Il n’est que deux
types de lieux où les fantômes viennent nous visiter : les songes et les
souvenirs.
Mais ils y sont
parfois aussi présents que s’ils revenaient effectivement dans la vie réelle !
Le temps viendra-t-il
un jour où le Français prendra enfin conscience que « s’opposer », « résister »
à sa manière cabocharde, « astérixienne » aux évolutions qui touchent
en ce moment même l’ensemble du monde n’est en rien une marque de « personnalité »,
de « caractère », encore moins d’ "humanisme " et/ou d’ "esprit
révolutionnaire ", mais plutôt de refus (grave, périlleux) de s’adapter,
de se remettre en question, lui-même marque d’un immobilisme de peuple « sur la
défensive » ? Cette attitude n’est-elle pas la pire des impasses
mentales ? N’est-ce pas, en fin de compte, elle que Manuel BARROSO
pointait du doigt en qualifiant les Français de « réactionnaires » ?
La rigidité de cette fixation si contraire à l’intelligence ne finira-t-elle
pas par pousser la France dans les bras de l’extrême droite ?
Les gens sont « méchants »
le plus souvent parce qu’ils souffrent, à des degrés divers. Quand ils ne souffrent
pas des séquelles de graves atteintes, de graves traumatismes, ils souffrent,
beaucoup plus bêtement, de manque, de frustration.
Le plus fréquemment,
leur manque porte sur leur désir effréné, invétéré de « reconnaissance »,
sur leur pulsion perpétuelle d’ « affirmation de soi ».
La seule façon de
contrer, en l’Homme, cette fâcheuse mais naturelle tendance à la « méchanceté »
- hors les exercices spirituels conduisant au détachement du moi et du monde –
est l’empathie. Se mettre à la place de l’autre, en effet, vous relie au
restant de l’univers.
« Que ferais-tu,
que penserais-tu si tu étais lui/elle ? », voilà la question qui,
peut-être, seule, retient de juger, de condamner, de rejeter…et de se sentir
supérieur.
Le culte de l’affirmation
de soi rend les gens aveugles à leurs propres manquements et, souvent, à cause
de ça, les empêche d’évoluer. Il encourage la mauvaise foi et donc, plombe la
communication interhumaine.
L’Homme est une mare
de bêtise boueuse où surnagent quelques pépites d’intelligence. Ces pépites, il
faut sans cesse essayer de les identifier, puis de les pêcher en nous. De les
extirper du magma pâteux où elles se trouvent engluées ; prisonnières.
L’Homme cherche la
vérité…mais, par ailleurs, a « un gros problème » avec elle.
Comment trouver le
vrai lorsqu’on ne sait même pas se regarder en face ?
A force de donner des
libertés et encore plus de libertés aux gens, n’ouvre-t-on pas une sorte de
tonneau des Danaïdes en ouvrant totalement les vannes du désir et en rayant l’insatisfaction de la
carte ?
Car l’insatisfaction,
nous l’oublions trop souvent, peut être formatrice. N’apprend-elle pas à
renoncer et à prendre du recul par rapport à son désir ? N’est-ce pas elle
qui, d’après les constatations des psychologues de toutes obédiences, ouvre les
portes de la sublimation et donc, de la maîtrise de soi ?
Tels sommes-nous…Aveugles
à nos propres manques et torts dont nous noyons la perception dans le déni et
la mauvaise foi dès lors que le miroir des autres nous les renvoie…Hyper-conscients,
en revanche, plus incisifs que des rayons laser dès qu’il s’agit d’identifier
et de faire le procès de nos semblables, « pour le salut public ».
Alors que la sagesse, la raison voudraient que ce soit l’exact contraire.
Une des douces
chimères de la France : l’universalisme hexagonal.
Je trouve la volonté d’affirmation
de soi des êtres (la mienne y compris) pathétique, tant dans ses manifestations
que dans sa nature.
Aucune réflexion ne
peut prétendre à elle seule embrasser la complexité des choses. Celle-ci est si
énorme, si désespérément monstrueuse que la réflexion la plus aboutie, la plus
brillante ne sera jamais, au mieux, qu’un exercice incomplet, tronqué d’analyse
et/ou de synthèse.
P.
Laranco.
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