mardi 24 septembre 2013

Parution (littérature mauricienne) : " L'AFRIQUE ET LES MASCAREIGNES DE JEAN-MARIE GUSTAVE LE CLEZIO ", Hors-série N°1 de la revue universitaire camerounaise MOSAÏQUES.

Raymond MBASSI ATEBA et Kumari R. ISSUR (Dirs.), L'Afrique et les Mascareignes de Jean-Marie Gustave Le Clézio, Hors-série numéro 1, août 2013 de la REVUE MOSAÏQUES (revue du Département de Langue Française et des Littératures d'Expression Française de l'Ecole Normale Supérieure de l'Université de Maroua, Cameroun), Paris, Éditions des Archives Contemporaines, 2013.

Les réflexions réunies dans le présent ouvrage souhaitent rendre palpable la matière africaine et indianocéanique de l’œuvre le clézienne souvent biaisée par la critique. Il s'agit de saisir la complexité de l’être-au-monde africain telle qu’esthétisée par le Prix Nobel de littérature 2008. Situer, dans la forêt de ses paradoxes, la métaphore africaine et la place qu’elle occupe dans son imaginaire scriptural. Elle qui est constamment oubliée, absente – même s’il n’y a rien de plus présent qu’un absent –, il s’agit d’analyser les fulgurances de cette absence pour rendre compte de son humanité, de ses phénomènes, de ses causalités. Dans le prolongement de la réflexion développée par Jean-Marie Kouakou, l’Afrique se présente comme l’espace de la révélation du corps, de l’effusion sensuelle – Jean Claude Abada Medjo –, vécue entre quête identitaire et invasion d’imaginaire par Le Clézio. Un imaginaire mytho-symbolique protéiforme, envoûtant et séduisant par ses hommes et son environnement naturel, voué cependant aux plaies de l’histoire comme l’esclavage et la colonisation, qui amènent Bernadette Rey-Mimoso Ruiz à réfléchir sur le thème de la déportation et particulièrement sur l’émigration douloureuse comme celle qu’on perçoit autrement dans Poisson d’or ou dans la nouvelle intitulée « Barsa, ou barsaq », dans Histoire du pied et autres fantaisies. À l’inverse, Orphée Gore interroge le fonctionnement de l’exotisme tropical africain, s’il en est, dans l’œuvre le clézienne, qui propose une Afrique réelle, phénoménologiquement vivante, culturellement saisissante. Son analyse permet, incidemment, de dégager les limites du regard anthropologique de Le Clézio et de soupçonner l’emprise de certaines causalités idéologiques dans son écriture. Mais que son Afrique soit d’abord perçue selon la mémoire de l’enfant de huit ans qu’il est en 1948 – Jean Christophe Delmeule – ou, qu’au contraire, elle abrite les réalités qui dévoilent le royaume merveilleux de ses personnages juvéniles – Véronique Chelin –, on peut, avec Marie Cécile Bouguia, noter que l’enfance africaine, qui se forge à travers une éducation fortement structurée, émerge grâce à des figures tutélaires éclatées qui rompent avec celles de la famille nucléaire que le jeune Fintan – le double textuel de Le Clézio, dans Onitsha – connaît par exemple en Occident. Elle montre par ailleurs comment la vision interculturelle chez Le Clézio s’origine dans ses premiers moments africains, dans cette humanité autre mais fraternellement proche qu’il a précocement rencontrée et intégrée.
L’incursion dans cette mémoire culturelle mésestimée par l’histoire globale de l’humanité, rendue invisible par le regard de l’Autre occidental qui conteste parfois toute légitimité à ses manifestations cultuelles, permet d’interroger les représentations des imaginaires lémurien – Dominique Lanni –, maghrébin – Rachida Saïdi – et camerouno-nigérian – Raymond Mbassi Atéba – qui investissent la parole scripturale le clézienne. Elle permet également à Fredrik Westerlund, Vidoolah Mootoosamy et Aïssatou de s’appesantir respectivement sur les réalités hydromorphiques africaines et indianocéaniques, les figures de la colonisation à l’île Maurice ou sur les femmes africaines de Le Clézio dont l’esthétisation actualise divers mythes et savoirs qui autorisent un recadrage théorique, épistémique et éthique de la pensée le clézienne. Deux entretiens avec des poètes mauriciens – Khal Torabully, promoteur du mouvement de la Coolitude qui a récemment relancé le projet de la Maison de la Sagesse (Casa de la Sabiduria) à Grenade en Espagne et dont le geste scriptural s’élabore à l’ombre des imaginaires lémuriens et corallien, et Umar Timol – ont mis l’accent sur la réception africaine et mauricienne de l’œuvre le clézienne. Une œuvre qui porte l’africanité et la mauricianité en offrande au monde global, mais à laquelle l’Afrique et les Mascareignes ont difficilement accès.
L’objectif de cet ouvrage, qui a bénéficié de l’expertise scientifique de Bruno Thibault, Lydie Moudileno, Bernadette Rey-Mimoso Ruiz, Marina Salles, n’est pas de régionaliser Le Clézio en l’africanisant ou en l’indianocéanisant. Il s’agit de restituer la place de l’Afrique et des Mascareignes dans l’œuvre de cet auteur qui ne fait pas mystère de sa filiation africaine et mauricienne. Il est le fruit de la collaboration entre le cléziens occasionnels ou rompus, qui y ont apporté leur savoir et savoir-faire. Loin d’être des finitudes scientifiques ou d’apparaître comme des horizons exégétiques indépassables, les contributions réunies dans ce volume ouvrent des pistes – pas toutes –, sans les refermer, à une réflexion féconde qui questionne la matière africaine de l’œuvre le clézienne qu’on a souvent eu tort de minimiser ou de biaiser dans les études le cléziennes. Elles s’inscrivent cependant dans leur continuité, avec les prolongements et les ruptures nécessaires à toute entreprise critique.


DirecteursRaymond MBASSI- ATEBA et Kumari R. ISSUR
Contributeurs :
Aïssatou (Université de Maroua, Cameroun)
Bernadette Rey Mimoso-Ruiz (Institut Catholique de Toulouse, France)
Dominique Lanni (Université de Malte)
Fredrik Westerlund (University of Eastern Finland, Joensuu, Finlande)
Jean Claude Abada Medjo (Université de Maroua, Cameroun)
Jean-Christophe Delmeule (Université Charles-de-Gaulle – Lille 3, France)
Khal Torabully (Poète mauricien)
Kumari R. Issur (Université de Maurice)
Marie Cécile Bouguia Fodjo (Université de Maroua, Cameroun)
Orphée Gore (Université de Grenoble Stendhal III, Labo LLS à Chambéry, France)
Rachida Saidi (Université Mohamed Ier, Maroc)
Raymond Mbassi Atéba (Université de Maroua, Cameroun)
Umar Timol (poète mauricien)
Véronique Chelin (Université de Montréal, Canada)
Vidoolah Mootoosamy (Università degli Studi de Milan, Italie)







Prix public : 25,00 euros
ISBN : 9782813001351





Ouvrage disponible aux 
Editions des Archives Contemporaines
41, rue Barrault
75013 Paris

Tél: +33(0)145815633



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire