dimanche 28 décembre 2014

Quelques considérations...

La vie d’un être humain, c’est celle d’un funambule somnambule.
Il dort, pour ne surtout pas voir qu’il suit la ligne tendue et quasiment sans épaisseur d’un fil que, seuls, les gouffres cernent.
Il dort pour que l’équilibre précaire de son corps ne lui soit point révélé.
Il esquive ainsi le vertige et conserve, donc, toute son assurance.
Il avance, mettant toute sa foi en ses pieds, ainsi qu’en le long balancier perpendiculaire qu’il serre au creux de ses paumes.
Surtout, ne criez pas : vous risqueriez de briser toute cette fragile magie !








Les gens aiment les préjugés : ceux-ci ont la vertu de simplifier leur vision du monde.
En conséquence, c’est bec et ongles qu’ils s’y accrochent.








Les gens n’aiment pas réfléchir – parce que réfléchir leur fait peur. Ils préfèrent, de beaucoup, adhérer et s’accrocher à des certitudes toutes faites – même (souvent) rocambolesques plutôt que de regarder en pleine face tout ce qui les gêne en le modèle et surtout, en eux.
Ils ont besoin d’espoir aveugle, de certitudes, de prêt-à-penser, de talismans. Se convaincre –jusqu’à la moelle – de ce qui les arrange n’est-il pas leur principal souci ?
En un sens, nous ne sommes tous qu’un troupeau de moutons fous mais, bien sûr, à multiples délires.








Le Temps est un concept qui rend compte du changement, de l’évolution que subissent les choses. Toutes éclosent, pour, plus ou moins progressivement, se dégrader, s’user, avancer vers leur propre autodestruction. Cela a-t-il un sens ?
Est-il logique d’accéder à l’existence non pour suivre le chemin de la progression, mais celui du fléchissement, et de l’amoindrissement, de la perte, jusqu’à ce que disparition s’ensuive ?
Une plaque de rouille, une poutre de bois vermoulue, une rose qui se flétrit, des fissures qui apparaissent en plein milieu d’un pourtant solide mur, des pavés boursouflés, disjoints ou des marches d’escalier creusées en leur centre et, le long de leurs bord, gauchies…Des rides qui se mettent à sillonner le modelé autrefois ferme, parfait d’un visage, des cheveux épais, bien fournis qui dégarnissent pourtant des crânes au profit de misérables croissants dotés d’une teinte de neige sale.
Nous avons choisi d’appeler cela le Temps, mais ce n’est jamais là qu’un mot.
Non, j’ose le dire, à mon très humble avis, le Temps ne passe pas. Ce sont les choses, les êtres qui changent, se dégradent, trahissent, s’auto-trahissent ; le Temps ne passe pas ; c’est le Chaos, plutôt, qui sape, qui met toujours en échec la volonté d’ordre, d’équilibre, d’harmonie.
Le « tissu » de l’espace cosmique est lui-même tiré, animé par un mouvement d’expansion qui fait qu’à sa surface, tout bouge. Quoi d’étonnant, donc, à ce que « le Temps » en fasse partie intégrante ?








La plupart des faits humains se résument à deux mots : dominance, pouvoir.









L’éphémère est peut-être dû à une indécision des choses. Les émaner pour les modifier et/ou les annuler – en si peu de temps…N’est-ce pas, en quelque sorte, une façon de les maintenir à l’état d’esquisse ; de les remettre en cause sans répit, sous l’effet de quelque hésitation, de quelque doute ?
De nous les faire apparaître pour ce qu’elles pourraient bien être, en dernier ressort : de la poudre aux yeux ?








Certains êtres résident à l’intérieur de coques ou de carapaces : les noix, les tortues, par exemple. Mais nous-autres sommes également équipés d’enveloppes. Le matériau de nos coques et de nos carapaces à nous, parfaitement transparent, parfaitement invisible à l’œil nu, c’est notre solitude.









La lucidité est-elle une tentation – voire une tentative – de transpercer les choses ?
N’essaierait-elle pas, d’une certaine façon, de suppléer à la position de recul, à l’implacable distanciation qu’instaure parmi nous l’intrusion de la conscience humaine ?
La conscience, émanation de notre cerveau, produit et résultat de notre capacité à réfléchir et à se réfléchir est, ne l’oublions pas, une forme de séparation, une perte d’intimité avec les choses qui nous baignent (nous-mêmes compris) ; en ce sens, elle aurait presque de quoi faire penser à une forme d’exil.
Car elle – et elle seule – en arrive à se demander – à demander : « qu’est-ce qu’ÊTRE ? » et, par conséquent, à essayer de sonder l’opacité repue, perdue.








Être peut, semble-t-il, parfaitement se passer du sentiment d’être, de ce qu’on nomme encore la conscience. Le contraire, en revanche, me parait nettement moins envisageable.








