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