Noir
comme le cafard qu’il transporte avec lui
tel
un grand train de nuit
fonçant
vers
nulle
part.
Enflé
comme
sanglots
caillés
dans
l’estomac
il
serpente en la voix profonde et fatiguée
de
ceux dont le gosier
s’est
asséché de pleurs
aussi
sûrement qu’un oued en saison aride.
Lorsque
l’eau lacrymale ne veut plus sortir,
lorsqu’elle
en est réduite
à
former un caillot
qui
a la teinte des soirs
de
désespoir sourd
où
l’animal en cage tourne et se débat
il
ne reste plus que cette expulsion : le BLUES.
Compagnon
des rues sordides où la nuit
se
bat,
s’agite
au comble de la baroque folie,
des
verres d’alcool fort et des comptoirs brumeux
au
dessus desquels flottent les fantômes gris
des
générations
d’ancêtres
oubliés
ce
maudit, ce témoin de la suppuration
égratigne
la chair nocturne faisandée
et
lance un formidable, inutile défi
qui
ira chercher l’immaculé
dans
la poudre.
Aujourd’hui
je trinque :
«
à toi, Billie-la-magique,
Billie-la-tragique ! »
en lâchant
des
larmes sèches.
Patricia Laranco.
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