FRAGMENT.
Il arrive un temps où on comprend le caractère éphémère de l'amour, tout
change, tout passe, le rapport à l'être désiré est souvent le mémoire d'une
illusion, on brûle aujourd'hui ce qu'on a vénéré hier, on s'efforce de pas
oublier aujourd'hui celle qu'on ne pouvait s'empêcher d'aimer hier. Ainsi va le
temps, ainsi sont les êtres, il n'est peut-être que dans l'espace de la
précarité, quand l'autre relève d'un possible, quand nous parvenons à
l'émouvoir, à le toucher un peu, quand il nous propose l'étreinte de l'absence
en soi, quand les mots se mêlent lors de la communion des songes, quand nous
croyons savoir, puisque sa beauté se déploie en un don, que notre présence au
monde a un sens, il n'est peut-être que là, en ce lieu, de précarité, de
fragilité consentie que l'amour est pleinement, la grâce fugueuse d'une
constellation de lumières qui nous arrache à la vacuité du temps, à
l'impermanence des êtres. Il faut donc tout vouloir et ne rien désirer, il faut
donc toujours se résigner et toujours espérer, il faut croire en un au-delà
mais tout en sachant que nul être ne peut s’y consacrer vraiment, quel est cet
être, après tout, qui sait l’ardeur de la foi, nul ne peut se libérer de la
chair du monde, il n’est donc que ce monde, il n’est que l’amour, parfois, et
le paradoxe de sa sagesse, ainsi l’amour à son paroxysme renferme son
anéantissement et cet anéantissement sert à achever sa grâce, grâce précaire et
infinie.
Umar TIMOL.
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