mardi 11 juin 2013

Un documentaire scientifique sur L’ÉTERNITÉ.

Le 13/04/2013, à 11h 50 sur la chaîne Discovery Sciences : « VOYAGE DANS L’ESPACE-TEMPS AVEC MORGAN FREEMAN : L’ETERNITE EXISTE-T-ELLE ? »


L’éternité ! Concept aussi vieux que les religions, voire même que l’humanité.
Et Morgan FREEMAN, présentateur de cette émission documentaire scientifique, de s’interroger : « que peuvent nous dire les sciences sur la fin des temps ? ». Cette dernière se présentera-t-elle sous la forme d’ « une apocalypse cosmique » ?
La question n’est-elle pas, en dernier ressort, de savoir si l’éternité a – oui ou non – « une fin » ?
Pour les trois religions  dites « monothéistes », la fin du monde ne fait aucun doute.
Eh bien, figurez-vous que, pour les scientifiques, c’est sensiblement la même chose…
Les physiciens ont, eux aussi, échafaudé leurs propres théories.
S’il faut mettre le mot « théorie » au pluriel, c’est qu’il y en a « plusieurs ». Les plus connues du grand public sont celle qui prédit que notre bien-aimé Soleil, dans quelques cinq à sept milliard d’années, « engloutira la Terre », celle qui veut que le même soleil se trouve un jour lui-même « englouti par un trou noir » et celle qui voit, dans un futur il est vrai infiniment lointain, la galaxie qui nous abrite, la Voie lactée, « entrer en collision avec une autre galaxie » (celle d’Andromède, sa voisine).
Alors, « le temps disparaitra-t-il dans une apocalypse ? ». Et que dire, d’autre part, de la notion même d’ETERNITE ?
N’est-elle pas étroitement liée à la manière dont nous pensons LE TEMPS, dont les scientifiques l’envisagent, à savoir comme « UNE LIGNE » dont on se demande si elle est ou non sans fin ? En d’autres termes, qui nous dit, qui nous certifie que « le mystère de l’éternité » n’est pas « qu’une création de notre esprit » ?
Deux anthropologues brésiliens, VERA et CHRIS, se sont intéressés de très près à cette question cruciale. Quid de cette « TECHNOLOGIE COGNITIVE » que constitue notre MANIERE DE MESURER LE TEMPS ? Et, pour commencer, est-elle propre à l’ensemble du genre humain ?
C’est dans le but de trouver une réponse à cette interrogation que les deux chercheurs se sont aventurés en AMAZONIE, dans la tribu amérindienne des AMANDAWA, qui habite l’état brésilien du RONDONHA.
Demeuré isolé extrêmement longtemps, ce groupe humain n’est entré en contact avec les autorités du Brésil qu’en 1984. Or, la langue des Amandawa ne possède aucun mot pour définir le temps. En lieu et place, ces gens vous parleront « de soleil », ils évoqueront leurs deux saisons, la saison chaude et celle des pluies.
Le temps, pour eux, est lié à des « évènements », à des « anecdotes », eux-mêmes liés « aux plantations » qu’a faites un homme et/ou aux « phénomènes naturels ».
Les gens « racontent » le temps en fonction de souvenirs, de « petites histoires personnelles » qui les ont marqués et qui s’inscrivent dans la trame – plus large – des rythmes et des aléas de la nature. C’est là une vision qui « conviendrait parfaitement à des agriculteurs »…
Pour ces autochtones de la forêt amazonienne, un évènement n’est jamais quelque chose qui existe en soi, sous forme, par exemple, d’une date ; il n’est défini que par « ce qui s’est passé lors de cet évènement ».
L’idée de ligne allant du passé vers le moment présent est inconnue, et les concepts de passé et de futur sont inexistants. Le contraste avec notre manière de percevoir le temps saute aux yeux.
Les calendriers et les horloges nous ont imposé, depuis qu’ils existent, ce qu’on pourrait appeler « une géométrie du temps ». Infiniment plus « rigide »  que la pensée temporelle des Amandawa, celle-ci est à l’origine de l’ordre chronologique qui désormais se déploie du BIG BANG, qui est son début,  jusqu’à la fin de l’Univers.
