mardi 15 octobre 2024

Un texte de Richard TAILLEFER.

 



Comme des messagers de la mémoire
Le regard au-delà des limites du jardin, les allées s’emparent de la campagne environnante comme un drip de Jackson Pollock.
Traces de couleurs, ce va-et-vient de signe en signe tels des
mots à l’assaut du poème.
Chevauchée à bride abattue par-dessus toutes les cimes.
Scarifications en lettres de sang « pour la bonne cause », le
visage vêtu de givre, la tête posée sur l’oreiller de la nuit. Il en restera bien un peu de bois blanc étripé de la mâchoire où coulent quatre larmes de suie.
On abat bien les chevaux comme on abat les hommes et les
arbres. Alignement d’hommes, alignement d’arbres, au poteau face contre terre. Souvenez-vous du charbon et l’anthracnose sur ce bois où est écrit CHAOS, à cette heure où la miséricorde est faite d’excès et de coupables tortures
Après les mangeurs de chair viendra la résurrection comme
neige et pluie en mon jardin de cocagne.
Au sommet de la voûte les houppiers se rejoignent. Tunnelier de verdure, cathédrale végétale
Le ciel toujours d’un bleu humain nous regarde ne pouvant se résigner à un paysage de misère
Vulaines, musée Stéphane-Mallarmé à la saison où le jardin
regorge du parfum des pommes, l’oreille tendue au moindre
chant de l’oiseau rare.
Ici c’est le silence. Je marche d’un pas décidé, nu sur le chemin.
L’horizon maintenant tracé dans la distance qui nous sépare encore.
Mon immense jardin éphémère est beau. Je me livre à toi et à ce désir pudique de croquer dans le fruit mûr qui s’offre à moi.
Je ferme les yeux pour ne pas voir la vie qui s’en va inexorablement.












Richard TAILLEFER.



















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