Le jeudi 04 mars 2013, à 21h, sur la
chaîne DISCOVERY SCIENCES : « VOYAGE DANS L’ESPACE-TEMPS
AVEC MORGAN FREEMAN – DIEU EXISTE-T-IL ? ».
Ce documentaire américain est l’un des
nombreux volets d’une série scientifique qui a pour particularité d’avoir pour
présentateur le sympathique acteur Morgan FREEMAN. Ce dernier s’acquitte de sa
mission avec toute la présence, le sérieux et le charisme qui le caractérisent
– et en faisant preuve d’une grande sobriété.
Dans l’épisode qui nous occupe, il
aborde une problématique fort ambitieuse, puisqu’il s’agit de celle de
L’EXISTENCE DE DIEU.
Ce n’est un secret pour
personne : « depuis la nuit des temps, les Hommes ont cru à des
forces divines ». Cependant, rien de concret, de mesurable, de tangible,
de directement accessible ne nous garantit que l’entité toute puissante que
nous avons l’habitude (ou non) d’invoquer dans nos prières ou de chercher par
le biais de nos méditations se trouve vraiment « là-haut ».
La science, qui pour sa part a élucidé
bien des mystères, n’est pourtant, à ce jour, jamais parvenue à apporter ne
serait-ce qu’un soupçon de preuve de son existence.
Qu’est-ce à dire ? Comment
faut-il interpréter ceci ?
« Avons-nous inventé Dieu »,
ou est-ce celui-ci qui a « inventé l’humanité » ?
D’après ce film, il y aurait malgré
tout « quelques éléments de réponse », fournis, depuis assez peu de
temps, par de nouvelles approches scientifiques.
En guise d’introduction, le débonnaire
Morgan Freeman nous confie une petite histoire toute personnelle :
« quand j’avais douze ans, j’ai perdu quelqu’un de très proche et je me
suis demandé pour quelles raisons on me l’enlevait. J’étais croyant, je priais,
et voilà que la mort me privait tout de même de sa présence. Aussi commençai-je
à me demander si Dieu – si sourd à mes prières – n’était pas une
illusion … »
Suite à cette interrogation, le
célèbre acteur américain nous présente un psychologue qui a pour nom Jesse
BERRY.
L’objet des actuels travaux de ce
scientifique est d’étudier « comment se développe la foi en Dieu chez les
jeunes enfants ». A cette fin, il a élaboré une expérience qui s’ordonne
autour d’un « jeu impossible à gagner », comportant « trois
règles ». D’abord, le but est de savoir si les enfants trichent,
enfreignent facilement les règles fixées. La réponse, on le constate, vient
très rapidement : la plupart des enfants âgés « de six à sept
ans » ne s’en privent pas, dès lors qu’on les laisse seuls, et qu’ils ne
se sentent pas observés. A la deuxième phase de l’expérience, le psychologue
fait intervenir une « femme invisible » dont il parle longuement à
ses jeunes sujets d’étude, « la princesse Alice ». Il s’arrange pour
présenter cette entité de façon à ce que les enfants se convainquent qu’elle
n’est qu’imaginaire. Et cependant, dès lors que l’on les laisse à nouveau
livrés à eux-mêmes, tous seuls, les enfants, visiblement, donnent des signes de
croyance en cette « princesse Alice » et cela les empêche
d’enfreindre les règles ! En revanche, dès qu’ils se trouvent à nouveau en
la présence des adultes expérimentateurs, ils recommencent à admettre sans
problème l’idée qu’elle n’a aucune existence. Tout se passe comme si elle
« prenait le relai » de la surveillance des adultes…
Cette expérience a été menée
« avec des centaines d’enfants ».
La croyance en la princesse Alice se
manifestait chez ceux-ci par la sensation d’une véritable présence, qui les
« regardait », quand bien même était-elle parfaitement invisible,
immatérielle. Cette « princesse » avait donc bel et bien ce qu’on
pouvait appeler une « dimension surnaturelle », qui à elle seule,
répétons-le, lui suffisait pour exercer un contrôle sur les enfants, pour les
« intimider », en quelque sorte.
