samedi 6 février 2016

Le CARNET DE MARSA d'Arnaud DELCORTE (Belgique).


On guette le soleil on scrute les nuages
Ton souvenir étincelle aux murmures du soleil
On scrute les origines on guette les fins
Et quand ocellent les nuages ton sourire fait mal
*
Une petite joie
Au jeu des moineaux sur les azalées
Une joie certaine
*
Il y a dans mon cœur une béatitude
Grandes palmes malmenées par le vent
Un sentiment puissant d’appartenance
Le vent emporte au loin le cri des corneilles
*
Dans la chambre deux corps nus
Réveillent le désir
Sous une chape de plumes
Un serpent à mille bras
*
Des rivages et des hommes
Des voix s’élèvent à l’intérieur
Tout cela semble irréel
Et je suis déjà loin
*
Une colombe endormie 
A mes pieds
Peut-être une invitation
*
L’Egypte sous le décor
Ces hommes en grosse toile ces jardiniers
Le cuir tanné de l’Egypte et ses visages de sable
*
L’indifférence des éléments
A tout prendre
Une salutaire leçon de choses
*
Voyager sans visa
L’ambassade du souvenir
Ne convoque que larmes
*
Ne pas regretter ce sourire
Qui embrasa à jamais 
Ta sécheresse
*
Sourire à tous
Ou tirer la gueule
Rien ne trouble
Le vide intérieur
*
Etre complaisant avec les autres
Sans pitié avec soi-même
*
Rougir au soleil de ton amour
*
Sans souci de soi-même il faut vivre
Partager la table partager les mets
Et avoir le bon goût de saluer la mort
Lorsqu’elle s’invite au banquet
*
Le travail est à bannir
L’oisiveté est le propre de l’homme
L’origine de toute réflexion
*
L’homme est si peu apte à accepter la vie 
Que son hégémonie ne peut être qu’accidentelle
*
Un colosse Egyptien m’émeut
Evolution ou volonté divine ?
*
Les nuits succèdent aux jours
Le soleil poursuit sa course
Plus rien ne sera écrit
Tout est comme avant
Il n’y aura plus de couleur plus de peine
Plus d’espoir plus de lendemain
Plus d’accident plus de destin
Plus d’impatience dans l’attente de l’aimé
Plus de sang plus de veine ni de désir
Plus de semence ni de germe
Plus d’enfant tétant sa mère
Ni de souvenir d’une victoire
Plus de bon mot ni de mot doux
Plus de langue ni de caresse au réveil
Plus de sourire plus de retour
Plus de haine ni d’amour
Les nuits succèdent aux jours
Le soleil poursuit sa course
Plus rien ne sera écrit
Tout est comme avant
*
La beauté sans âme
Sans espoir de retour
Une théorie de mouches
Envahit mon corps
*
On ne franchit pas l’épaisseur des sentiments
Lorsque l’eau roucoule
Les désirs s’amenuisent
*
Une requête muette
Emane des volutes de fumée
Cigarette rougie
Sur l’onde humide des lèvres
*
Inénarrable le monde se meut cependant
*
Un mojito à la piscine
Le territoire des anges
Sans souci du présent
*
Icebergs à la dérive
Dans le verre
Perfection scintillante
*
Rien ne naît de la pensée
Qui n’ait déjà été pensé
Une piqûre bienfaisante
A l’affleurement du désir
*
Solitude d’une chevelure en feu dans le vide admirable
*
Le désir d’une langue dans la bouche de l’homme
Un sexe-bâton entre les lèvres
Comme un chien tu t’offres sans pudeur
Ou plutôt comme une chienne
*
Ici la rue n’est que poussière
Les enfants gris et bruns au football
Les ricanements et les rixes
Les rires retournent à la poussière
*
Des coquillages en camouflage kaki
Chars d’assauts des mers turquoise
Gouvernent sans partage
*
La cambrure d’un dos miel à la naissance des fesses
Une coupe afro sur lame de couteau
Tu observes le show
Les petites ados au string brillant
Les poignées pointues de seins sous le coton
Tu te retournes vers moi la salive aux dents
Gêné comme par une mouche
*
Silence absolu de la terre un midi
Tout esprit inféodé à la marée
*
Sentir confusément
Que rien ne sera plus comme avant
Que tout est recommencement
*
Ta main sur ma main
Décompte des jours
Dans les bleuissements de l’aube
*
Cimetière d’invertébrés
Des noms étincelant par deux sur le sable
Mémoire des règnes réunis
*
Horizon perdu
Plus que le désert et l’air
Un souffle de poussière maquille la vie
*
Tirer enseignement de toute liberté
De tout engagement
Accepter l’une comme l’autre
Au miroir mouvant des pensées-nuages
*
La vindicte du temps qui nous laisse pantelants
S’insinue sous nos joues nos paupières
Avec la tranquillité géologique des mers lunaires
*
Une allée bouillante de fleurs
Prêtes à bondir
Décoche des sourires
Aux badauds gonflés d’hiver
*
Ne rien retenir
Laisser faire
Le jeu têtu des saisons
*









Arnaud DELCORTE
24-29/01/2016


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