lundi 11 août 2014

Quelques réflexions, en vrac...

La plupart du temps sans grand ménagement, l'on juge, l'on jauge les autres...comme si cela avait le pouvoir de dispenser de se jauger, de se juger soi-même.






La poésie ne se borne pas à être une manière d'écrire, d'utiliser et de manier les mots, les tournures, les images.
C'est, avant toute autre chose, une façon de regarder, de sentir, d'appréhender le monde, et de réagir à lui.





Parfois, c'est à se demander si la meilleure façon d'être présent ne résiderait pas en... l'absence !





L'homme n'est-il pas encore que le brouillon de l'Homme ?





Pourquoi miser sur le narcissisme ? Il ne mène jamais très loin.
A vrai dire, il est assez rare qu'il mène plus loin que...le bout de notre nez !






Est-ce si raisonnable que ça de prévoir, de planifier ce que l'on va faire ?
L'imprévu et l'inattendu ne se chargent-ils pas bien souvent de nous contrecarrer, de modifier, plus ou moins subtilement, le cours des choses ? Ne nous contraignent-ils pas fréquemment à ne pas tenir compte de nos propres plans, ou à les réviser au point qu'ils en deviennent méconnaissables ?






Peut-on aimer (que ce soit d'amitié ou d'amour) une personne narcissique ? Se laisse-t-elle aimer ?
N'est-on pas, face à un tel être, automatiquement condamné(e) à une relation à sens unique ?






On est toujours un peu surpris, un peu "secoué" quand on se retrouve dans une surface réfléchissante. C'est toujours, qu'on le veuille ou non, qu'on l'avoue ou non, un petit "choc".
Pourquoi ?
Est-ce un reste, un vestige du temps où "je" était un autre ?






Les choses ne sont jamais aussi simples qu'on voudrait qu'elles le soient...et c'est très bien ainsi !





Deux univers étranges - peut-être lambeaux de dimensions parallèles : les reflets et les rêves nocturnes.





Pourquoi les gens sont-ils si peu curieux de ce qu'ils méconnaissent ? Pourquoi, au lieu d'essayer de remédier à leur ignorance par une démarche d'enrichissement, de découverte de nouvelles choses, préfèrent-ils si souvent se retrancher à toute force derrière leur statu-quo de limites, d'habitudes si bien ancrées ? Pourquoi vivent-ils leur méconnaissance de manière si crispée, si gênée, comme si, avant toute autre chose, elle portait atteinte à leur sacro-saint amour-propre ?
Pourquoi s'estiment-ils si souvent "rabaissés" lorsqu'il leur faut apprendre ?
Cette attitude les bloque; leur barre souvent tout chemin vers le perfectionnement.






La poésie est l'école buissonnière de la langue écrite.





Remplacer simplement le "r" du mot "artiste" par un "u" et vous aurez le mot "autiste" !





On aime la vie un peu comme on aime un amant volage, qui va vous quitter.





L’être humain moyen aime la force. Il aime à s’identifier aux puissants et aux vainqueurs ; ça le rassure. Cela lui donne l’impression d’être « du bon côté » et, ce faisant, ça conjure sa crainte, éventuelle, latente, d’attirer sur lui les foudres des gens de pouvoir.
Alors, il a une certaine tendance à hurler avec les loups, ne serait-ce que pour se soustraire aux « ennuis », ne serait-ce que pour continuer à mener sa vie tranquille, préservée.
Pourtant, se « victimiser » peut être parfois aussi une position avantageuse.
Il est des êtres qui le savent, qui cultivent l’art de se poser en victimes.
Cette habileté, cette forme de manipulation parfois redoutable leur permet, fort subtilement, en invoquant leurs droits et les préjudices qu’ils ont subi, de revendiquer la compassion et, ainsi, d’obtenir à peu près tout ce qu’ils veulent. Ils tendent donc à l’exploiter un maximum, et sur de longues périodes.





Sa survie et sa prépondérance planétaire, l’espèce humaine (alias Homo sapiens) ne les doit pas seulement à son intelligence, à ses facultés d’invention et d’adaptation si bien connues. Elle les doit  aussi – et dans une très large mesure – à son empathie.
Cette dernière lui a en effet permis, à l’intérieur de ses divers groupes, de « resserrer les rangs », de développer des liens de proximité si forts entre les individus qu’ils constituaient un inestimable bouclier contre le stress.
Le sentiment de pouvoir compter sur d’autres êtres, cela rassure énormément.
C’est la vie en groupe, au plus près de leurs semblables, l’union des forces, le PARTAGE d’objectifs et de préoccupations communs qui ont cimenté les Hommes, et les ont appuyés au cours de leurs efforts innombrables. Sans eux, on peut penser qu’il n’y aurait pas eu de langage, ni de culture, ni même de développement cérébral.
A la nature démesurément hostile et à leur propre condition d’êtres largement désavantagés au plan des défenses physiques, les Hommes ont opposé leur fonctionnement groupal étroit, leur solidarité native ; en somme, ils sont le fruit de la solidité de leur solidarité !





