mercredi 15 mars 2017

Gillian GENEVIÈVE (Moris).

Le temps est pudique ce soir
Il se cache dans le silence
Dans les interstices de la pénombre
Dans les vers que j'écris
Dans les mots oubliés
Dans la mémoire frivole
Dans l'absence des vents
Et dans les impératifs de l'été



Il me refuse 
Le dialogue
La connivence
La rencontre
Les possibilités du savoir
De l'amitié 
De l'amour
Des illusions



Et j'ai le vertige
De l'ignorance
De la liberté
Du déterminisme absent
Du poème sans fard
De la pensée malmenée
De la strophe née du hasard
Des rêves et de l'oubli



Oui le temps est pudique ce soir
Je reste assis à mon bureau
À l'abri de la nuit incisive 
Des mensonges du jour
À l'abri de nos mœurs ridicules
Et des discours inutiles
Des verbes d'où suintent les mirages
Et les tristes farandoles de la rêverie



J'ai pris ma plume
Je l'ai trempée
Dans l'âme visqueuse 
Du réel
Du vrai
Du ciel
Et de la mer
Et je n'ai pas retrouvé le temps
Ce soir encore
Il ne me dira rien



Tant pis
Le poème seul ébrèche l'instant



Et j'écris au fil de l'ennui
Le temps à perdre et son absence.





















Gillian GENEVIÈVE


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