Plus je sais,
plus je sais
que je ne sais
RIEN
et c’est très bien
ainsi.
La lucidité n’est-elle pas forme extrême, suprême de la
folie ?
Une vie, c’est toujours provisoire. Si l’on fait le
compte, nous passons infiniment plus de temps à inexister qu’à exister.
L’être humain ne peut se construire que par l’imitation
des autres et par l’attention que ceux-ci veulent bien lui accorder. C’est
cette dernière qui, dans les premiers temps de la vie, déterminera le sentiment
qu’il va avoir de sa propre existence même. Si le regard des autres ne lui
accorde aucune espèce d’importance, il ne s’en accordera aucune.
Tel est l’effet – extraordinaire et redoutable – de notre
« cerveau mimétique », dont les chevilles ouvrières sont nos neurones
miroirs. Dès les tout premiers instants de notre existence, il nous relie à
notre entourage d’une manière singulièrement étroite. Nous sommes « programmés »
pour imiter, et pour essayer de capter l’attention et, en ce sens, nous
naissons dépendants et, donc, infiniment fragiles. Par la suite (du moins dans
les sociétés qui promeuvent l’expression de l’individu), tout se passe comme si
nous passions notre vie à nous chercher nous-mêmes, à essayer de savoir qui
nous sommes, voire à nous « créer » nous-mêmes en opposition aux
toutes puissantes influences qui nous ont construites.
Exclure, se désigner un « autre » est,
malheureusement, l’un des réflexes les plus communs et les plus spontanés qui
existent à l’intérieur des groupes humains.
Pour se sentir exister en tant qu’entité homogène,
rassurante, et pour avoir une « cible » qui, en incarnant la
différence et la vulnérabilité, se prête à merveille à l’évacuation de la tension,
de l’agressivité qui existent dans toute communauté animale, un groupe, très
souvent, a besoin d’avoir à sa disposition, c'est-à-dire en son sein ou pas
trop loin de lui, un « souffre-douleur », un marginal, un bouc-
émissaire.
Quand ce n’est pas « le Juif », « le
Noir », « l’étranger », c’est le pauvre, « le Rom »,
la femme, l’homosexuel, l’albinos, le rouquin, le gaucher ou, bien sûr,
le handicapé et le malade mental.
« Vivement que les extraterrestres arrivent ! »
serait-on, à ce compte-là, tenté de dire !
Vivre en groupe, cela veut dire, le plus souvent,
exclure, voire harceler, persécuter un « bouc-émissaire ». Le génie
du philosophe René GIRARD a été de mettre l’accent sur ce phénomène.
L’Homme est grand, par son empathie, mais celle-ci n’est
pas sans limites.
On sait maintenant, par exemple, que notre cerveau ne
peut pas gérer, en moyenne, plus de 150 relations sociales.
Il faut toujours s’efforcer de regarder les choses sous
des angles différents.
Il existe beaucoup de questions sans réponse. En
revanche, il n’existe pas de réponse sans question.
L’origine du savoir est dans la QUESTION, la curiosité.
Ceux qui ne se posent jamais de questions n’apprendront jamais rien.
Pour apprendre, il faut toujours regarder les choses en
ignorant total. Avec le regard humble et curieux du jeune enfant pour qui tout
est surprise.
Seul, l’ignorant a le réflexe, le tic d’interroger tout
ce qui l’entoure. Aucun « monsieur-je-sais-tout » ne s’ouvrira jamais
à la connaissance réelle.
La certitude n’est pas des choses qui nous aident à « avancer ».
Elle fait, en effet, avec la question bien mauvais ménage.
Elle a tendance à fermer les esprits au lieu de les
ouvrir. A circonscrire la vue sur le champ des possibles, comme un trou de
serrure.
P. Laranco.
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