Et pourtant ! L’astrophysicienne Fotini MARCOUPOULOU « rejette la linéarité du temps ». Elle pose la question : « d’où le temps est-il venu avant qu’il naisse ? ».
Fotini a une conception bien à elle, qui renvoie dos à dos les deux conceptions opposées de la nature de l’Univers : la MECANIQUE QUANTIQUE qui, à l’échelle subatomique, stipule qu’ « une particule peut être là et pas là au même moment » et qu’ « il est impossible de dire si et quand deux particules se rencontrent réellement (en sorte que « le temps ne peut pas être une loi fondamentale de l’Univers »), et la CONCEPTION EINSTEINIENNE, dans laquelle ESPACE ET TEMPS sont INDISSOCIABLES.
Dans son optique, elle n’hésite pas à le dire, « ces deux concepts sont faux », et le temps  a une nature « réelle et éternelle ».
Fotini Marcoupoulou est de ceux qui croient  en « l’éternité du temps » et en l’idée que, même avant le Big bang, à l’époque où « tout était concentré, rétréci en un seul point », le temps était déjà présent, et vivait déjà sa propre vie. Selon elle, il a toujours existé, et, donc, « il peut survivre à la disparition de l’espace ».
Le cosmologiste Shawn CARROLL, pour sa part, « se rend souvent dans les montagnes californiennes pour observer le ciel illuminé par des myriades d’étoiles ». Et il nous déclare, presque froidement : « en ce moment, nous vivons dans un univers stable et lumineux, où les étoiles règnent en maitresses ; mais il faut savoir que, dans 10 puissance 15 années, ce ne sera plus du tout pareil ».
Pourquoi ? Parce que « toutes ces étoiles consomment de l’énergie », laquelle, tôt ou tard, va finir par s’épuiser. « Dans 10 puissance 15 années, prédit le cosmologiste, il n’y aura plus dans l’Univers que des trous noirs, auxquels finiront par succéder, au terme de très longues périodes de temps supplémentaires, des nuages de fines particules qui flotteront dans l’espace ». Ce sera alors la fin.
Shawn Carroll nous explique qu’en 1998, les savants ont fait une découverte extraordinaire, celle de L’ENERGIE NOIRE, laquelle est « de pression négative ». Cette énergie remplit l’univers vide et possède « une température ». On lui a attribué, outre le nom d’ « énergie noire », l’appellation d’ « énergie du vide ». Ce qui signifie que « l’espace vide n’est pas si vide que ça ». Dans l’espace vide, précise Carroll, des particules apparaissent continuellement « à partir de rien » ou, pour être plus exact, corrige-t-il, à partir de « toutes petites fluctuations thermiques ». Mieux encore : notre fameux Big bang est lui-même apparu de cette façon. En conséquence, certifie-t-il, il n’y aurait absolument rien d’étonnant à ce qu’après la disparition, la « mort » inévitable de notre malheureux Univers, se produise « un nouveau Big bang », précisément à partir d’une de ces fluctuations qui adviennent sans cesse dans le vide quantique. On peut même, ajoute-t-il, tant qu’on y est parfaitement imaginer que ces innombrables « fluctuations aléatoires nées du vide » énergétique aient déjà donné lieu à une multiplicité de Big bangs, générateurs d’autant d’ « univers parallèles ». Si bien poursuit Carroll, qu’ « il pourrait y avoir d’autres versions de moi-même », ou que « d’innombrables versions de nous-mêmes existeront un jour ». On croirait de la science-fiction, non ? Pourtant, cela prend sens dès lors qu’on envisage les choses sous un autre angle : la question n’est-elle pas de savoir ce que signifie, au juste, le mot « univers » ? Si cela se borne à signifier « l’ensemble de tout ce qui existe », évidemment, le débat est clos. Mais Raphaël POUSSEAU, en ce qui le concerne, serait enclin à voir les choses d’une toute autre façon : « nous [à savoir notre Univers dans son ensemble] pourrions être une partie d’un ensemble beaucoup plus grand », qu’il appelle « LE MULTIVERS », et dont l’immensité nous interdirait totalement et à jamais de le percevoir.