Le monde n’est, peut-être, qu’une gigantesque inconscience à laquelle nous essayons de tendre un étrange et micro miroir.
Ressentirait-il un besoin confus de dépasser le stade de l’être et de l’agir bruts, pour, en quelque sorte, « s’auto-vérifier » ? Sait-il qu’il est ou, à tout le moins, le sait-il de façon suffisante ?
La réalité serait elle, d’un certain point de vue, en proie à une « crise » de doute, d’incertitude ?








C’est notre cerveau – cet assemblage compliqué de neurones, d’axones, de synapses, de glie, de circulations électrochimiques et tutti quanti – qui cherche et fabrique du SENS.
Méfions-nous… méfions-nous, même de la logique…et des mathématiques !
Méfions-nous même de l’ordinateur, qui n’est qu’une réplique (incomplète et utilitaire) de notre bloc cérébral !
Car chercher et bâtir du sens à tout prix sont-il une démarche indispensable, une démarche qui va de soi, à un niveau autre que celui de l’Homme ? Une démarche vraiment indépendante de celle que suit notre fonctionnement cérébral stricto sensu ?








Pour savoir, pour s’assurer de façon certaine (hors de tout doute, pour autant que cela s’avère possible) que nos découvertes, que nos questions, que nos modes de réflexion sont réellement ceux qu’il faut suivre, sans doute nous faudrait-il avoir la possibilité de les confronter avec ceux de civilisations « intelligentes » mais non humaines. Car, depuis les découvertes d’Albert Einstein, nous savons que tout obéit à la relativité.
Qu’attendent (s’ils existent ou s’ils ne sont pas trop loin de nous) les extraterrestres ou les extragalactiques pour se manifester ?
Nous avons tellement besoin d’eux !








Pour le croyant, le fait d’être là relève de la volonté divine.
Pour le non-croyant, cela relève plutôt de l’aléatoire, du hasard.
Pour l’adepte du multivers, notre présence ne fait que s’inscrire dans l’une des indénombrables versions des possibles, des choses qui sont réalisables.
Je ne me risquerai pas à prendre parti, ni à trancher. Qui et que suis-je pour le faire ?








Si tu prends conscience de ton caractère dérisoire ; de la dimension inimaginablement  parcellaire et limitée qui est la tienne, tu te verras vraiment tel(le) que tu es : une nanoparticule de l’immensité, de l’infini. Qui n’a guère plus d’importance que tout le reste, que tout ce qui t’entoure (que tu le « comprennes » - peut-être faussement et tout à fait partiellement ou que tu l’ignores).
Tu « penses » ; tu as conscience de certaines réalités ; et alors ?
Qu’est-ce, à l’échelle totalement hors de ta portée du multivers ?
Tu peux faire péter une planète (en l’occurrence, celle que tu habites), et alors ?
La Voie lactée n’en a que faire.
Andromède et les milliards de milliards de galaxies que tes télescopes te montrent (jusqu’aux confins de l’horizon cosmique qui est le tien) s’en balancent complètement.
Et tu oses penser, fantasmer on ne peut plus prétentieusement, que ton intelligence aurait à voir avec celle de Dieu ?
Qui t’autorise à disserter, à juger du rationnel et de l’irrationnel ? Hormis toi-même ?








Aucune religion humaine ne s’approche d’assez près de ce qu’est véritablement Dieu. Les façons de penser, de sentir, de « décréter » Dieu ne sont et ne resteront jamais qu’affaire d’Homme.








Pour moi, Dieu n’est pas amour.
Il est bien plutôt une entité créative et créatrice d’univers (univers-bulles), en fonction de tous les possibles. Peut-être, une fois chaque univers-bulle créé, se repose-t-il, dans une large mesure, sur les jeux du hasard ? Peut-être, au stade de chaque univers-bulle, « expérimente »-t-il, s’amuse-t-il ?








Il est fou.
Mais parfois, il dit la vérité.









Je crois en la question.
Et je crois dans le doute.








Connaitre quelqu’un…il n’est rien de plus malaisé.
Alors, quelle prétention, quels tombereaux d’arrogance que ceux qui mènent à juger, d’une manière en général abrupte, le caractère des gens ! Même si cela, au fond, n’a pour toute fonction que celle de rassurer.








On a du mal à parvenir à se connaitre vraiment soi-même, et à côté de ça, on prétend comprendre la manière dont fonctionnent les autres. On les juge – et en général de façon assez expéditive, superficielle sinon sévère alors même que l’on est soi-même hautement incapable de s’étudier, de voir ce qui cloche chez nous. Est-ce juste ?








Dès lors qu’ils « flairent », chez d’autres êtres, une certaine part, un certain degré de vulnérabilité et/ou de détresse, un nombre assez considérable d’individus se sentent autorisés à les agresser, à s’acharner dessus à essayer de les détruire psychologiquement, à les harceler – que sais-je encore, en bref à leur mener la vie dure. Ils ont trouvé là une beaucoup trop tentante occasion de se défouler, de démontrer qu’ils se situent bien dans le camp des « dominants », qu’ils sont des « forts ».
Non seulement c’est méprisable, lâche, dégueulasse, mais profondément animal, digne en tout et pour tout d’une troupe de chimpanzés ou de babouins.















P. Laranco.



















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