lumière réfractaire, elle a trop chanté les louanges de la terre, elle a trop dévoilé toutes ses offrandes, tous ses dons, lumière réfractaire, elle ne sait plus désormais déceler dans les sillons de sa peau les cadastres de ses plaies, elle ne sait plus désormais désœuvrer ces pluies de pierres et de larmes, lumière réfractaire, parfois elle renoue, quand la nuit creuse son souffle, avec les élans premiers, elle se débarrasse de sa carcasse et s’enferme dans le geste des rythmes, ceux du vent et des écumes, parfois elle écartèle les argiles qui sidèrent ses yeux et elle se met à y croire, une fois de plus, lumière réfractaire, lumière réfractaire, elle sait là-bas, lors de la levée des ossements, elle sait là-bas lors de ces aveux qui sentencent l’exil, elle sait là-bas lors de ces voyages qui ressassent les territoires de l’imaginaire, elle sait là-bas la fulgurance, non pas du départ, non pas de la finitude, mais la fulgurance d’un sang qui emplit l’espace, qui en fait un espace bleu, bleu, lumière réfractaire, il faut arrêter les cavalcades du cœur, il faut arrêter le cœur-vagabond des convoitises, il faut arrêter de ciseler les archipels bleutés de nos veines, lumière réfractaire, lumière réfractaire, parfois, lorsque ce mur se délite à force d’acharnement, lorsque sa tête qui le martèle se souvient d’un autre temps, elle se distend dans l’eau trouble d’un océan possible, elle se distend, elle se répand, elle devient matière, elle devient fluide, elle devient eau, elle devient une couleur avant de n’être rien, rien, lumière réfractaire, il faut parfois partir, il le faut mais lumière réfractaire, lumière réfractaire, sait-t’elle parfois que sur ses paupières il est le jaillissement de sa présence, sait-t’elle parfois que dans ces grottes qui perpétuent la souffrance, il est la déferlante de sa présence, sait-t’elle parfois que dans l’entre-deux de ses fractures, il est l’incendie de la lumière, elle ne sais sans doute rien mais partir là-bas, partir, lumière réfractaire, lumière réfractaire, tout est faux et elle s’en ira, elle a trop chanté les louanges de la terre, lumière réfractaire, lumière réfractaire.
Umar TIMOL.
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