La poésie ? Des mots qui cherchent - plus ou moins
secrètement - à frôler le silence.
Des mots qui RÊVENT D'ÊTRE SILENCE.
Jouer
avec les mots, c'est un peu les tourner en ridicule, se rire d'eux.
C'est
en faire, en quelque sorte, des clowns, des bouffons dont tourne la danse
baroque, acrobatique, burlesque.
C'est
les dépouiller de leur aura, de leur signification "sacrée"; pour le
grand triomphe de l'absurde. Les mots ont trop tendance à se prendre pour le
monde; à bomber le torse. Renverser la "Magie du Verbe" de son
piédestal - n'est-ce pas iconoclaste ?
Il
ya, dans le "jeu avec les mots", dérision et révolution. Irrévérence.
Volonté de suggérer combien ils sont, potentiellement, creux, incomplets.
Peut-on
leur accorder confiance autant qu'on le peut, ou qu'on est tenté de le faire,
aux chiffres-et au silence ? Voire...
Pour
certains hauts physiciens, le "langage de Dieu" ne peut se trouver
que dans la mathématique.
Pour
les (vrais) mystiques, le silence absolu peut, seul, en être le porteur.
Miraculeuse invention que celle de la photographie,
qui permet à nos chers fantômes de nous sourire encore !
Aimer
vraiment l'humanité, cela pousse souvent à des coups de gueule !
A certains, les soucis vitaux de
l'art de vivre et du shopping (assortis de l'insatisfaction si "chic"
de l'âme toujours " en état de manque"). A d'autres, les membres
squelettiques et les vautours jamais très loin, le ras du sol nu, craquelé. A
d'autres encore (dans un registre un peu moins tragique), les cases en tôle,
les jeunes (filles et garçons) et les femmes acculés à vendre leur corps ou à fouiller dans les déchetteries puantes.
La joie sans états d'âme des uns, et la crève obscène des autres. Comme si il y avait une sorte de balance, dont l'un des plateaux trop lourd, trop chargé, faisait brutalement s'abîmer son vis à vis, seulement rempli de duvets d'oiseau, vers le plus bas des bas.
Serait-ce vrai ? Le bonheur des uns ferait-il le malheur des autres ?
La joie sans états d'âme des uns, et la crève obscène des autres. Comme si il y avait une sorte de balance, dont l'un des plateaux trop lourd, trop chargé, faisait brutalement s'abîmer son vis à vis, seulement rempli de duvets d'oiseau, vers le plus bas des bas.
Serait-ce vrai ? Le bonheur des uns ferait-il le malheur des autres ?
Je
crois que les choses qui sont "toujours vraies" sont rares.
Les positions et analyses nuancées sont souvent
vouées à "être prises entre deux feux", repoussées, honnies. Elles gênent. Pourtant, ce sont les plus sages. Voilà qui en dit
assez long sur la nature humaine, vous ne trouvez pas ?...
L'Homme
est tout aussi prompt à attendre de l'aide de son prochain qu'il l'est,
aussitôt que possible, à oublier cette aide.
Nous n'écrivons jamais, au fond, que des tentatives
de mots, des ersatz hésitants de phrases, invariablement améliorables et
perfectibles à l'infini.
Les grands chefs-d’œuvre littéraires eux-mêmes se
rapprochent indubitablement de ce qui ressemble le plus à la perfection...mais
l'atteignent-ils ?...
A
plaindre, ceux et celles qui ramènent tout à eux : le monde est si vaste, si
riche, si fourmillant de phénomènes, qui sont autant de centres d'intérêt !
L'Homme est, dans la même proportion sans doute,
capable d'empathie, de compassion, de solidarité, d'identification à l'autre
et, en parfait contraste, susceptible d'égoïsme, de narcissisme exacerbé, de
rigidité défensive, de peur de l'altérité humaine (liée à sa terreur de
l'inconnu, de ce qu'il ne peut partager, comprendre), d'indifférence au sort
d'autrui, de sentiment de supériorité (tant individuelle que communautaire), de
mégalomanie, de préjugés auxquels il s'accroche, de propension à la violence,
de désir de domination et de culte patent de la force. Ça ne le rend que plus
imprévisible, plus dangereux, moins digne de confiance.
