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“La plateforme”: Reflet de la nature humaine !
Imaginez une prison construite à la verticale, comme un gigantesque building de 223 étages, et qui, en lieu et place d’ascenseurs, auraient des ouvertures juste pour laisser passer la nourriture et pour que les prisonniers puissent se voir, et ainsi juger de leur déchéance dans les yeux de leur prochain.
Ce terrible film, réalisé par Galder Gaztelu-Urrutia met mal à l’aise, dans le sens où son propos s’attaque aux fondements même de la dialectique du Bien et du Mal. Et les nombreux référents à la Chrétienté ajoutent encore plus au malaise. Car les personnages, reflets de la nature humaine, sont en train de nous montrer ce qu’il en coûte de faillir dans son cheminement terrestre. Au risque alors de monter, au ciel, ou de descendre, en enfer.
Cette prison serait donc une espèce de purgatoire, qui laisse ceux emprisonnés « libres » dans leur démesure, ou leur volonté de s’amender. C’est le cas d’un nouveau pensionnaire, enfermé dans une cellule, avec un compagnon qui décèdera. Et qui avait l’air de tout comprendre sur l’emprise qu’il aura sur celui qui est vivant. ». Mangez et buvez, ceci est mon corps et mon sang. Le sang de l’alliance nouvelle et éternelle », dit-on dans les églises.
Dans « La plateforme », on doit manger son prochain, devenir anthropophage, si on ne veut pas fini ad patres et dans les méandres de cette curieuse prison. Où un enfant va quand même donner espoir à ceux qui doutent. Le réalisateur doit avoir vu « La grande bouffe », de Marco Ferreri, film oublié, mais ô combien juste dans sa dénonciation de l’Occident matérialiste, qui aura oublié d’être spirituel. De renouer avec la bonté qui caractérisait ceux qui rentraient en eux-mêmes, pour reprendre contact avec Dieu. Ou du moins avec son représentant, le dénommé Jésus.
On pense aussi à l’Enfer de Dante. Dans cette façon de mettre en scène une nouvelle façon de décliner la déchéance humaine. Les tours de Babel que l’humain construit, sous toutes les latitudes, et qui sont censées être les témoignages de son arrogance, deviennent ici reflet d’inhumanité. L’homme ne pense qu’à manger, ou est obligé de se gaver. Au risque de perdre sa vie. Et pourtant, c’est au travers du jeûne que les saints d’antan devenaient ascètes, et esthètes d’un mode de vie qui les rapprochait du Très-Haut.
Mais justement, le réalisateur inverse cette prière. Dans son film, c’est par le bas qu’on fait pénitence et vaut d’être sauvé. Comme pour dire que l’homme doit se (re)mettre à genoux pour pouvoir littéralement « goûter » à la vie éternelle. D’où la présence constante de ce plateau-repas, cette gigantesque hostie offerte durant cette messe de la rédemption.
Le film a fait un tabac sur Netflix, et sa suite est aussi visible sur la même…plateforme de streaming. Et le succès est tel qu’il est déjà question d’un troisième film ! En attendant cette troisième mouture, allez surtout voir le premier. Une plateforme qui écœure, juste pour donner envie de vomir sur une humanité qui perd de plus en plus ses repères. On peut parler de chef-d’œuvre pour « La plateforme » !
Sedley ASSONNE.
Crédit : Sedley ASSONNE.
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