Conclusion du psychologue Jesse
Berry : « les enfants sont programmés pour croire en un monde caché,
peuplé d’esprits », et ce qui s’exprime, là, n’est autre que la nature
humaine à l’état brut, dans ce qu’elle a de plus spontané, de
plus « instinctif ».
De son côté, le Britannique Bruce WOOD
s’efforce d’étudier « les fondements psychologiques des croyances religieuses ».
Son attention a été tout particulièrement attirée par les « qualités
étranges » que, de toute éternité, les jeunes enfants attribuent aux
« DOUDOUS », lesquels ne sont pourtant – et ils le savent – que de
simples objets inanimés. Pour évaluer le degré, la force de l’investissement
affectif dont leurs très jeunes possesseurs les gratifient, Wood, dans le cadre
d’une de ses expériences, tente de faire croire à des enfants qu’on a fabriqué
des « imitations » de leurs précieux comparses. Ces « clones »
sont présentés aux bambins en échange de leur doudou véritable, et ils
acceptent assez facilement la substitution. Mais si, durant toute la séance
expérimentale, c'est-à-dire pendant quelques heures, les petits s’amusent sans
problème avec les doudous « remplaçants », c’est toujours, en dernier
ressort, le doudou originel, l’authentique, qu’ils souhaitent vigoureusement
récupérer, pour l’emporter chez eux, quand survient l’issue de la séance. Ceci
confirme à quel point « ils y tiennent » et donne un nouvel aperçu
d’un mode de pensée qui apparait comme propre à leur âge : LES ENFANTS,
nous révèle Bruce Wood, « PENSENT DE MANIERE ESSENTIALISTE » ;
ils attribuent, en effet, à certains objets, une « essence cachée ».
Les adultes, du reste, ne sont pas non plus exempts de ce genre de tendance.
Voulez-vous un exemple ? Le film nous fait assister à une autre
expérience, au cours de laquelle on fait circuler, parmi un groupe de personnes
tout ce qu’il y d’adultes, en premier lieu « un stylo-plume » dont on
annonce qu’il a appartenu au grand Albert Einstein, puis, dans un deuxième
temps, « un cardigan » réputé avoir été porté par le sinistre tueur
en série américain Jeffrey Dahmer. Intuitivement, vous devinez sans peine la
réaction de ces braves gens.
Pas de surprise…votre intuition est la
bonne, elle se vérifie : on est frappé par les mines dégoûtées qu’ils
affichent tous dès lors qu’il leur faut approcher, puis toucher la prétendue
veste du serial killer , comme si
cette dernière allait les brûler, ou les contaminer. D’instinct, ils lui
attribuent une sorte d’« essence » maléfique, qui provoque leur
« horreur sacrée », leur désir patent de la fuir. A quoi cela
tient-il ? Et bien, toujours au
même fait : chez les êtres humains – très jeunes enfants comme adultes – « une
essence sacrée ou maudite peut contaminer des objets matériels ». Là –
dans cette tendance innée à attribuer à des choses (ou à des lieux) « une
dimension spirituelle cachée » sous l’effet d’une intuition ressentie
comme très forte et très spontanée – réside sans doute la forme la plus
élémentaire de religion.
Autre cas – lié de très près au
problème qui nous occupe : celui des EXPERIENCES EXTRA-CORPORELLES.
Attestées depuis la plus haute antiquité, ces sensations et phénomènes sont
« vécus comme quelque chose d’extrêmement spirituel ». N’y a-t-il pas
de quoi, puisqu’ils conduisent ceux qui les expérimentent à ressentir leur
esprit comme « séparé de leur corps » ?
Mais le neurologue Olof BLANKE a
entrepris de s’y intéresser.