Afin d’illustrer son propos, de le rendre plus parlant à nos sens, Pousseau nous montre une SALLE ENTIEREMENT REMPLIE DE BALLONS DE BAUDRUCHE gonflés. Il nous explique que les ballons colorés figurent les nombreux univers semblables au nôtre (parmi lesquels le nôtre figure), cependant que la salle vide qui les contient tous représente l’ensemble que forme leur contenant, le multivers.
Ainsi, « l’Univers n’est peut-être pas l’ensemble de ce qui existe », conclut-il.
Mais cela n’est pas tout : notre Big bang, très rapidement après sa manifestation, a été suivi d’une INFLATION, et cette constante EXPANSION, depuis, n’a pas connu la moindre trêve. En ce moment même, elle est encore à l’œuvre au sein de l’Univers. D’autre part, la THEORIE DES CORDES a amené les physiciens, par le jeu des mathématiques, à attribuer à celui-ci pas moins de « neuf dimensions, dont six sont repliées sur elles-mêmes ».
Pour Pousseau, « l’inflation n’étire pas forcément toutes les dimensions spatiales », en sorte que ces dernières sont « intrinsèquement instables ». Conséquence : il advient régulièrement que « les ballons de baudruche éclatent ». Fort heureusement, corrige aussitôt le spécialiste, à l’intérieur du multivers, « le taux de créations d’univers est très supérieur au taux de leurs destructions », ce qui a pour conséquence que « le multivers continue de grandir, à l’infini », sans limitations.
A ce compte-là, pourquoi ne pas imaginer qu’il soit « éternel » ?
S’il l’est, il demeure évident que nous ne pouvons pas le percevoir. Pour la bonne raison que « la vitesse de la lumière nous en empêche ».
Nous restons donc les prisonniers de notre Univers, de « la flèche du temps ». Quand cet Univers qui, aux dires du même Pousseau, « touche à sa fin », « s’éteindra, le temps s’arrêtera vraiment, pour toujours ».
Mais, au reste, qu’est-ce que le temps ? Selon certains savants, « il pourrait bien n’être pas du tout ce que nous croyons ».
D’après la conception habituelle, classique, le temps est « la quatrième dimension ». Oui, mais une dimension tout de même passablement particulière, en ce que « l’on ne peut la traverser que dans un seul sens ». Le temps diffère des trois autres dimensions par son caractère irréversible.
Morgan Freeman se tourne vers un nouveau physicien, Andy STROMINGER. Ce dernier, en premier lieu, nous parle des règles de la physique classique, encore appelées « newtoniennes », selon lesquelles « le passé détermine le futur ».
Puis il en vient à mentionner le cas du « mouvement d’un pendule », qui, lui, est toujours réversible.
Les particules élémentaires, elles aussi, évoluent dans une temporalité réversible qui, en revanche, à notre échelle, n’est, comme on le sait, plus de mise. Strominger en fait le constat : « selon les lois fondamentales de la physique moderne, tout peut être observé, aussi bien dans un sens que dans l’autre », conformément à « LA SYMETRIE DU TEMPS ». Il n’en reste pas moins, cependant, que le fait qu’il se soit produit un évènement (le Big bang) à l’origine de l’Univers nous contraint à admettre que le passé et le futur dudit Univers « n’ont absolument rien de symétrique ».
Alors ?
Andy Strominger nous propose son explication. Qui est pour le moins sidérante.
« Le temps est une forme d’illusion », une « projection holographique ».
Vous m’avez bien lue ; il ne serait pas autre chose qu’un HOLOGRAMME qui, sous la forme d’une sorte de « CRISTAL DE GLACE », projetterait les INFORMATIONS du futur (de la toute fin des temps, plus exactement) vers le passé.
Strominger résume tout cela par une formule-choc, « TOUT EST DANS LE FUTUR ».
Le présent et le passé se sont quant à eux que « des échos du futur qui se réfléchissent sur nous » !
Cela paraît incroyable, n’est-ce pas ?
Aussi inimaginable, aussi fou que cela puisse sembler, Jeff DE LAXEN (de L’UNIVERSITE DE CALIFORNIE) soutient lui aussi que « LE FUTUR EST REELLEMENT RELIE AU PRESENT »…du moins dans le monde subatomique, où, comme chacun maintenant le sait, « les atomes sont imprévisibles ».
