mercredi 2 septembre 2015

Un texte de François LAUR (France).

On quitte l’autoroute et, par l’étroit chemin dont les platanes des bas-côtés dressent une sorte de nef bruissante, ombreuse et fraîche, on entre tout à coup dans une zone qui, semblant préservée de l’altération des jours, procure une sensation de bien-être serein peu ou prou diffusée en rendant plus poreux. On se trouve au cœur du pays des étangs – l’un plus spacieux, nacré comme l’intérieur d’une huître par un ciel de lait entre ses rives limoneuses festonnées d’herbes inondées. Certains mois, sa lisère est remplie d’oiseaux : mouettes rieuses, hirondelles de mer, tadornes, hérons par couples, râles, poules d’eau nichant parmi les roselières, quelques-uns à l’affût sur des pieux que l’on dirait fichés à leur intention. Il arrive qu’une garzette prenne son vol d’un plan d’eau pour en rejoindre un autre. Serait-ce à elle que l’on doit comme un enchantement, à elle qui, nouant sa blancheur au soir, affermit, accomplit – mais quoi, précisément ? – par son essor, son avancée tendue, sa simple netteté sur le fond sombre des grands pins ? Un éclaboussement de poisson qui bondit, quelques piaulements encore, l’ombre montante est tout aussi inexorable que les astres.



François LAUR


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