il aimerait, un jour, rencontrer cet autre,
existe-t-elle seulement mais qu’importe, qu'importe, il aimerait rencontrer cette
autre, qu'elle l'enlace de toutes ses forces, qu'elle le broie, qu'elle épuise
la matière de son corps pour en faire sa matière, qu'elle l'enlace pour qu'il
puisse oublier, pour qu'il puisse s'oublier, pour qu'il puisse entamer le
cheminement vers le pardon, apprendre à se pardonner mais aussi apprendre à
être, que des fragments de bonheur se propagent en lui, qu'elle l'enlace et que
ses mots, mots apaisés se déversent en lui, mots ainsi faits, avec mes larmes
je lave toutes tes plaies, avec mes rêves je cisèle les vagabondages de tes
lendemains, avec ma tendresse je t'enracine dans le souffle de ma peau, avec
mes mains je dessine les visages toujours ressassés de ton enfance et il se
mettra bien sûr à l'aimer, il ne pourra s'empêcher de l'aimer, est-il possible
de ne pas aimer l’être qui vous libère de la solitude et ce sera un amour
insensé, un amour fou mais elle saura fonder d’autres mots, mots apaisés, mots
ainsi faits, l’amour est une blessure narcissique, il est la quête de ce qui ne
peut être en l’autre, il est insoumission et finalement absence mais je t’aime
aussi, je t’aime mais autrement, ce n’est pas l’amour d’une mère pour son
enfant, pas l’amour d’une femme pour son amant, c’est l’amour noué à la genèse
de ton corps, un amour qui t’enfante, un amour qui te permet de renaître à la
vie, un amour qui scelle le pacte de soi à soi-même, un amour qui est silence,
il n’est de plus grand silence, sais-tu le silence d’un corps qui sait la
beauté, sais-tu ce silence, il n’est de plus grand silence et il lui dira alors
de ne pas s’en aller, ne t’en va pas, j’ai besoin de toi, aime-moi, enlace moi
fort, très fort, je ne peux être sans toi, je suis seul, vide, perdu mais elle
saura d’autres mots, mots apaisés, mots ainsi faits, cet amour recèle
l’essentiel, il ne dure qu’un instant, une éternité, l’instant de la lumière et
elle dénouera ensuite son corps du sien mais il voudra qu’elle l’enlace encore,
il n’en peut plus de l’opacité de son corps mais elle s’en ira, sa trace, celle
de la lumière à jamais inscrite en lui, inscrite dans les errances de sa
solitude.
Umar TIMOL