Yakir AARONOV vient renchérir, en mettant en avant « une théorie révolutionnaire », selon laquelle, effectivement, « PASSE ET FUTUR SONT IMPLIQUES DANS LA CREATION DU PRESENT » et, par conséquent, « équivalents ».
Vous en doutez ? Eh bien, vous avez tort ; cette théorie est, il se trouve, étayée par « des mesures très prudentes », menées bien entendu, encore et toujours, « à l’échelle de l’atome ». Ces observations – toutes plus rigoureuses les unes que les autres – réussissent à nous confirmer « l’effet du futur sur le présent » - et même, tant qu’on y est, sur le passé. D’où cette phrase – en apparence assez démentielle – que prononce pourtant à haute, claire et intelligible voix l’un de nos scientifiques : « LE PRESENT EST CREE GRÂCE A LA COMBINAISON DES EVOLUTIONS DU PASSE ET DU FUTUR ».
Reste que cette influence – réelle – qu’exerce l’avenir sur le moment présent est « très faible ».
Jeff De Laxen, pour sa part, évoque la présence d’une espèce d’ « océan dont les courants se déplacent sans cesse du passé vers le futur, et du futur vers le passé »…et l’appelle « destinée cosmique ». Rien que ça !
Mais un autre spécialiste, l’américain Tom BANKS, choisit, lui, d’aborder un autre point, et non des moindres dans l’optique de notre propos, celui de déterminer, de savoir « quelle est la limite de nos connaissances ? ».
La réponse, il l’a, d’ailleurs : planté sur le sable d’une plage, sous un ciel bleu rayé de nuages blancs et face à une mer plutôt tumultueuse, il nous assène que, d’un point de vue strictement scientifique, « L’UNIVERS EST BEAUCOUP TROP GRAND POUR QU’ON PUISSE LE MESURER ».
A cela, une raison qu’il se hâte, judicieusement, de nous faire remarquer : non seulement  l’Univers qui nous entoure et nous contient s’étend constamment dans l’espace, mais, cela va de soi, « il s’agrandit aussi dans le temps ». De surcroît, notre unique moyen de mesurer l’Univers est la LUMIERE.
Banks nous assure qu’à ce compte-là, « CONNAITRE TOUT CE QU’IL Y A A SAVOIR EQUIVAUT A RECUEILLIR UNE QUANTITE ASTRONOMIQUE DE DONNEES ».
Cette quantité, il se trouve qu’il a réussi à la calculer ; elle se monte à un nombre qui défie l’imagination : 10 à la puissance 10 à la puissance 123 ! Autant dire, dans de telles conditions, que « LA FIN DE NOTRE UNIVERS POURRAIT SE PRODUIRE AVANT QUE L’ON PUISSE FINIR DE COLLECTER LES INFORMATIONS NECESSAIRES »…
Cela est dit, de manière vigoureuse, définitive : « LES LOIS DE LA PHYSIQUE ELLES-MÊMES NOUS EMPÊCHENT DE SAVOIR COMBIEN IL Y A D’ATOMES DANS L’UNIVERS ». De ce fait, on se convaincra sans peine qu’ « il n’y a aucun espoir qu’une civilisation puisse jamais mesurer toute l’information contenue dans l’Univers depuis son début jusqu’à sa fin ».
« Dur constat  », fait, là-dessus, remarquer, avec gravité, Morgan Freeman.
Eh oui, « nous n’avons pas le droit de nous attendre à comprendre un jour tout ce qu’il y a à comprendre » ! Notre nature avide de savoir, d’explications, est condamnée, d’avance, dans ce domaine-là, à se heurter à l’échec.
Conclusion : la question « le temps prendra-t-il fin ? » s’apparente fort à un faux problème.
« Nous ne le saurons peut-être jamais », se risque à conjecturer, fort prudemment et fort sagement, le célèbre acteur-présentateur.
De toutes façons, les savants n’en continueront pas moins à penser, à « réfléchir » de toutes leurs forces, et tant qu’ils en auront.
Car telle est leur nature d’Homme. De primate hautement curieux. Une nature que rien n’arrête.




P. Laranco.

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