mercredi 28 juin 2017

L'APOLOGIE DE LA POÉSIE du jeune poète haïtien Peter CÉNAS.



À la différence de tout ce qu’on écrit, le poème est là où tout commence et où tout finit.


Ce qui fait du poète le créateur liminaire de ce monde sublime, féerique et prodigieusement enluminé qu’est la poésie. Libre, errant à travers ce vaste monde, il n’a que sa folie, en guise de boussole. C’est un affranchi. Mais avant tout, un artiste ; un dessinateur de lunes blanches dans la paume du ciel quand tout est noir.


Le poète n’a pas de limite. Pas de barrière. Il fait de l'imagination le seul chemin à emprunter pour se donner du sang neuf alors que la vie elle-même trébuche et dépérit. Il lui est combien difficile de devoir juste aligner des mots sans pour autant les  déformer, les tourner dans tous les sens et même parfois, les tordre avec rage. Ce qui d’ailleurs explique pourquoi les mots du poète sont toujours couverts de blessures.


En effet, il sera donc utopique au vulgum pecus de concevoir amplement ce que pèse un mot poétiquement renfermé dans un texte, un mot hors de tout contexte explicite, mais il n’en demeure pas moins que c’est en tenant compte de cette représentation subjective, mais substantielle, laquelle n'ayant pas vraiment de tournure réelle, que l’ouvrage du poète, pour ainsi dire le poème, s'écrira et se lira avec mille enthousiasmes.


En ce sens, il se révèle d’une nécessité exceptionnelle de comprendre que le travail de ce dernier a d’abord pris naissance à partir de ses libertés  imaginairement conceptrices et créatrices, ce qui est pour lui un prétexte pour se livrer, sans aucune logique, à son humeur : sa joie, sa mélancolie et  sa  folie. Un prétexte pour se vider, puis se combler selon son bon plaisir. Un prétexte surtout irréprochable pour rompre sa longe. Car un poème, c’est aussi un passage entièrement dégagé par lequel le poète peut carrément marcher en vue d’atteindre son autre bout.


Libre à lui seul de donner du sang ou du souffle à son travail.






















© Peter CÉNAS,
Port-au-Prince, Haïti. Juin 2017





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