samedi 31 janvier 2015

Patricia LARANCO (Île Maurice/France).

Seulement
cet esseulement
comme un vieil éléphant rompu
qui plie son poussiéreux genou
avant de tomber sur le flanc.


Seulement
cet enkystement
de froid de vent
fiché dans l’os,


cette lourdeur
qui vous roidit
vous rétrécit
à petit feu


cette incrédulité
qui va,
cette fatigue énucléée.


Ces mains ces paumes dénudées
qui ont perdu
l’art de saisir
ces pas
guidés par le hasard,
aux mécaniques zombifiées


cette tête vide où le vent
a réussi
à s’engouffrer
plaçant
ses colimaçons gris
ses courbes et immenses faux


ces feuilles gluantes
en tas
qui vous regardent les fouler
et dont vous enviez la boue,
la molle décomposition.


Quand le monde
devient spongieux
reste
l’envie de vous coucher
sous un matelas noir d’humus,
en l’haleine forte du sol
entre deux racines tordues
au plus loin des masques de peau
qui organisent
l’irréel
et vous rivent
aux jeux de miroirs,
aux leurres
des regards de verre.





P. Laranco


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