Son expérience a consisté à provoquer
ce type de ressenti en envoyant « un faible courant dans le cerveau d’une
patiente atteinte d’épilepsie ». Ensuite, le Pr Blanke a réussi à
déterminer que le phénomène sollicitait une région bien précise du cerveau, la
JONCTION TEMPORO-PARIETALE (ou JTP).
La JTP, nous explique Blanke, est,
nous le savons maintenant, « le navigateur du cerveau » et donc,
l’expérience extracorporelle, de son côté, ne correspond pas à autre chose qu’à
un état de désorientation du système de navigation cérébral.
Plus étonnant encore, le même
phénomène de « sortie hors du corps » peut parfaitement être obtenu
chez un sujet totalement sain – et l’a été, par le truchement d’une expérience
de réalité virtuelle (impliquant « une caméra, placée derrière le corps du
sujet debout »). Pendant la durée de ladite expérience, on a obtenu d’une
femme qu’elle se sente, ainsi, projetée « 60 centimètres » devant son
propre corps !
Exactement comme dans le cas de
l’épileptique, il s’agit là « d’un conflit de la représentation
spatiale » qui se déclare à l’intérieur du cerveau, du fait de
« données sensorielles contradictoires » (concernant les sens du
toucher et de la vue). Et, là aussi, « la JTP montre de forts signes
d’activité » !
Ainsi, il n’y a, aux expériences de
sortie hors du corps, que des raisons purement physiques et biologiques (liées
au fonctionnement de notre cerveau), en aucun cas surnaturelles. Les
scientifiques, dans ce domaine, commencent à mettre à mal un très vieux mythe,
un mythe cher, entre autres, aux bons vieux chamanes ainsi qu’aux gens qui ont
vécu des expériences « aux confins de la mort ».
Mais revenons à notre préoccupation
centrale : l’idée de Dieu.
Et si elle résultait de l’importance
que l’être humain donne à la question « POURQUOI ? », interroge
Morgan Freeman.
C’est indéniable, une de nos
caractéristiques majeures, à nous-autres, êtres humains, est bien NOTRE VOLONTE
DE FABRIQUER DU SENS. Parce que nous avons le sentiment, au fond, d’être
entourés de chaos. Face à ce chaos – ce chaos du monde qui nous cerne, celui de
notre propre vie - Dieu constituerait
une réponse globale en terme d’explication, et donc, de sens.
C’est sur cet aspect – crucial, à ce
qu’il semble – de la question qua choisi de se pencher Jennifer WILSON, une
psychologue de la faculté d’AUSTIN, au TEXAS. Son intérêt pour cette tendance
humaine si fortement ancrée à la REFUTATION DU HASARD trouve, nous
explique-t-elle, son origine dans une passion pour « les tarots » qui
s’était déclarée chez elle pendant ses années de lycée.
Ses constatations ? Notre
cerveau établit des CONNEXIONS de manière tout à fait spontanée » et,
comme par hasard, il se trouve aussi que « toutes les religions parlent
d’évènements connectés ». Ces évènements qu’elles évoquent avec une telle
force, une telle insistance peuvent, selon l’obédience, prendre le nom de
« KARMA », de « voie de Dieu » ou d’ « Al Qadr » ;
peu importe…ils font toujours référence à la même chose. Intriguée au plus haut
point par ces représentations mentales, Jennifer a mis au point une expérience
au cours de laquelle il s’agissait de confronter deux groupes d’individus à
« des photographies de bruit blanc ». Dans le cas du premier groupe,
il était composé de personne « en situation normale », c'est-à-dire
ne subissant aucune perturbation, aucun stress. Le deuxième groupe, en
revanche, avait fait au préalable l’objet d’une sorte de conditionnement visant
à rendre ses membres « persuadés de n’avoir plus aucun contrôle sur leur
environnement ».
Le résultat fut parlant : pour
les individus appartenant au premier groupe, « tout », dans ce qui
leur était donné à voir sur la photographie de bruit blanc, était perçu et
décrit comme « dénué de sens » ; pour tous ceux qui
appartenaient au second groupe, il en allait, par contre, tout autrement ;
ces gens, spontanément, se mettaient à distinguer – et à décrire – des
motifs !
