mardi 3 septembre 2013

Un petit peu de philosophie....

Le monde est d’une complexité qui défie l’entendement humain. Tant celui de notre « sens commun », du reste, que celui de notre logique…
En même temps qu’il voyait l’émergence d’extraordinaires découvertes scientifiques (notamment dans le domaine des sciences physiques), le XXe siècle a vu notre titanesque effort cognitif buter sur un défi colossal : celui de la complexité. Alors même que ce qu’il cherchait, lui, c’était aller vers le « point oméga » de la simplicité ultime !



A toute chose, il y a rarement explication qui soit unique.
La réalité des objets, des phénomènes, des perceptions n’est – à ce qu’il semble – pas autre chose qu’un vaste chatoiement.



Le cerveau humain – qui est pourtant, d’après toutes les constatations de ceux qui l’étudient – l’entité la plus complexe de l’Univers, n’en déteste pas moins la complication !
Est-ce à dire que l’Homme, dans le seul but de se « faciliter la vie », se serait doté de l’un des organes les plus étranges, les plus difficiles à comprendre ?



Faire baigner les gens dans un perpétuel état (et état d’esprit) de « fun » et de détente, les enraciner dans la culture, la société des loisirs et de la « jouissance sans entraves » est une stratégie remarquablement payante non seulement en termes d’incitation à la consommation de masse, mais encore en termes de nouvelle forme d’abrutissement des individus.
Rien de tel que l’hédonisme, que l’addiction à l’évasion dans les loisirs (loisirs, au reste, bien entendu, soigneusement adaptés au but que les décideurs libéraux veulent atteindre, dûment sous contrôle) pour vous détourner de toute réflexion sur le système en place et donc, de tout éventuel réflexe de « résistance » !



Méfions-nous du besoin d’affirmation de soi, contrôlons-le.
N’oublions pas qu’il peut, poussé jusqu’à un certain point, générer une foule de problèmes entre soi et les autres, tels, par exemple, le non-respect et les conflits.



On parle beaucoup de « conscience de soi » ; que ne parle-t-on aussi de « conscience de ce qui nous relie à un ensemble plus large » !



L'Homme s'imagine souvent juger, alors qu'il ne fait que jauger.



Il est devenu assez difficile de discuter avec les gens, ou tout du moins d’éviter que la moindre discussion tourne à la polémique. Les gens ont, en effet, atteint un tel degré de narcissisme qu’ils font, de tout, prétexte à affirmation de soi, à tentative de « l’emporter sur l’autre ». Comment parler, comment se parler vraiment quand on confond avoir des idées, les échanger et éblouir la galerie en « ayant le dessus » ? Comment s’écouter quand on fait du moindre « débat » une question d’amour-propre personnel ? Quand, systématiquement, par esprit d’ « opposition » invétéré, on cherche à contredire ce qu’énonce l’interlocuteur en lui adressant des objections qui ne reposent sur aucune réflexion préalable ? Quand ce genre de comportement devient quasiment un « tic » ?




Les harceleurs téléphoniques (plus ou moins anonymes) qui prennent les femmes pour cibles...Quel est le problème de ces gens ? Ne chercheraient-ils pas à "punir" les femmes de vivre leur vie, d'être en mesure de dire "non", en un mot de se trouver, à l'intérieur de notre vie moderne et citadine, hors de tout contrôle masculin traditionnel ? Défoulent-ils sur des inconnues leur crainte, leur frustration, leur rancœur, leur sentiment d'être ignorés, sous-estimés par la gent féminine, l'insupportable colère que provoque et entretient chez eux le vide de leur vie ? Sont-ce des déséquilibrés : pervers narcissiques, individus atteints de trouble borderline ou de schizophrénies mal soignées ?
Sans doute y-a-t-il un peu de tout ceci.


La mission de l’art – si tant est qu’il ait une « mission », c’est de surprendre.
De sauter aux rétines, un peu à la manière d’une grande gifle, d’un choc, pour remonter ensuite jusqu’au cerveau et le marquer durablement, en profondeur, comme un sillon, une ornière peut marquer la glèbe.



Parler du mal gêne les gens. Peut-être parce qu’obscurément, ils savent que celui-ci fait pleinement partie de la nature humaine…peut-être parce que, de manière subconsciente, ils se sentent tous plus ou moins coupables de celui dont ils pourraient se révéler capables – comme tout un chacun -, sans parler de celui qu’ils ont eu l’occasion de penser, de commettre au cours de leur vie, en pleine connaissance de cause. Nul humain n’a motif à se sentir non concerné par le mal ; nul n’est innocent et c’est là, justement, ce qui explique ce besoin névrotique de le maintenir à distance.
On aime s’aimer – et comment s’aimer si l’on pense trop à cette part d’ombre que l’on traîne ? Peut-on juger l’autre si nous savons qu’au fond nous l’égalons en « méchanceté » ?



L’Homme n’est ni blanc comme une pelisse de neige, ni noir comme la suie. Il est gris, point barre ; c'est-à-dire capable du meilleur comme du pire.



Le cerveau humain, tel qu’il est, ne pouvait naître que dans un contexte d’étroites et d’intenses relations sociales ; il en porte la marque.



Nous ne sommes complets que quand nous sommes morts, quand il n’y a plus rien à ajouter à nos vies.
Quand celles-ci se figent en un bloc rigide, définitif.






P. Laranco.


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