Mais, en même temps, cela laisse une porte
entrouverte à un certain espoir...
La
poésie : cette dictée mystérieuse !
Bouc émissaire...bouc et misère !
La
Terre vit un peu comme si le cosmos l'oubliait.
Comme
elle se trompe !
A regarder de trop près l'Homme, on songe au singe.
Par
bonheur, on ne demeure pas jeune toute sa vie. Dans le cas contraire, on
resterait dramatiquement incomplet.
L'intelligence et la sagesse ont-elles vraiment des
points communs ?
On
ne sait jamais si le printemps qu'on vit ne sera pas l'ultime, alors, pourquoi
ne pas cesser de se prendre pour des dieux ?
Nos
dons : et s'ils n'étaient que bulles, champagne qui nous monte à la tête ?...
Ne te fies pas à ce qui brille. Séduire ne veut pas
dire aimer. Séduire, c'est narcissique, ça trahit la recherche d'une forme de
pouvoir sur l'autre. Voilà pourquoi tant d'êtres sont
amèrement déçus, parfois brisés par d'autres êtres, lesquels les avaient
cependant forcément séduits au départ; aussi déçus qu'on peut l'être par la
dissipation d'un mirage pourtant d'une rutilance miroitante.
Intelligent
et émotionnellement et psychologiquement équilibré ne vont pas forcément de
pair. C'est, sans doute, ce qui explique que tant de personnes dotées d'un haut
QI puissent se comporter avec facilité comme de parfaits crétins.
Le plus compliqué n'est peut-être pas de réussir sa
vie, mais bien plutôt de ne pas rater sa mort.
Je
suis convaincue qu'il n'existe pas de mots pour exprimer l'aura que dégage un
enfant. Les bébés et les enfants sont la lumière de l'espèce humaine.
Ce que j'aime en l'Homme, ce n'est pas sa force, et
encore moins son orgueil; c'est sa vulnérabilité. Elle me parait plus
authentique.
L'art
et la folie ne seraient-ils pas, en quelque sorte, de faux jumeaux ?
Est-ce la méchanceté qui est à l'origine de la
bêtise ?
Ou bien la bêtise précède-telle la méchanceté ?
La
solitude, c'est d'abord une question de peau. On est seul dans sa peau. Et
prisonnier dedans.
Un
être, c’est d’abord quelque chose de séparé.
Les complexes de supériorité ne peuvent qu'engendrer
des dialogues de sourds.
Se
battre contre la bêtise ( la sienne propre y compris), c’est un peu comme se
transformer en Don Quichotte qui passerait son temps à écraser ses lances
contre de colossaux murs de béton armé.
Et
cependant je suis d’avis qu’il faut continuer d’en casser, des lances !
Pourquoi est-on tellement attaché au désir ?
Parce qu’il nous permet de nous désigner des buts. Ce faisant, il nous protège
de la sensation de non-sens. Il meuble, en quelque sorte, le vide existentiel.
Ce que
l’Occident ignore, c’est que l’Homme n’a pas seulement besoin de progrès matériels, technologiques.
Il
nie l’âme et, en cela, il commet une profonde erreur.
Tous les comportements basiques propres à l’animal
se retrouvent en l’être humain. Mais, le plus souvent, de manière savamment
déguisée, savamment brouillée par la complexité propre au cerveau de notre
espèce.
Le « propre de l’Homme » serait-il dans
le mensonge, le travestissement…la tromperie et l’auto-tromperie ?
Ne me
demandez pas où je me dirige, ni où je
veux en venir…je l’ignore de façon patente !
Je n’ai
aucun « message » à transmettre, hors celui-ci, ma foi bien modeste :
« (si vous le pouvez), observez, apprenez…et puis réfléchissez ! ».
