Le monde est d’une
complexité qui défie l’entendement humain. Tant celui de notre « sens
commun », du reste, que celui de notre logique…
En même temps qu’il
voyait l’émergence d’extraordinaires découvertes scientifiques (notamment dans
le domaine des sciences physiques), le XXe siècle a vu notre titanesque effort
cognitif buter sur un défi colossal : celui de la complexité. Alors même
que ce qu’il cherchait, lui, c’était aller vers le « point oméga » de
la simplicité ultime !
A toute chose, il y a
rarement explication qui soit unique.
La réalité des objets,
des phénomènes, des perceptions n’est – à ce qu’il semble – pas autre chose
qu’un vaste chatoiement.
Le cerveau humain –
qui est pourtant, d’après toutes les constatations de ceux qui l’étudient –
l’entité la plus complexe de l’Univers, n’en déteste pas moins la
complication !
Est-ce à dire que
l’Homme, dans le seul but de se « faciliter la vie », se serait doté
de l’un des organes les plus étranges, les plus difficiles à comprendre ?
Faire baigner les gens
dans un perpétuel état (et état d’esprit) de « fun » et de détente,
les enraciner dans la culture, la société des loisirs et de la
« jouissance sans entraves » est une stratégie remarquablement
payante non seulement en termes d’incitation à la consommation de masse, mais
encore en termes de nouvelle forme d’abrutissement des individus.
Rien de tel que
l’hédonisme, que l’addiction à l’évasion dans les loisirs (loisirs, au reste,
bien entendu, soigneusement adaptés au but que les décideurs libéraux veulent
atteindre, dûment sous contrôle) pour vous détourner de toute réflexion sur le
système en place et donc, de tout éventuel réflexe de
« résistance » !
Méfions-nous du besoin
d’affirmation de soi, contrôlons-le.
N’oublions pas qu’il
peut, poussé jusqu’à un certain point, générer une foule de problèmes entre soi
et les autres, tels, par exemple, le non-respect et les conflits.
On parle beaucoup de
« conscience de soi » ; que ne parle-t-on aussi de
« conscience de ce qui nous relie à un ensemble plus large » !
L'Homme s'imagine souvent juger, alors qu'il ne fait que jauger.
Il est devenu assez
difficile de discuter avec les gens, ou tout du moins d’éviter que la moindre
discussion tourne à la polémique. Les gens ont, en effet, atteint un tel degré
de narcissisme qu’ils font, de tout, prétexte à affirmation de soi, à tentative
de « l’emporter sur l’autre ». Comment parler, comment se parler
vraiment quand on confond avoir des idées, les échanger et éblouir la galerie
en « ayant le dessus » ? Comment s’écouter quand on fait du
moindre « débat » une question d’amour-propre personnel ? Quand,
systématiquement, par esprit d’ « opposition » invétéré, on
cherche à contredire ce qu’énonce l’interlocuteur en lui adressant des
objections qui ne reposent sur aucune réflexion préalable ? Quand ce genre
de comportement devient quasiment un « tic » ?
Les harceleurs téléphoniques (plus ou moins anonymes) qui
prennent les femmes pour cibles...Quel est le problème de ces gens ? Ne
chercheraient-ils pas à "punir" les femmes de vivre leur vie, d'être
en mesure de dire "non", en un mot de se trouver, à l'intérieur de
notre vie moderne et citadine, hors de tout contrôle masculin traditionnel ?
Défoulent-ils sur des inconnues leur crainte, leur frustration, leur rancœur,
leur sentiment d'être ignorés, sous-estimés par la gent féminine, l'insupportable
colère que provoque et entretient chez eux le vide de leur vie ? Sont-ce des
déséquilibrés : pervers narcissiques, individus atteints de trouble borderline
ou de schizophrénies mal soignées ?
Sans doute y-a-t-il un peu de tout ceci.
Sans doute y-a-t-il un peu de tout ceci.
La mission de l’art –
si tant est qu’il ait une « mission », c’est de surprendre.
De sauter aux rétines,
un peu à la manière d’une grande gifle, d’un choc, pour remonter ensuite
jusqu’au cerveau et le marquer durablement, en profondeur, comme un sillon, une
ornière peut marquer la glèbe.
Parler du mal gêne les
gens. Peut-être parce qu’obscurément, ils savent que celui-ci fait pleinement
partie de la nature humaine…peut-être parce que, de manière subconsciente, ils
se sentent tous plus ou moins coupables de celui dont ils pourraient se révéler
capables – comme tout un chacun -, sans parler de celui qu’ils ont eu
l’occasion de penser, de commettre au cours de leur vie, en pleine connaissance
de cause. Nul humain n’a motif à se sentir non concerné par le mal ; nul
n’est innocent et c’est là, justement, ce qui explique ce besoin névrotique de
le maintenir à distance.
On aime s’aimer – et
comment s’aimer si l’on pense trop à cette part d’ombre que
l’on traîne ? Peut-on juger l’autre si nous savons qu’au fond nous
l’égalons en « méchanceté » ?
L’Homme n’est ni blanc
comme une pelisse de neige, ni noir comme la suie. Il est gris, point
barre ; c'est-à-dire capable du meilleur comme du pire.
Le cerveau humain, tel
qu’il est, ne pouvait naître que dans un contexte d’étroites et d’intenses
relations sociales ; il en porte la marque.
Nous ne sommes
complets que quand nous sommes morts, quand il n’y a plus rien à ajouter à nos
vies.
Quand celles-ci se
figent en un bloc rigide, définitif.
P. Laranco.
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