Voilà qui en disait long sur la
propension qui est celle de notre cher petit cerveau à, dès qu’il se trouve
confronté à un environnement qui lui échappe (c'est-à-dire qui ne donne pas
prise à la moindre possibilité de CONTRÔLE) « RECHERCHER DES SCHEMAS
EXPLICATIFS » dans le but de « DONNER UN SENS A LA SITUATION NON
CONTRÔLEE ».
L’un des besoins humains fondamentaux
serait donc celui de maîtrise, qui lui-même, sans doute, se rattache à un
besoin de se rassurer. Savoir, disposer d’une explication rassure, procure un
point de repère, un cadre de référence. A
contrario, comme on l’a vu, ne pas pouvoir expliquer angoisse. INTERPRETER
ET EXPLIQUER sont, chez notre espèce, de vraies nécessités mentales.
Mais – allez-vous me dire une fois de
plus – pour quelles raisons ?
« Il y a énormément d’aléas, de
chaos dans nos vies » (au point que, parfois, celles-ci pourraient presque
nous sembler « décousues »). C’est sans doute – certainement, même –
pour remédier à cela que « nous voulons, à toute force, en fabriquer UNE
HISTOIRE SENSEE », une histoire que nous puissions percevoir comme
cohérente, comme dotée d’un fil conducteur. C’est, chez notre cerveau, qui
n’aime pas, mais vraiment pas l’absurde, pas plus que le vide, une réaction
innée.
En somme, « notre comportement
spirituel est né de notre intelligence avancée ». Etant foncièrement
ordonnatrice, notre intelligence s’aide, dans le cas présent, de notre
imagination pour mettre en place, coûte que coûte, une forme d’ORDRE, qui lui
corresponde.
Vous avez dit « intelligence
» ?
Daniel POVINELLI, de L’UNIVERSITE DE
LOUISIANE, « s’intéresse aux CHIMPANZES depuis qu’il a l’âge de quatorze
ans ». Son sujet d’étude ? La différence entre ces derniers et les
humains. Pour en avoir l’idée la plus précise possible, il organise des tests
qui ont pour objectif de lui permettre de comparer les capacités cognitives de
BILLY à celles d’enfants.
Premier test : on place, sur une
table dont le plateau est trop haut pour que le grand singe y ait directement
accès, quelques bonbons qui ont tôt fait d’exciter sa convoitise, et deux
règles, l’une courte, l’autre bien plus longue. Billy comprend tout de suite,
sans la moindre difficulté, que « la grande règle est un outil plus utile
que la petite pour attraper les bonbons sur le plateau de la table ».
Deuxième test : il s’agit cette
fois d’« écraser une noisette » et, là, on a le choix entre deux
outils qui ont la même forme, la même couleur et la même dimension…mais pas le
même poids. Soumis au test, l’enfant humain choisit instantanément
« l’outil le plus lourd », avec lequel il écrase la noisette sans
difficulté. Par contre, et malheureusement pour lui, le pauvre Billy « ne
comprend pas du tout l’importance du poids qui se cache dans l’outil le plus
lourd », et sa capacité à mettre en morceaux le fruit s’en ressent de
façon patente.
Povinelli entreprend ensuite de
jauger, chez le chimpanzé, ce qu’on appelle « LA THEORIE DE
L’ESPRIT ».
La théorie de l’esprit, c’est la
capacité à « imaginer que les autres êtres ont un esprit » .
Or, les tests (*) que Povinelli impose à son animal lui indiquent assez
clairement que « Billy ne semble pas se demander si les autres créatures
sont des êtres conscients ».
Conclusion : « entre trois
et cinq ans, les enfants de notre espèce s’humanisent décisivement ; ils
réalisent la présence d’un monde plus abstrait », ce qui constitue une
différence fondamentale, apparemment indépassable avec les chimpanzés,
lesquels, « même adultes, ne paraissent pas aptes à franchir ce
pas ».
