lundi 6 mars 2017

Un poème du jeune Peter CÉNAS (Haïti), qui nous prend aux tripes...

Sombre ville rachitique 
Ville amnésique 
Ville cadavérique 
Ville chaotique 
Ville couverte de chiques 
Ville Chimérique 




Ô Port-au-Prince 
Ville alcoolique 
Ville sans abri 
Ville sans souffle 
Ô ville de grands naufrages 




Ville vertigineuse 
Ville sans culotte 
Ville d'aboiements de chien 
Cousue de cris 
De soupirs obituaires 




Ville des nuits de grêles brûlantes 
Ville où l'on trace son souffle 
Sur des silences 
Ville de murmures 
Et de rêves pendus 
À des broches de nuages 




Ô ville tête nouée 
Ville de combats de coqs 
Ville en chaleur 
Où toutes les heures s’affaissent 
Dans un vide agitato 




Tes venelles de cendres 
Partent 
Main dans la main 
Dans les larmes d’un firmament 
En détritus épars 




Arbres vacillants 
Ruelles nues et sans refuge 
Gués de têtes 
De bras et de jambes décapités 
Aqueducs de sang 




Tu t’en vas morne 
Telle une poignée d’air indécis 
Dans l'haleine du temps 




Ô triste Ville 
Ville nue 
Ville où les rosées dansent 
Cette complainte de pluies 
Embouteillées 
Sur des tôles geignardes 




Ô ville torse au vent 
Submergée 
Raz le cou 
Dans les baves 
D’un toupet de stratus fébriles 
Ô ville sexe dénudé 
Où nos prières 
Ne montent pas aux cieux


























Peter CÉNAS

©

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