Le 13/04/2013, à 11h 50 sur la chaîne Discovery
Sciences : « VOYAGE DANS L’ESPACE-TEMPS AVEC MORGAN FREEMAN :
L’ETERNITE EXISTE-T-ELLE ? »
L’éternité !
Concept aussi vieux que les religions, voire même que l’humanité.
Et Morgan FREEMAN,
présentateur de cette émission documentaire scientifique, de
s’interroger : « que peuvent nous dire les sciences sur la fin des
temps ? ». Cette dernière se présentera-t-elle sous la forme
d’ « une apocalypse cosmique » ?
La question
n’est-elle pas, en dernier ressort, de savoir si l’éternité a – oui ou non –
« une fin » ?
Pour les trois
religions dites
« monothéistes », la fin du monde ne fait aucun doute.
Eh bien,
figurez-vous que, pour les scientifiques, c’est sensiblement la même chose…
Les physiciens ont,
eux aussi, échafaudé leurs propres théories.
S’il faut mettre le
mot « théorie » au pluriel, c’est qu’il y en a
« plusieurs ». Les plus connues du grand public sont celle qui prédit
que notre bien-aimé Soleil, dans quelques cinq à sept milliard d’années,
« engloutira la Terre », celle qui veut que le même soleil se trouve
un jour lui-même « englouti par un trou noir » et celle qui voit,
dans un futur il est vrai infiniment lointain, la galaxie qui nous abrite, la
Voie lactée, « entrer en collision avec une autre galaxie » (celle
d’Andromède, sa voisine).
Alors, « le
temps disparaitra-t-il dans une apocalypse ? ». Et que dire, d’autre
part, de la notion même d’ETERNITE ?
N’est-elle pas
étroitement liée à la manière dont nous pensons LE TEMPS, dont les
scientifiques l’envisagent, à savoir comme « UNE LIGNE » dont on se
demande si elle est ou non sans fin ? En d’autres termes, qui nous dit,
qui nous certifie que « le mystère de l’éternité » n’est pas
« qu’une création de notre esprit » ?
Deux anthropologues
brésiliens, VERA et CHRIS, se sont intéressés de très près à cette question
cruciale. Quid de cette « TECHNOLOGIE COGNITIVE » que constitue notre
MANIERE DE MESURER LE TEMPS ? Et, pour commencer, est-elle propre à
l’ensemble du genre humain ?
C’est dans le but
de trouver une réponse à cette interrogation que les deux chercheurs se sont
aventurés en AMAZONIE, dans la tribu amérindienne des AMANDAWA, qui habite
l’état brésilien du RONDONHA.
Demeuré isolé
extrêmement longtemps, ce groupe humain n’est entré en contact avec les
autorités du Brésil qu’en 1984. Or, la langue des Amandawa ne possède aucun mot
pour définir le temps. En lieu et place, ces gens vous parleront « de
soleil », ils évoqueront leurs deux saisons, la saison chaude et celle des
pluies.
Le temps, pour eux,
est lié à des « évènements », à des « anecdotes »,
eux-mêmes liés « aux plantations » qu’a faites un homme et/ou aux
« phénomènes naturels ».
Les gens
« racontent » le temps en fonction de souvenirs, de « petites
histoires personnelles » qui les ont marqués et qui s’inscrivent dans la
trame – plus large – des rythmes et des aléas de la nature. C’est là une vision
qui « conviendrait parfaitement à des agriculteurs »…
Pour ces
autochtones de la forêt amazonienne, un évènement n’est jamais quelque chose
qui existe en soi, sous forme, par exemple, d’une date ; il n’est défini
que par « ce qui s’est passé lors de cet évènement ».
L’idée de ligne
allant du passé vers le moment présent est inconnue, et les concepts de passé
et de futur sont inexistants. Le contraste avec notre manière de percevoir le
temps saute aux yeux.
Les calendriers et
les horloges nous ont imposé, depuis qu’ils existent, ce qu’on pourrait appeler
« une géométrie du temps ». Infiniment plus « rigide » que
la pensée temporelle des Amandawa, celle-ci est à l’origine de l’ordre
chronologique qui désormais se déploie du BIG BANG, qui est son début, jusqu’à la fin de l’Univers.
Et pourtant !