Trois « guides » : la science, la pensée
de l’Asie (Inde, Chine) et celle des anciens Grecs.
Les femmes
ne sont pas solidaires. Elles savent mal défendre leurs intérêts, en tant que
groupe social.
A cela,
peut-être, une raison : le culte de l’Amour, et le besoin vital de fonder
une famille standard, ajoutés au fait que le culte du mâle, la dévotion envers
l’homme, sont, pour une part non négligeable, entretenus par l’élément femelle
lui-même.
La « domination » de la mère pèse sur
tout enfant humain.
Et, sans doute, plus pesamment encore sur la petite
fille que sur l’enfant mâle. C’est là, sans doute, qu’il faut trouver les
sources de la méfiance qui règne entre les femmes. Et, par voie de conséquence,
celle de la misogynie généralisée.
Les femmes adultes sont non seulement en
compétition pour le partenaire masculin, mais, en outre, marquées au fer rouge
par leurs anciens rapports (passablement troubles) avec leur
génitrice/éducatrice.
A ceci, il faut ajouter que, par-dessus tout, les
femmes redoutent l’absence ou la rupture du lien. Elles évitent donc, au
possible, tout ce qui les exposerait au risque de se voir exclues, de se voir
reléguées au ban de la société. Elles en adoptent, par conséquent, avec résolution,
les règles, et se font, en tant qu’éducatrices fondamentales, un devoir de les
transmettre dûment à leur descendance.
L’oppression
de la femme par l’homme (quelques en soient les expressions, brutales ou
subtiles) n’est-elle pas une catégorie de crime contre l’humanité ?
Il n’existe aucun être humain qui n’ait rien à se
reprocher, ni qui ne prête le flanc au reproche. Pour X ou pour Y raison(s).
Dès lors
qu’on dote un être humain d’une parcelle de pouvoir ou de prestige, se profile immédiatement le
risque que cela lui « monte à la tête », voire que cela le porte, dans
certains cas, à des abus. Prestige et pouvoir sont, pour beaucoup, aussi grisants que de l’alcool
fort.
Enquiquiner les autres rien que pour démontrer que
l’on existe, rien que pour attirer l’attention sur sa malheureuse petite
personne (dont on voudrait bien qu’elle devienne, tout à coup, le centre du
monde), semble être, chez les Hommes, un comportement passablement répandu.
Le cerveau
de l’Homo sapiens est, parait-il, l’objet « le plus complexe de l’Univers »
(connu).
D’où,
sans doute, la relative facilité avec laquelle il se « détraque », se
met à dysfonctionner – ce qui débouche sur le panel – très varié – des maladies
mentales.
Un tel
degré de complexité ne peut pas ne pas impliquer un indéniable degré de
fragilité, de menace sur l’équilibre.
Dans
l’un de ses passionnants ouvrages, le grand penseur français Edgar MORIN exprime
à merveille ce lien, cette réalité (dérangeante) par une formule percutante, en
latin : « Homo sapiens, Homo demens ».
Au même
titre que la raison, la déraison est partie intégrante de notre nature, de
notre patrimoine. Toutes deux, elles sont d’incontournables produits de notre
sophistication cérébrale, mentale, culturelle. En chacun de nous se tapit une
part – plus ou moins développée et plus ou moins secrète – d’équilibre
précaire, de risque de basculement dans l’irrationnel, dans l’excès, dans l’imprévisible,
voire le délire et le déchaînement véhément des passions extrêmes (de tous
ordres).
L’absence d’intérêt, de curiosité pour les autres
cultures et le refus de considérer ce que ces dernières ont à offrir signent un
sentiment de supériorité de nature psychorigide, sans doute souvent assorti de
peur de l’inconnu et, surtout, de peur
de l’effort que cela demande, de paresse mentale.
