mercredi 20 mars 2013

Réflexions sur la nature de l'Homme .

Ce qui sépare l'Homme de l'animal est plus une question de degré qu'une question d'essence. C'est, en fait, cette capacité  que la complexité jamais atteinte encore dans le règne animal terrestre de son cerveau et donc de son intelligence, de sa fameuse conscience réflexive, lui donne de comprendre et, en conséquence, de modifier son environnement en profondeur qui le place quelques crans plus loin que les autres êtres vivants. L'Homme n'est, en fait, que les résultat - pour l'instant "suprême" - de cette tendance qu'ont la Vie et le monde à développer, à accroître sans cesse leur complexité.
Avec l'Homme, pour la première fois sur Terre, existe une forme de perception capable de prendre conscience d'elle-même , et ceci a des conséquences incalculables.
Prendre conscience de soi, c'est devenir apte à regarder le monde de l'extérieur et, donc, à l'interroger, à l'observer, à l'analyser. Mais cela mène aussi, bien sûr, à l'interrogation sur soi-même, et sur la nature du rapport qu'on entretient avec le monde, qu'on regarde si attentivement.
Paradoxalement, c'est la conscience de soi-même, la conscience réflexive, qui rend difficile, ardue l'appréhension de sa propre nature. Car de quelle manière poser sur soi-même un regard qui soit extérieur ? Est-ce seulement possible ? Peut-on être "juge et partie" ?
La parfaite observation nécessite un degré de détachement, d'"objectivité" encore jamais atteint. Et la conscience humaine, quant à elle, est un objet d'observation encore tout à fait inédit et sans équivalent, du moins sur cette planète. Aussi avons-nous eu besoin de créer l'ordinateur, pour, en quelque sorte (et entre autre) pouvoir "nous regarder penser".
Le fait qu'il soit un "animal-miroir" est très certainement ce qu'il y a, chez l'Homme, de plus heureux et de plus remarquable...mais, sans doute tout aussi assurément, par ailleurs, ce qu'il y a, chez lui, de plus limitatif.



Pour mieux se comprendre, mieux appréhender le mystère de sa propre nature, l'Homme doit renoncer à l'idée qu'il pourrait n'être pas un animal comme les autres.
Toutes les espèces animales possèdent leur propre spécificité.
Celle de l'Homme est de parler, de penser, de comprendre, et d'agir sur son environnement à un degré auparavant jamais atteint. Et alors ?
Cela n'implique aucunement qu'il soit fait "à l'image de Dieu", ni supérieur par essence au reste de la gent mammifère. En témoignent, d'ailleurs, de façon assez éclatante, les fait qu'il naisse après neuf mois de gestation dans un utérus parfaitement typique des animaux mammifères placentaires, qu'il soit, dans ses premiers temps de vie, nourri à la mamelle de lait maternel, qu'il soit travaillé par un instinct sexuel et reproducteur fort, qu'il possède des tendances territoriales très marquées et qu'il ne parvienne, en général, qu'assez difficilement à "aimer son prochain" au-delà du cercle plutôt restreint de ses proches immédiats et/ou, sinon, de ceux auxquels le lie un sentiment d'appartenance à une communauté un peu plus élargie ("clocher", nation, aire langagière et culturelle, ethnie où les autres ont la même apparence physique que lui). A cela s'ajoute, bien sûr, le fait qu'il soit vulnérable à la maladie, qu'il vieillisse, s'affaiblisse (tant au plan strictement physique qu'au plan cognitif) avec le temps et que, bien évidemment, il meure.
Et cependant, quelque chose le sépare, qu'il ressent violemment.
Le développement de son cerveau en terme de complexité et de performances cognitives a atteint un stade unique dans l'histoire des espèces vivantes peuplant cette planète.
Ce qu'il doit apprendre à présent, c'est à intégrer, en les articulant ensemble, ces deux faits, tout aussi prégnants, tout aussi importants l'un que l'autre, et de plus indissociables : il est une bête, mais une bête particulièrement ingénieuse, qui sécrète un imaginaire, un véritable monde mental.
L'Homme ne pourra apprendre à se comprendre qu'en renonçant à son orgueil. Mais sans, toutefois, perdre de vue ce qui fait sa spécificité. Exercice plutôt difficile, quoique, franchement, à l'heure qu'il est, indispensable à la création d'une nouvelle vision, adaptée aux nouvelles connaissances qu'il a acquises (et ne cesse de renouveler encore, de mettre à jour), grâce à la paléoanthropologie, à l'éthologie (animale et humaine), à la psychologie, aux neurosciences, à la biologie, à l'étude de la complexité, à celle du langage et à celle de l'intelligence artificielle.



Dans la mesure où elle a appris à l'être humain qu'il allait mourir, la conscience a une dimension tragique.




P. Laranco.

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