L’astrophysicienne Fotini MARCOUPOULOU « rejette la linéarité du
temps ». Elle pose la question : « d’où le temps est-il venu
avant qu’il naisse ? ».
Fotini a une
conception bien à elle, qui renvoie dos à dos les deux conceptions opposées de
la nature de l’Univers : la MECANIQUE QUANTIQUE qui, à l’échelle
subatomique, stipule qu’ « une particule peut être là et pas là au
même moment » et qu’ « il est impossible de dire si et quand
deux particules se rencontrent réellement (en sorte que « le temps ne peut
pas être une loi fondamentale de l’Univers »), et la CONCEPTION
EINSTEINIENNE, dans laquelle ESPACE ET TEMPS sont INDISSOCIABLES.
Dans son optique,
elle n’hésite pas à le dire, « ces deux concepts sont faux », et le
temps a une nature « réelle et
éternelle ».
Fotini Marcoupoulou
est de ceux qui croient en
« l’éternité du temps » et en l’idée que, même avant le Big bang, à
l’époque où « tout était concentré, rétréci en un seul point », le
temps était déjà présent, et vivait déjà sa propre vie. Selon elle, il a
toujours existé, et, donc, « il peut survivre à la disparition de
l’espace ».
Le cosmologiste
Shawn CARROLL, pour sa part, « se rend souvent dans les montagnes
californiennes pour observer le ciel illuminé par des myriades
d’étoiles ». Et il nous déclare, presque froidement : « en ce
moment, nous vivons dans un univers stable et lumineux, où les étoiles règnent
en maitresses ; mais il faut savoir que, dans 10 puissance 15 années, ce
ne sera plus du tout pareil ».
Pourquoi ?
Parce que « toutes ces étoiles consomment de l’énergie », laquelle,
tôt ou tard, va finir par s’épuiser. « Dans 10 puissance 15 années, prédit
le cosmologiste, il n’y aura plus dans l’Univers que des trous noirs, auxquels
finiront par succéder, au terme de très longues périodes de temps
supplémentaires, des nuages de fines particules qui flotteront dans
l’espace ». Ce sera alors la fin.
Shawn Carroll nous
explique qu’en 1998, les savants ont fait une découverte extraordinaire, celle
de L’ENERGIE NOIRE, laquelle est « de pression négative ». Cette
énergie remplit l’univers vide et possède « une température ». On lui
a attribué, outre le nom d’ « énergie noire », l’appellation
d’ « énergie du vide ». Ce qui signifie que « l’espace vide
n’est pas si vide que ça ». Dans l’espace vide, précise Carroll, des
particules apparaissent continuellement « à partir de rien » ou, pour
être plus exact, corrige-t-il, à partir de « toutes petites fluctuations
thermiques ». Mieux encore : notre fameux Big bang est lui-même
apparu de cette façon. En conséquence, certifie-t-il, il n’y aurait absolument
rien d’étonnant à ce qu’après la disparition, la « mort » inévitable
de notre malheureux Univers, se produise « un nouveau Big bang »,
précisément à partir d’une de ces fluctuations qui adviennent sans cesse dans
le vide quantique. On peut même, ajoute-t-il, tant qu’on y est parfaitement
imaginer que ces innombrables « fluctuations aléatoires nées du
vide » énergétique aient déjà donné lieu à une multiplicité de Big bangs,
générateurs d’autant d’ « univers parallèles ». Si bien poursuit
Carroll, qu’ « il pourrait y avoir d’autres versions de
moi-même », ou que « d’innombrables versions de nous-mêmes existeront
un jour ». On croirait de la science-fiction, non ? Pourtant, cela
prend sens dès lors qu’on envisage les choses sous un autre angle : la
question n’est-elle pas de savoir ce que signifie, au juste, le mot
« univers » ? Si cela se borne à signifier « l’ensemble de
tout ce qui existe », évidemment, le débat est clos. Mais Raphaël
POUSSEAU, en ce qui le concerne, serait enclin à voir les choses d’une toute
autre façon : « nous [à savoir notre Univers dans son ensemble]
pourrions être une partie d’un ensemble beaucoup plus grand », qu’il
appelle « LE MULTIVERS », et dont l’immensité nous interdirait
totalement et à jamais de le percevoir.