Les hommes – pour se rassurer ? – adorent prétendre que toute femme  qui sort du rôle et du cadre féminin traditionnel (passivité, effacement, affectivité débordante,  maternage, sensualité, douceur, altruisme, frivolité et mesquinerie, absence de dons créatifs, d’ambition et de goût pour le pouvoir, personnalité peu marquée…) est une « femme d’exception ».





Il y a, dans nos cultures, un véritable culte de la femme-enfant.
Est-ce à dire que la culture dominante, est-ce à dire que les hommes ne supportent pas que la femme soit, ou devienne, dans le plein sens du terme, adulte ? Est-ce à dire qu’ils ont, en un certain sens, un idéal « pédophilique » ?





Aux innombrables personnes que j’entends, à longueur de temps, proférer le sempiternel « on ne peut pas changer le monde ! », je serais tentée d’opposer « ah bon ? Pourtant, constamment, autour de nous et en nous, le monde ne change-t-il pas lui-même ? Tout immobilisme n’est-il pas, par la nature même des choses, par l’action souveraine du temps même, voué à l’échec ? ».





Dénégations, déni face à une affirmation sont souvent des réactions qui, en fait, trahissent sa vérité profonde.





On aime trop à penser que si la vie est  clémente, douce, supportable pour nous, elle l’est aussi, quasi automatiquement, pour tout un chacun. Comme ça nous arrange !





La vie intérieure, c’est à double tranchant. Elle peut tout aussi bien être un moyen de libération, de dilatation de l’être qu’un gouffre qui nous accapare, nous happe.





La vie n’est qu’une ombre glissée entre deux étaux de néant.





La dépression serait-elle une forme extrême de la lucidité ?
Serait-elle une sorte d’aboutissement…juste avant l’éveil intérieur ?





Adhérer à ce monde peut amener une sorte d’apaisement, d’équilibre. Pour autant, est-ce à dire que cela répond aux questions véritables ?





Quand il fait trop bon vivre, il peut parfois advenir que l’ennui nous guette.





Attention ! Ne jamais confondre les comportements de séduction et autres attitudes plaisantes, charmeuses, agréables en tout cas – avec de la gentillesse…et encore moins, avec une forme d’intérêt authentique, voire d’amour qu’une personne pourrait avoir pour vous !
Le monde ne manque certes pas de mirages, autour desquels notre incorrigible attente et notre espérance viennent volontiers se brûler les ailes.





Être « quelqu’un de bien », est-ce automatiquement être un bourgeois ?
Pourquoi les gens rêvent-ils à toute force de s’embourgeoiser, et assimilent-ils si volontiers le processus d’embourgeoisement, de « gentrification », à un gain en termes de statut social ?
N’est-ce pas, pour une bonne part, parce qu’il existe un réel « racisme anti-pauvres », qui associe, de façon presque réflexe, valeur humaine et progrès, civilisation à sophistication, et donc à élite, à argent et à pouvoir ?
Le « Bien » du côté des nantis, le « Mal » du côté des démunis…au fond, c’est cela, le schéma, si l’on veut bien regarder les choses.





On vit sur deux plans : le plan émotionnel, et le plan intellectuel.
Le problème est que ces deux modes d’être ont parfois – souvent, même – une indéniable peine à dialoguer.





Le poète est forcément à part, distant, désengagé du jeu social, d’une manière ou d’une autre.
Sans quoi il ne pourrait pas avoir les idées qui sont les siennes.
Il ne pourrait pas ressentir à la manière dont il ressent.
Il ne pourrait pas s’écouter, et écouter le monde avec l’attention, l’intensité, la disponibilité qui sont les siennes. Ni ne pourrait percevoir, capter les dimensions « parallèles » qu’il capte.
Il ne serait pas en mesure d’être ce qu’il est toujours peu ou prou : « voyant »…ou « chamane ».
Donc, il est automatiquement, je le répète, sur la touche, marginal.





Temps…n’est-ce pas le nom que nous attribuons à l’instabilité des choses, à la frénétique, profonde mobilité de l’univers ?





Le dépaysement ? Cela n’existe pas. « Partout où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie ».





La plupart des femmes pensent que la solidarité féminine est quelque chose de totalement superflu. Elles préfèrent, toujours, compter sur le fameux, le légendaire « pouvoir » érotique et familial que la nature leur aurait conféré sur les hommes. Leur condition est demeurée si longtemps si précaire, si soumise à la violence du monde et à la violence, à l’intimidation masculines et patriarcales, si fondamentalement tributaire de la peur, à la fois pour elles-mêmes et pour leur progéniture –elle aussi extrêmement fragile – qu’elles ont pris le pli de se sous-estimer et donc, de ne compter que peu les unes sur les autres.





