lundi 12 juin 2017

Un texte de Richard TAILLEFER (France), extrait de son avant-dernier recueil, "POEVIE BLUES".



Mon cœur est un bazar sans index

Sur leur lit de fatigue ils guettent le chant du coq. Insondable la profondeur des âmes. Mais mon cœur n'est ni de bois ni de pierre. Sur chaque bourg s’estompent de lentes fumées et les chiens vont jappant dans les rues désertes. Encore un jour qui se lève. Je pense à ceux que j'aime et à tous ceux qui ont perdu l’essence même d'exister. Si dur est le sort des gens dont les noms ne sont plus que de simples numéros de détresse sur des registres anonymes. On a fait lever le mendiant de son banc, Square des Abbesses. On a battu l'enfant abandonné dans un bidonville de Kolkata. L'orage tombera sur un monde indifférent au monde. Oh ! Cruelles douleurs où tout et tous se dérobent. On déplore le voleur de grand chemin. Le pickpocket du métro Barbès-Rochechouart. Le corsaire des mers abordant le passant sur les anciennes routes des voies de la soie. On ignore les naufragés d’un siècle à l’agonie. On baisse les yeux sur les lèvres de toutes les prostituées. Mais qui sont les monstres ? Mon cœur n'est plus qu’une immense blessure rebelle. Le verdict détourné d’un absurde tribunal de pacotille. Dans mon lupanar des illusions perdues, ne trouveront jamais place: Vos salles boursières, vos comptoirs de banques masqués, vos guichets incongrus, vos ventes aux enchères de la misère.

Mon cœur est un bazar sans index



























Richard TAILLEFER.

In PoéVie Blues, éditions Prem’Edit, 2015.

















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