Afin d’illustrer
son propos, de le rendre plus parlant à nos sens, Pousseau nous montre une
SALLE ENTIEREMENT REMPLIE DE BALLONS DE BAUDRUCHE gonflés. Il nous explique que
les ballons colorés figurent les nombreux univers semblables au nôtre (parmi
lesquels le nôtre figure), cependant que la salle vide qui les contient tous représente
l’ensemble que forme leur contenant, le multivers.
Ainsi,
« l’Univers n’est peut-être pas l’ensemble de ce qui existe »,
conclut-il.
Mais cela n’est pas
tout : notre Big bang, très rapidement après sa manifestation, a été suivi
d’une INFLATION, et cette constante EXPANSION, depuis, n’a pas connu la moindre
trêve. En ce moment même, elle est encore à l’œuvre au sein de l’Univers.
D’autre part, la THEORIE DES CORDES a amené les physiciens, par le jeu des
mathématiques, à attribuer à celui-ci pas moins de « neuf dimensions, dont
six sont repliées sur elles-mêmes ».
Pour Pousseau,
« l’inflation n’étire pas forcément toutes les dimensions
spatiales », en sorte que ces dernières sont « intrinsèquement
instables ». Conséquence : il advient régulièrement que « les
ballons de baudruche éclatent ». Fort heureusement, corrige aussitôt le
spécialiste, à l’intérieur du multivers, « le taux de créations d’univers
est très supérieur au taux de leurs destructions », ce qui a pour
conséquence que « le multivers continue de grandir, à l’infini »,
sans limitations.
A ce compte-là,
pourquoi ne pas imaginer qu’il soit « éternel » ?
S’il l’est, il
demeure évident que nous ne pouvons pas le percevoir. Pour la bonne raison que
« la vitesse de la lumière nous en empêche ».
Nous restons donc
les prisonniers de notre Univers, de « la flèche du temps ». Quand
cet Univers qui, aux dires du même Pousseau, « touche à sa fin »,
« s’éteindra, le temps s’arrêtera vraiment, pour toujours ».
Mais, au reste,
qu’est-ce que le temps ? Selon certains savants, « il pourrait bien
n’être pas du tout ce que nous croyons ».
D’après la
conception habituelle, classique, le temps est « la quatrième
dimension ». Oui, mais une dimension tout de même passablement
particulière, en ce que « l’on ne peut la traverser que dans un seul
sens ». Le temps diffère des trois autres dimensions par son caractère
irréversible.
Morgan Freeman se
tourne vers un nouveau physicien, Andy STROMINGER. Ce dernier, en premier lieu,
nous parle des règles de la physique classique, encore appelées
« newtoniennes », selon lesquelles « le passé détermine le
futur ».
Puis il en vient à
mentionner le cas du « mouvement d’un pendule », qui, lui, est toujours
réversible.
Les particules
élémentaires, elles aussi, évoluent
dans une temporalité réversible qui, en revanche, à notre échelle, n’est,
comme on le sait, plus de mise. Strominger en fait le constat :
« selon les lois fondamentales de la physique moderne, tout peut être
observé, aussi bien dans un sens que dans l’autre », conformément à
« LA SYMETRIE DU TEMPS ». Il n’en reste pas moins, cependant, que le
fait qu’il se soit produit un évènement (le Big bang) à l’origine de l’Univers
nous contraint à admettre que le passé et le futur dudit Univers « n’ont
absolument rien de symétrique ».
Alors ?
Andy Strominger
nous propose son explication. Qui est pour le moins sidérante.
« Le temps
est une forme d’illusion », une « projection holographique ».
Vous m’avez bien
lue ; il ne serait pas autre chose qu’un HOLOGRAMME qui, sous la forme
d’une sorte de « CRISTAL DE GLACE », projetterait les INFORMATIONS du
futur (de la toute fin des temps, plus exactement) vers le passé.
Strominger résume
tout cela par une formule-choc, « TOUT EST DANS LE FUTUR ».
Le présent et le
passé se sont quant à eux que « des échos du futur qui se réfléchissent
sur nous » !
Cela paraît
incroyable, n’est-ce pas ?
Aussi inimaginable,
aussi fou que cela puisse sembler, Jeff DE LAXEN (de L’UNIVERSITE DE
CALIFORNIE) soutient lui aussi que « LE FUTUR EST REELLEMENT RELIE AU
PRESENT »…du moins dans le monde subatomique, où, comme chacun maintenant
le sait, « les atomes sont imprévisibles ».
