mercredi 9 septembre 2015

La prose poétique toute en sensualité de François LAUR (France).

Certains jours proches de l’automne ont, le matin, une brillance et des lueurs mouillées dues, sans doute, en partie, aux averses de la veille. Le soleil est encore ové, imparfait dans son éveil. Il faut, sous de tels auspices, s’en remettre à une route qui épouse les méandres d’un vallon assez étroit qu’on croirait par instants tenir de quelque ouverture édénique. Les douces échines des hauteurs s’échelonnent avec indolence, la terre prend haleine d’un souffle vaporeux, quelque chose comme une paix après tant de tensions où, sur des draps nocturnes illuminés d’éclairs, s’entrelaçaient des cuisses moites dans leur gloire charnue, faste et fougue. Nulle bâtisse en bord de route, mais des noyers, des noisetiers, des talus pleins de folle avoine, des prés doucement pentus. Dans le demi-jour, plus sombre à proximité des haies vives, le vaste agencement des frondaisons et des herbages semble convier dans l’air frais à jouir du pur sentiment d’exister. Un virage, et le paravent de coudriers, d’églantiers, d’aubépines et d’arbres s’interrompt, comme pour mieux offrir la vue d’un village ocre jaune toits rosés couronnant un mamelon aux pentes d’herbe luisante et courte. Vient le désir d’aller s’asseoir à la terrasse ombrée d’un bistrot sous les arcades, voyant sans voir passantes et passants traverser la placette au pavage arrosé il y a peu.




François LAUR


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