mardi 18 novembre 2014

Un texte de l'écrivain et journaliste guadeloupéen Alex URI : LA PEUR DU PÉLICAN.


« De votre colère, protégez notre île ».
Je suis comme un pélican effrayé par le ciel bleu d’azur qui s’assombrit sur les cimes de la montagne
Les collines disparaissent sous des nuages protubérants
Je regarde la poussière qui saupoudre le vert d’émeraude, tapissant les plantations.
Je n’aperçois plus les chutes d’eau qui font jouir le volcan.
Je me prosterne sur le rivage d’où je peux tout voir et mes genoux s’enfoncent dans le sable.
En relevant la tête, je repère au loin cette masse visqueuse, fumeuse et rougeoyante, déchirant le flanc fissuré d’un cratère qui crache et vomit sa rage.
Le soleil interroge. Il est midi. Les cloches sonnent. Les klaxons ont perdu la raison. Les paroles sont des cris. Les rues prennent des allures de carnaval. Il y a des enfants qui pleurent. Les cochons domestiques s’évadent. Les chiens, les chats, les vaches aussi. Les cabris du temple indien s’éclipsent. Sauve-qui-peut !
Le cauchemar de la catastrophe multiplie ses visages de désolation et toutes ses beautés tropicales ont des mines patibulaires
Il y a ce manguier centenaire qui m’interpelle et je m’y abrite, bénéficiant de la brise de mer qui m’apaise. Le souffle, c’est l’espérance.
Je crois fermement que le Tout-Puissant peut tout arrêter et que le Très Miséricordieux a la clé du pardon.
Agenouillé, le front collé sur les racines de cet arbre, mon lien avec le ciel, j’implore.
Une nuée de papillons fait un cercle autour de nous. 
Trois colombes, accompagnées d’un homme oiseau, surgissent de la Pointe à zombi. Ils font avec des milliers d’espèces paradisiaques, un immense anneau autour de l’île aux belles eaux. Et le volcan s’essouffle, c’est l’heure de l’Angélus. Cet archipel de verdure sous les Tropiques peut enfin connaître la paix et le bonheur mais aussi le retour de ces pélicans.









Alex J. URI

in Les rêveries tropicales
Paris le 14-17 novembre 2014

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