Yakir AARONOV vient
renchérir, en mettant en avant « une théorie révolutionnaire », selon
laquelle, effectivement, « PASSE ET FUTUR SONT IMPLIQUES DANS LA CREATION
DU PRESENT » et, par conséquent, « équivalents ».
Vous en
doutez ? Eh bien, vous avez tort ; cette théorie est, il se trouve,
étayée par « des mesures très prudentes », menées bien entendu,
encore et toujours, « à l’échelle de l’atome ». Ces observations –
toutes plus rigoureuses les unes que les autres – réussissent à nous confirmer
« l’effet du futur sur le présent » - et même, tant qu’on y est, sur
le passé. D’où cette phrase – en apparence assez démentielle – que prononce
pourtant à haute, claire et intelligible voix l’un de nos scientifiques :
« LE PRESENT EST CREE GRÂCE A LA COMBINAISON DES EVOLUTIONS DU PASSE ET DU
FUTUR ».
Reste que cette
influence – réelle – qu’exerce l’avenir sur le moment présent est « très
faible ».
Jeff De Laxen, pour
sa part, évoque la présence d’une espèce d’ « océan dont les courants
se déplacent sans cesse du passé vers le futur, et du futur vers le
passé »…et l’appelle « destinée cosmique ». Rien que ça !
Mais un autre
spécialiste, l’américain Tom BANKS, choisit, lui, d’aborder un autre point, et
non des moindres dans l’optique de notre propos, celui de déterminer, de savoir
« quelle est la limite de nos connaissances ? ».
La réponse, il l’a,
d’ailleurs : planté sur le sable d’une plage, sous un ciel bleu rayé de
nuages blancs et face à une mer plutôt tumultueuse, il nous assène que, d’un
point de vue strictement scientifique, « L’UNIVERS EST BEAUCOUP TROP GRAND
POUR QU’ON PUISSE LE MESURER ».
A cela, une raison
qu’il se hâte, judicieusement, de nous faire remarquer : non
seulement l’Univers qui nous entoure et
nous contient s’étend constamment dans l’espace, mais, cela va de soi,
« il s’agrandit aussi dans le temps ». De surcroît, notre unique
moyen de mesurer l’Univers est la LUMIERE.
Banks nous assure
qu’à ce compte-là, « CONNAITRE TOUT CE QU’IL Y A A SAVOIR EQUIVAUT A
RECUEILLIR UNE QUANTITE ASTRONOMIQUE DE DONNEES ».
Cette quantité, il
se trouve qu’il a réussi à la calculer ; elle se monte à un nombre qui
défie l’imagination : 10 à la puissance 10 à la puissance 123 !
Autant dire, dans de telles conditions, que « LA FIN DE NOTRE UNIVERS
POURRAIT SE PRODUIRE AVANT QUE L’ON PUISSE FINIR DE COLLECTER LES INFORMATIONS
NECESSAIRES »…
Cela est dit, de
manière vigoureuse, définitive : « LES LOIS DE LA PHYSIQUE
ELLES-MÊMES NOUS EMPÊCHENT DE SAVOIR COMBIEN IL Y A D’ATOMES DANS
L’UNIVERS ». De ce fait, on se convaincra sans peine qu’ « il
n’y a aucun espoir qu’une civilisation puisse jamais mesurer toute
l’information contenue dans l’Univers depuis son début jusqu’à sa fin ».
« Dur constat
», fait, là-dessus, remarquer, avec gravité, Morgan Freeman.
Eh oui, « nous
n’avons pas le droit de nous attendre à comprendre un jour tout ce qu’il y a à
comprendre » ! Notre nature avide de savoir, d’explications, est
condamnée, d’avance, dans ce domaine-là, à se heurter à l’échec.
Conclusion :
la question « le temps prendra-t-il fin ? » s’apparente fort à
un faux problème.
« Nous ne le
saurons peut-être jamais », se risque à conjecturer, fort prudemment et
fort sagement, le célèbre acteur-présentateur.
De toutes façons,
les savants n’en continueront pas moins à penser, à « réfléchir » de
toutes leurs forces, et tant qu’ils en auront.
Car telle est leur
nature d’Homme. De primate hautement curieux. Une nature que rien n’arrête.
P. Laranco.
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