Les chimpanzés – si intelligents
soient-ils – ne pratiquent d’ailleurs « aucun rituel ». Ressentir
« un esprit divin » et communiquer avec lui leur est
« impossible ». Seule notre espèce, l’HOMO SAPIENS, est en mesure de
croire en Dieu.
L’être humain sollicite fréquemment de
Dieu « aide et conseils ». Mais se pose ensuite la question de
l’identification des « réponses » que lui adresse, en retour,
l’entité suprême. Comment reconnaitre « les SIGNES » que la divinité
envoie aux êtres, lorsqu’elle se manifeste ?
Pour le savoir, il va nous falloir
revenir à l’expérience dite de « la princesse Alice », menée par
Jesse Berry.
L’expérimentateur, on s’en souvient, a
convaincu ses jeunes « cobayes » de l’existence d’une présence impalpable,
la fameuse princesse Alice. Source d’ « aide surnaturelle »,
cette mystérieuse entité possède la faculté de faire clignoter – cette fois
très matériellement – une lampe dans le but d’adresser des « signes »
aux bambins à qui l’on a, au préalable, demandé de « choisir une
boite » (la bonne) parmi un certain nombre de boites qui leur étaient
présentées.
L’observation d’ « une
fillette de quatre ans » ne révèle aucune prise de conscience du fait que
l’invisible Alice, en « agissant » sur la lumière de la lampe, lui
fait parvenir (aux fins de la guider) des signaux, qu’elle doit
interpréter ; et pour cause, puisque - Jesse Berry nous l’apprend dans la
foulée – « c’est seulement vers l’âge de sept, huit ou neuf ans que les
enfants comprennent que la princesse leur envoie des messages , sous la
forme d’un clignotement de lampe ».
Selon le même Jesse Berry toujours,
l’idée de Dieu est tout bonnement
apparue « dès que quelqu’un s’est mis à penser que quelqu’un
d’autre le regardait, le jugeait et le punissait, même quand il se trouvait
seul ».
Imaginons, développe-t-il à titre
d’illustration, un hominidé du temps des savanes qui, s’étant éloigné de son
groupe, découvre un magnifique buisson constellé de délicieuses baies. Bien
évidemment, il a de suite l’eau à la bouche, et s’en approche. Mais, très vite,
son cerveau, déjà assez complexe, se trouve tiraillé entre la tentation
totalement égoïste qui le saisit de se goinfrer des baies en se gardant bien
d’alerter ses congénères restés au campement, et sa culpabilité, liée à sa
fidélité aux règles de son groupe – elle-même liée à la puissance du lien
(cimenté par l’empathie) qui le rattache à ce dernier.
Il hésite : « que vais-je
faire ? Tout garder pour moi en oubliant la règle sacrée du partage –
ou me dépêcher d’alerter mes petits camarades, conformément aux exigences de
mon devoir ? »
C’est alors qu’une étrange sensation
se fait jour en lui : il sent peser sur sa personne le poids d’une sorte
de mystérieuse et menaçante présence, qui suscite sa peur. Il en est sûr :
s’il touche à ces appétissantes baies et les dévore toutes, il sera sévèrement
puni par une force redoutable et surnaturelle ! Car toute mauvaise action
mérite d’être châtiée, même quand il n’y a aucun frère chéri dans les parages
immédiats pour la surprendre et la punir… Il y a, quelque part, partout, une
force invisible, une entité suprême, toute-puissante, à qui rien n’échappe, et
qui « veille au grain ».
Ainsi, d’après Jesse Berry, l’idée de
Dieu serait, à l’origine, en relation étroite avec l’intériorisation par
l’individu du contrôle social et des règles du groupe auquel il appartient.
Cela rejoint d’ailleurs l’étymologie même du mot « RELIGION » :
« RE-LIGARE », « relier » en latin.
