Bonjour ,
Vous le savez: les budgets publics sont en baisse. Et la forêt ne fait pas exception. D'où la tentation d'aller chercher de l'argent privé pour prendre le relai. Quitte à tripatouiller un peu le Label Bas Carbone comme est en train de le faire le gouvernement. Au risque de vendre des crédits carbone fictifs. Il nous reste 2 jours pour réagir et nous mobiliser. La démarche est très simple, mais avant tout, laissez-moi vous expliquer le fond du problème Tripatouillages autour du Label Bas Carbone Le Label Bas Carbone, vous connaissez ? Créé en 2018, ce dispositif est présenté comme un « cadre clair et exigeant » pour générer des « crédits carbone permettant de lutter contre le dérèglement climatique ». C’est du moins ce qu’affirme la ministre. Mais dès 2022, nous avons montré dans un rapport critique que ce dispositif comportait certes des points forts, mais aussi de nombreuses failles. Aujourd’hui, nous sommes à un carrefour : alors que les deux principales méthodes forestières (« boisement » et « reboisement ») viennent d’être révisées, les acteurs économiques ont fait pression sur la ministre pour qu'elle annule sa décision de validation et ouvre une nouvelle consultation. Une première inquiétante ! Pour comprendre ce qui se joue, il faut se plonger au cœur de la mécanique des crédits carbone, et plus précisément du scénario de référence : autrement dit, ce qui se serait passé si le projet n’avait pas existé. Le calcul est simple en apparence : on mesure l’écart entre ce scénario théorique et la réalité observée, puis on transforme cette différence en crédits carbone. Autrement dit : plus le scénario de référence est tiré vers le bas, plus le nombre de crédits carbone grimpe, et plus c’est intéressant pour les porteurs de projets. D’où une tentation bien connue : manipuler ce scénario de référence. Dans le cas présent, la question est de savoir si l’humain fait vraiment beaucoup mieux que la nature lorsqu’une forêt est dégradée par une tempête, un incendie ou un problème sanitaire. En d’autres termes : planter des arbres est-il réellement plus efficace que laisser agir le recru naturel ? En examinant cette question, les rapporteurs scientifiques ont montré que la différence était parfois bien mince et que le rôle du recru naturel avait été largement sous-estimé. Ce qui ne fait pas les affaires des porteurs de projets. Tout cela est détaillé dans notre enquête.
Nous alertons également sur le rôle grandissant des intermédiaires financiers, comme Time To Act Capital. Cette entreprise promet une rentabilité de 12 % à ses investisseurs, un chiffre totalement déconnecté de la réalité économique du monde forestier, où nombre d’entreprises peinent à joindre les deux bouts. Le secret ? Acheter à bas prix et en grande quantité des crédits carbone auprès d’Alliance Forêts Bois et de Fransylva, puis les revendre avec une marge confortable à de grandes entreprises. D’où la pression pour manipuler le scénario de référence et maintenir des prix artificiellement bas. Je conclurai en citant un extrait de la contribution des rapporteurs scientifiques, qui menacent de claquer la porte : « La décision d’ignorer la plus importante recommandation de nos rapports semble n’être justifiée que par la pression économique exercée par certaines parties prenantes. […] Cette logique est par principe inacceptable. »
Défendre la science contre les lobbies Une consultation publique est ouverte jusqu’au 31 août. Pour l’instant, seules quelques dizaines de contributions ont été déposées… Rien d’étonnant, puisqu’elle a été lancée en plein cœur de l’été. Quelques minutes suffisent pour y participer, mais votre contribution peut réellement peser et mettre la pression sur les pouvoirs publics. Points essentiels à souligner : À minima, un retour au scénario de référence validé pour la V3, plus exigeant que celui de la V2 ;
La convocation du Groupe scientifique et technique à l’issue de la consultation, afin qu’il rende un avis public et indépendant.
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