mercredi 11 septembre 2013

Un texte de Aqiil GOPEE (Île Maurice).

La fourrure musclée, palpitante du tigre, irriguée d’une salive grossière et tiède – sa jambe, amas de cœurs éclatant comme des bombes à rebours s’entrelace autour –
de la guirlande de sueur perlée au creux des reins contusionnés du chacal à l’haleine blafarde –
coulures de rose aux halètements des loups – l’aube se réveille en bâillements saccadés sur la plaie des hyènes
les vautours saignent leur ricanement, se déshabillent de leurs ailes plombées de mort et se jettent sur la gueule béante d’un éléphant qui étendu dans sa robe de gris fait penser à un sombre désir d’obscurité – un océan parsemé du rire des corbeaux
ombrant d’une lueur sauvage et honteuse le cou trop long des girafes qui perfore les nuages et leur virginité de pluies trop lourdes
les chiens qui comme des coureurs s’arc-boutent et dressent la queue en quête d’une proie facile à aimer – un lièvre un singe peu importe
tant que le corps est là et qu’il palpite comme la vie au creux des canines
tant que la chair est fraîche et remuée d’un flux rouge-chaleur et claque comme un orgasme contre la langue tendue avide de satiété
les bœufs – les arbres se tordent sous leur désir leur corne qui s’arrache et qui se plante comme un amant trop excité entre les ronces et les pleurs
les aigles se battent bec contre bec œil contre haine, leurs serres ne servent plus à la mort mais à l’amour qu’ils griffent et qu’ils détruisent de battements de sang
les baleines échouées dans l’océan comme des navires à la dérive – leur écume bondissante contre les murs de l’eau
une mouette fatiguée en avait repêché une trace et s’en était imbibée
atterrissant sur le sable elle fut mangée par une horde de crabes vieillis d’un désir de trop d’années et de son corps n’est restée que l’écume qui fut aussitôt ravalée par la mer et moi je me dis, pieds trempés dans la terre que tout cet amour des bêtes n’est que brut et fauve – le véritable amour, la véritable braise de l’enfer, je ne la connais que dans le cyclone argenté de ton regard, de ton silence tragique comme la naissance d’une lèvre,
mon amour.



Aqiil GOPEE

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