Le rapport à Dieu serait donc une
prolongation, une sorte d’extrapolation du lien social, lequel, on le sait, est aux
fondements même de la condition humaine. Une façon, en somme, de relier l’Homme
à tout ce qui n’est pas humain, à la globalité de l’univers.
Sur tout ce qui échappe à notre
entendement, sur tout ce qui nous dépasse, nous apposons l’étiquette de
« Dieu » et cela, ma foi, est bien commode. « LA CROYANCE EST,
POUR LE SYSTEME COGNITIF HUMAIN, UN REGLAGE PAR DEFAUT » qui offre, en
sus, l’avantage de donner « une bonne raison » à tout ce qui arrive.
Pour clôturer le documentaire, Morgan
Freeman nous introduit dans l’antre d’un neuroscientifique qui a axé ses
recherches sur le lien entre croyance et activité cérébrale.
Le neurothéologien Andy NEWBURG
« sonde le cerveau » des croyants en train de prier ou de méditer
grâce à un « appareil sophistiqué » d’imagerie cérébrale appelé le
SPECSCAN. Le specscan détecte, à l’intérieur du cerveau, l’intensité du FLUX
SANGUIN. En effet, cette dernière constitue un indice direct de l’activité plus
ou moins importante d’une quelconque région cérébrale.
Newburg nous présente deux images du
même cerveau prises par le specscan : d’un côté, nous dit-il, nous avons
« un cerveau au repos », de l’autre, « un cerveau en
prière ». Le moins qu’on puisse constater, c’est que ces deux images sont
fort différentes. Et pour cause… « dans le cas de la prière, nous
notons une activité intense située dans le LOBE FRONTAL ; or, le lobe
frontal est une région impliquée dans la CONVERSATION ».
Etrange ? Eh bien, non, pas tant
que ça… « lorsqu on prie, après tout, on parle à Dieu comme on
parlerait à quelqu’un » !
En revanche, dans la méditation
hindoue ou bouddhiste, le divin n’est pas une personne, mais une essence
abstraite que le méditant s’est fixé pour but de « visualiser » et/ou
de « sentir ».
Voilà qui explique pourquoi un cerveau
en méditation n’offrira pas du tout la même image qu’un cerveau en prière. Chez
lui, l’on notera « des lobes frontaux sans activité ».
On le voit ici, l’expérience
spirituelle ne repose pas sur rien. Elle a une assise neurologique bel et bien
réelle et, de ce fait, s’impose puissamment aux croyants qui la vivent.
Morgan Freeman nous le rappelle, il ne
faut jamais oublier que « NOTRE CERVEAU EST POUR NOUS LE LIEU OU LA
REALITE SE CRISTALLISE ».
La « légitimité », la
« réalité » de Dieu n’est-elle pas là ?
Nous a-t-il inventés ou l’avons-nous
inventé ? Peut-être un peu des deux…
Ce qui est en tout cas certain, c’est
qu’ « il imprègne chaque fibre de notre être », qu’il semble, en
nous, répondre à une sorte de besoin vital, étroitement lié à la nature
humaine.
« Notre croyance pourrait bien
être la chose qui nous rend humains », conclut Morgan.
P.Laranco.
(*)
Dans
un premier temps, on fait essayer (c'est-à-dire porter) au singe tour à tour « deux
paires de lunettes de soleil » de couleur différente dont l’une, la bleue,
noircie à l’intérieur, aveugle complètement celui qui la porte.
Ensuite,
on demande à Billy d’aller donner des bananes, en les déposant sur leurs
genoux, à deux hommes installés dans des fauteuils en face de lui, et portant
chacun l’une des deux paires de lunettes de couleur citées plus haut.
Alors
qu’il sait pertinemment (pour l’avoir portée) que l’homme affublé de la paire
de lunettes bleue n’est pas en mesure de voir quoi que ce soit, Billy,
indifféremment, va remettre une banane à chacun des deux hommes assis. Il ne
tient absolument aucun compte du fait
que l’homme porteur des lunettes bleues se trouve dans la même situation d’aveuglement
que lui quelques instants plus tôt.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire