lundi 13 avril 2015

EN HOMMAGE A BILLIE HOLIDAY, CE POÈME, « LE BLUES ».



Noir comme le cafard qu’il transporte avec lui
tel un grand train de nuit
fonçant vers
nulle part.
Enflé
comme sanglots
caillés dans
l’estomac
il serpente en la voix profonde et fatiguée
de ceux dont le gosier
s’est asséché de pleurs
aussi sûrement qu’un oued en saison aride.
Lorsque l’eau lacrymale ne veut plus sortir,
lorsqu’elle en est réduite
à former un caillot
qui a la teinte des soirs
de désespoir sourd
où l’animal en cage tourne et se débat
il ne reste plus que cette expulsion : le BLUES.
Compagnon des rues sordides où la nuit
se bat,
s’agite au comble de la baroque folie,
des verres d’alcool fort et des comptoirs brumeux
au dessus desquels flottent les fantômes gris
des générations
d’ancêtres oubliés
ce maudit, ce témoin de la suppuration
égratigne la chair nocturne faisandée
et lance un formidable, inutile défi
qui ira chercher l’immaculé
dans la poudre.


Aujourd’hui je trinque :
«  à toi, Billie-la-magique,
Billie-la-tragique ! » en lâchant
des larmes sèches.







Patricia Laranco.








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