Les gens,
souvent, savent jalouser les « connaissances » que vous pouvez avoir,
mais hélas, il se trouve aussi qu’ils savent beaucoup moins fréquemment se lancer dans l’effort que
nécessite la démarche de les acquérir.
Le Saint Thomas des chrétiens disait, c’est connu « je
ne crois que ce que je vois ».
Il avait tort : il y a des quantités de choses
qu’on ne perçoit pas, et qui existent. De même que des tas de choses qu’on « voit »
et qui ne sont, en fait, qu’illusions.
La détresse
de l’Homme, c’est que l’avenir existe. Grande inconnue dont le seul facteur
authentiquement sûr, prévisible est la mort.
Le savoir nous grise par le sentiment de maîtrise
(factice) qu’il nous procure.
Mais – question au combien dérangeante – qui est le
plus favorisé : celui/celle qui sait (certaines choses) ou bien l’animal, l’ignorant,
le délirant, l’attardé mental, le naïf, le crédule, le « simple d’esprit » ?
Vu sous un certain angle, je n’hésiterai pas à
répondre : les seconds.
Car savoir ne va jamais sans la conscience de
certaines réalités insupportables à l’être humain.
La terreur
typiquement humaine de la mort, de la finitude ne résulte-t-elle pas de la
présence, en l’Homme, d’une conscience d’exister qui double, couronne,
enveloppe, parasite ?) son existence proprement dite ?
N’est-elle
pas liée à la sensation (très forte) de constituer un individu qui non
seulement vit, mais aussi pense sa vie et se sent radicalement « séparé »
de son environnement, du reste du monde par l’entité mentale qui habite son
crâne et ne cesse d’observer, et de questionner ?
L’excès est quelquefois voisin de la sagesse.
La sagesse n’est-elle pas, au fond, une sorte d’excès ?
De quoi
l’Homme est-il si malheureux ? D’avoir conscience d’exister ? D’abriter,
en son sein, une entité physique si complexe qu’elle a créé une entité mentale
aspirant à l’autonomie ?
Le meilleur service que l’on puisse rendre à un
membre de l’espèce humaine, c’est de lui apprendre à penser par lui-même
(autant que cela soit possible).
Quoiqu’il
arrive, à chaque moment de ta vie, souviens-toi de ta mort ! Garde en mémoire
le dernier des visages que tu auras : celui d’un crâne, en gros, semblable
à des millions d’autres crânes humains, à moins que ce ne soit celui d’un
minuscule monticule de cendres.
La vie ressemble à une grande pièce vide, qu’on
aurait à meubler.
L’envie,
la « jalousie » ont, me semble-t-il, à voir avec le désir d’être l’autre.
Ce qui nous ramène à la fameuse « mimésis », si chère au philosophe
français René GIRARD.
Animaux
particulièrement sociaux, nous autres, êtres humains, sommes particulièrement
mimétiques (ainsi qu’en témoigne d’ailleurs, au plan physique, dans notre
cerveau, la présence de très nombreux neurones-miroirs).
Nous
nous trouvons placés, en quelque sorte, à ce qu’il semble, au cœur d’un permanent conflit
entre notre besoin d’affirmer notre spécificité individuelle (qui, elle, se trouve en
lien avec notre conscience propre) et notre non moins impérieuse nécessité de
nous regarder, de nous chercher, de nous jauger sans cesse dans le « miroir »
de nos congénères.
L’orgueil et la dépendance sont nos deux grands
démons antagonistes. Leur coexistence explique, en nous, bien des énigmes et
des illogismes.
Avant
de vous méfier de qui (ou quoi) que ce soit, méfiez-vous de vous-même. Ecoutez
préférentiellement, en vous, la (minuscule) voix du doute. Même si c’est elle
qui vous dérange le plus, vous fait le plus chanceler.
On ne peut à la fois dominer et jouer au gendarme,
au croisé, au « missionnaire » de l’humanisme.
Le loup qui tente d’endosser la toison de l’agneau
est le menteur des menteurs.
P. Laranco.
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