L’orgueil et le désir obsessionnel d’affirmation de soi rendent l’être sourd et imperméable aux arguments d’autrui.
Un tel caractère, plus qu’aux débats réels, prédispose aux polémiques stériles et souvent agressives.





L’Histoire est une matière passablement « dérangeante » ; elle rappelle beaucoup de faits, d’évènements, de comportements que les nations, les aires civilisationnelles désireraient oublier.





Si les gens consacraient le huitième du temps et de l’énergie qu’ils mettent à essayer d’être « beaux », à améliorer leur potentiel de séduction physique immédiat à grandir en lucidité, en sens du partage, en honnêteté intellectuelle et en ouverture d’esprit, n’aurait-on pas déjà franchi un pas notable dans le processus d’amélioration du monde ?





Quand on se vautre dans le culte narcissique de soi-même, on en vient forcément à nier sa part d’ombre, ou ses parts d’ombre. On s’installe, de façon quasi automatique, dans la mauvaise foi, dans un système de pensée ma foi assez grotesque qui consiste à toujours placer son propre paquet de travers et d’erreurs sur le dos des autres.
« Madame, c’est pas moi, c’est lui ; j’ai rien fait ! » ; cette phrase exclamative si souvent entendue sur les bancs de l’école ou dans les cours de récréation nous suit, au fond, tout au long de notre vie, et c’est assez pathétique.
Nous n’avons jamais rien à nous reprocher, nous sommes, par essence, « tout beaux », « tout bons », et donc, automatiquement dignes d’être appréciés, d’être aimés – automatiquement immaculés, comme des champs de neige.
On s’aime et l’on s’auto-défend farouchement, souvent malhonnêtement, à la moindre étincelle de remise en cause. On se barricade, non moins farouchement, dans l’oubli, dans le déni de nos propres dysfonctionnements, de nos propres erreurs. On atteint bientôt un tel degré de complaisance envers soi-même que le cynisme n’est pas loin, pas plus que l’aversion systématique pour toute « leçon de morale ». Ou alors, de façon parfois simultanée, on juge les autres, « les gens », avec une férocité accrue, comme pour détourner l’attention (en premier lieu la sienne propre) de tout ce qui, en nous, nous parait peu glorieux, nous gêne.
Et le monde continue d’aller et de venir, dans sa grande boiterie, sans qu’à ce compte-là il n’y ait la moindre chance qu’il secoue un jour son énorme socle inerte.





Je trouve assez terrible qu’au fond, l’on se connaisse soi-même si mal, et de façon si déformée, si biaisée. A quelle connaissance des autres et du monde pouvons-nous réellement prétendre alors que nous nous connaissons nous-mêmes si peu ?





La meilleure tombe que puisse trouver un mort, c’est le souvenir et le cœur de ceux qui l’ont connu.





Le chemin qui mène de l’enfant à l’homme ou à la femme…si long, parfois.
Si difficile. Semé d’embûches et d’efforts. Ponctué d’essoufflements. Marbré d’hésitations, qui sont autant de secrets, autant de ruades assenées dans les embrasures.
Marqué de soubresauts, de cabrements qui sont autant de mues, d’arrachements pénibles, laborieux à soi-même !





Il y a un fond de fragilité, de mesquinerie en chaque être humain. Hélas, personne n’y échappe.
Il explique pourquoi nous sommes si souvent déçus par nos semblables…et par nous-même !





Les gens révèrent tout ce qui peut leur donner prétexte à dominer, à se sentir supérieurs aux autres. Ils s’y accrochent bec et ongles, pire que si c’était une bouée de sauvetage.





Ce n’est certainement pas parce qu’un poète, sur le papier, suscite votre estime, voire votre admiration par ses mots et par les idées qu’il professe haut et fort – et qui le font apparaître comme une « grande âme » pétrie de sentiments et d’idéaux élevés, quasi angélique, que, in vivo, le même individu se comportera obligatoirement de façon aussi détachée, aussi généreuse, aussi ouverte, aussi noble, aussi séduisante. Tant s’en faut.
Comme il est des « tigres de papiers », il est aussi des « idéalistes sur papier ».





Ce que les artistes adorent, réclament sans doute avant toute autre chose, c’est de disposer d’un PUBLIC, qui les admire et les soutienne.
De la relation d’égalité, d’échange, d’estime mutuelle avec un autre artiste, en revanche, ils seraient plutôt enclins à se méfier. Comme si, plus ou moins confusément, ils la ressentaient comme une forme de menace.
Narcissisme, exhibitionnisme et paranoïa. Sans oublier l’incontournable petit zeste de mégalomanie. Voilà situé le cœur du problème.





Le franc-parler d’une femme s’expose toujours beaucoup plus aux réactions scandalisées, vives, immédiates, épidermiques et suivies de longs ressentiments que le franc-parler d’un monsieur. Vieux réflexes, quand ils vous tiennent !










P. Laranco.












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