samedi 8 février 2014

De la philo...en vrac !

Pourquoi est-on conservateur ?
Sans doute, d’abord, par peur et par FLEMME.
Parce que le changement déstabilise. Parce qu’il demande un effort, un réel effort d’adaptation. Parce que, tous autant que nous sommes, nous sommes tous bourrelés de réflexes, d’habitudes, de préjugés, de conformismes. D’automatismes de la pensée.



Au risque de me répéter, je le dirais encore une fois : « la Francophonie » n’appartient pas à la France, ni à la culture française, encore moins à l’état français. Elle n’a pas pour vocation de dresser l’idiome dit « de Molière » contre le rayonnement international de la langue de Shakespeare. Même s’il faut absolument reconnaître et saluer l’action que mènent, sur les cinq continents, les instituts culturels français, il n’en reste pas moins que la sphère francophone doit cesser de se trouver, comme c’est encore trop souvent le cas, instrumentalisée par une France qui a le grand tort de s’être persuadée, au cours des siècles, de l’inégalable supériorité de sa culture et en a fait le prétexte d’ une très nette tendance à la xénophobie ainsi que d’une « arrogance » -elle aussi souvent signalée et déplorée à l’extérieur de l’hexagone – de « magister-pater noster » colonial façon Jules Ferry.
On peut tout à fait être francophone sans pour autant se sentir obligé d’être francophile à tout crin.
Les rapports –même ceux de domination – n’ont plus du tout le même visage : nous ne sommes plus, depuis longtemps, aux temps de l’Imperium des Romains, ni (quoique depuis moins longtemps) aux temps des empires coloniaux à l’ancienne mode, et le « prestige de la culture française » s’empoussière de plus en plus. Toutes les cultures semblent désormais avoir plus ou moins le même poids en regard de la culture mondialisée créée par les développements les plus pointus de la technologie humaine.



On ne peut pas « vivre en poésie dans une bulle – en dehors du monde ». Le monde est là. On en fait partie.
Le poète, qui aspire à un monde autre, ne doit pas être conformiste. Il ne doit pas non plus baisser les bras et s’enfoncer dans « la Poésie » comme on se mure dans une forteresse.
Sa sensibilité le condamne à « réagir » à tout ce qui l’entoure.
La poésie n’est pas « à part », ou du moins, ne devrait pas l’être.
Si elle veut l’être, alors, qu’elle ne se plaigne pas que le monde, à son tour, la rejette, l’ignore !



L’être humain est ainsi fait qu’il passe son temps à commettre des excès et à « réparer » ces derniers par des excès inverses plus grands encore. Quand possédera-t-il enfin le véritable sens de l’équilibre ?



Aucun être ne mérite qu’on l’idéalise – ou le diabolise. Mais combien difficile est-ce de nous enfoncer ceci dans le crâne !



Notre cerveau nous raconte des kyrielles de contre-vérités. Ce sont qui des illusions, qui des contes, qui des mensonges. Quoiqu’ils soient, à des degrés divers, ils nous protègent tous de la vérité, qui, toujours, nous est bien trop nue, et singulièrement trop dure.



Nous sommes à ce point enfermés dans notre propre corps, dans notre propre conscience, à ce point prisonniers, en un mot, de notre « egosystème  » (qui a, bien sûr, pour logique de défendre bec et ongles ses propres intérêts) que non seulement les conflits entre êtres humains sont inévitables mais encore l’idée même de leur absence, de leur disparition relève de l’utopie. Car chaque être humain a, de toute évidence, une nette tendance à avoir un certain mal à comprendre que ses intérêts ne sont pas forcément ceux de son vis à vis.
En dernier ressort, ce sont le rapport fort/faible et l’organisation  groupale  qui, seuls, règlent cette question épineuse.
Et je crains fort qu’il en soit ainsi tant que l’Homme n’aura pas muté.



La réalité, finalement, est une construction assez fragile.



Il n’existe pas, au monde, deux objets, ni deux événements, ni deux êtres qui soient semblables. Le « clonage », dans le plein, dans le total sens du terme paraît être une chose inconnue de la nature, étrangère à elle. Celle-ci semble avoir pour « principe » de créer, à tout coup, du nouveau, de la diversité.


Dans une société d’hyper abondance et d’hyperconsommation qui ne jure que par le confort et le plaisir, il est malvenu d’être quelqu’un qui vit une existence austère, dépouillée. On doit travailler, on doit procréer, et on a l’obligation d’être heureux à l’exacte  manière dictée par l’idéal marchand. Tout refus d’adhésion au « bonheur pour tous » et à la « positivité » béate vous marginalise.
Le « vivre mieux » est la religiosité de notre temps.



« Je t’ai nui. Ou encore j’ai tiré profit du tort qu’on t’a causé. Je ne t’en hais que davantage ». On connait cette réaction. Cette sorte de « loi psychologique ».
Pour l’Homme, le confort mental égale, en importance, le confort matériel.
Il est si pesant de se sentir coupable, et d’avoir  quelque chose à rendre, à réparer !
Alors, non seulement les victimes, les lésés subissent leur drame, mais ils ont en sus à essuyer le « malaise avec eux-mêmes », le déni, la haine redoublée de ceux qui leur ont porté atteinte.
Quelle aberrante malédiction !
Quel cercle vicieux horrible !


Rien, peut-être, n’empoisonne plus la vie d’un être humain que le sentiment de dette. Et rien, sans doute, davantage que l’excuse, ne lui coûte.
Tous deux l’atteignent, dans une proportion difficilement concevable.


Nous passons notre temps à chercher, hébétés, partout autour de nous, la « source du Mal ».
Que ne la cherchions-nous là où elle se trouve : en nous, sous la forme de l’ego, pire tyran qui soit. Source certaine de tout aveuglement, de tout refus de prendre en compte l’autre, de toute petitesse. Fléau de toujours, depuis peu devenu cancer de nos belles sociétés « modernes » !




P. Laranco.

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