La réponse du berger
Vous me
demandez ce que je fais dans ma montagne. Seul, avec mon chien, au milieu des
bêtes. Je paresse. Pauvre comme mon vieux bâton et ne fais rien d’autre
que de jeter mes yeux de droite à gauche tout en faisant risette au soleil. Un
peu de vin, un peu de rêve au pied du cerisier en fleurs. J’écoute, je guette
le moindre bruit du vent. Tantôt c’est l’aube et la
prairie s’enflamme, tantôt c’est le crépuscule et la lune guerroie dans la
pénombre du soir. Tout en haut, au sommet des crêtes intangibles, quelques
premières étoiles timides, titillent les dernières neiges du printemps. En
fait, La grandeur est dans de ce qui existe entièrement hors de nous. Mais qui
regarde bien voit loin. Sans réfléchir, ni m’attarder, je me raccroche à cette
réalité. Ni joyeux, ni triste, si ce n’est satisfait de l’avoir croisée en
chemin sans la rechercher. Énigme du temps qui passe. Ce rien de
vivant où nous demeurons provisoirement.
Dites à ceux d’en bas, que je suis en paix et me porte bien.
Richard TAILLEFER
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