mercredi 19 mars 2025

Un poème de Ouhibi Khaled SAIDI.

 














ADEN ARABIE.







Ramène ta carte d'identité nationale

mais d'abord pourquoi tu veux cette lettre

ton fils travaille, va t-il à l'école...

il est mort sur la place avec les autres

moi je suis restée comme un vieil épouvantail

on m'a ramené son linge abimé et son corps

ouvert à partir des yeux que j'aimais tant

quand il me regardait souriant pour me dire

elle pense à quoi maman...

je n'ai plus de carte d'identité

Mon fils est tombé sur les dalles froides

m'a t-on dit

je ne l'ai pas vu trébucher le chéri

j'épluchais de maigres pommes de terre

en chantant un air de liberté...

j'ai sa carte avec sa photo si tu la veux

elles sont restées intactes étrange n'est ce pas!

dans ce fracas de l'âme où rien ne persiste

ni les cris ni les poings brandis haut le cœur

mon petit fougueux s'est élancé vers le feu

qui l'a refroidi si vite..

je garde aussi la carte de son père

je ne sais plus laquelle...il en avait tellement

cheminot...docker...chômeur vers la fin

comme presque tout le monde là-bas

il s'est éclipsé sous terre à côté des siens

mort à la guerre...le siècle dernier

ne me laisse pas courir derrière les mots

mon enfant j'ai le cœur feu et tu es si jeune

pour tant de poussière...

pour la lettre rédige-moi juste quelques lignes

pour la forme

cela m'aidera à porter mon fils

























Ouhibi Khaled SAIDI.

Mars 2011.




















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