LES
GRAVATS.
Je
gravis
les
gravats
nuages
de poussière –
essaims
de talc gris, las, particules de chaux,
soupirs
solidifiés
lévitations
de
plâtre
et
de chaleur griffue.
Crevasses.
Angles béants
Les
décombres
empilés
qui
me
tendent leurs
pièges.
Le
temps. Qui
paraît lent. Et
comme
cotonneux.
Le
temps qui acquiert une texture huileuse.
Brusquement,
le chaos se met à fredonner. Une espèce de chant, de murmure flûté
qui
me guide.
Et
qui ne semble pas avoir de lieu d’origine précis.
Fugacité,
faible pulsation, son d’errance.
Intermittence.
Qui
finit par se faire sifflante.
Je
gravis les gravats.
Entassés
sur la pente.
L’effervescence
de poussière me masque.
M’efface.
Elle
se referme sur le mouvement de mon corps.
Ce
sont là solfatares de poudre âcre, qui fument.
Qui,
lentement, labourent ma gorge, aveuglent mes yeux.
Pourtant,
je n’en continue pas moins
à
sinuer.
A
me faufiler, à escalader
gauchement.
A
grimper, en manquant souvent me tordre la cheville.
Je
ne cherche pas à comprendre pourquoi ces gravats béent.
Ils
me fascinent sans que le besoin de comprendre se fasse sentir.
Ils
reposent pêle-mêle, à terre, en un tas informe.
Un
immense tas qui couvre des hectares, peut-être…
Et
je respire le parfum
-hideux-
de la destruction. De l’affaissement, de la lèpre abandonnés à eux-mêmes.
Les
angles béants deviennent, brusquement, des mâchoires.
Des
mâchoires qui bâillent, claquent, tentent de m’agripper, de me mordre.
Sous
les gravats, qu’y a-t-il ?
Un
gouffre, peut-être ?
P.Laranco.
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