vendredi 3 avril 2015

Un texte en prose de Umar TIMOL (Île Maurice).

Elle sait l’essentiel. Qui tient en quelques mots. Il faut maintenant cesser avec les subterfuges. Il faut que les mots éclatent à sa figure.

Il ne t’aimera jamais.

Ou si, comme un ami, comme un frère, comme une âme-sœur. Mais il n’aimera jamais l’absoluité de ton être. Absoluité. Grand mot, pas vrai. Mais mot juste.


Elle ne peut le contraindre à l’aimer. Elle ne peut le contraindre à la passion.

Elle ne sait que trop bien la syntaxe de cette tragédie. Elle a été parfois l’objet du désir d’un autre. Elle sait ses vacarmes et ses rituels. Elle sait le sentiment d’amitié et parfois de pitié. Mais que puis-je faire ? Je ne t’aime pas. Je ne vous aime pas.

Je vous aime bien par contre. Mais je ne vous aime pas. Et ce n’est pas de ma faute. Je ne suis coupable de rien. Regardez mes mains. Elles sont propres. Nulle trace de sang. Ne comptez pas sur moi pour meurtrir votre chair.

Est-ce donc ce qu’elle est à ses yeux ? Elle sait déjà la réponse. Pourquoi donc se leurrer ? Pourquoi donc se mentir ? Pourquoi donc jouer ?

Que les mots éclatent maintenant, de toute leur force, qu’ils déchirent le parchemin de tes fausses élégances, qu’ils fassent de toi ce que tu es vraiment. Une pauvre folle amoureuse, une dépravée prête à tout, prête à se vautrer dans la boue s’il le faut.

N’as-tu pas tout tenté ? Tout en demeurant bien sûr dans les limites du convenable et du convenu. On ne te surprendra pas à déclamer ton amour sur les toits de toutes les maisons.

Il ne t’aimera jamais. Il ne dira jamais que tu es l’élue, qu’il t’aime au point de briser sa chair, qu’il ne peut vivre sans toi, que tu es son tout, qu’il se sent renaître en ta présence, que tu es son soleil et sa lune et que sais-je encore, il ne te dira jamais les mots qui te rendront à l’euphorie, qui te rendront au bonheur, à la joie, à l’extase.

Tu ne seras jamais sa drogue.

Que les mots éclatent maintenant. Fais en l’incandescence qui enflamme ta peau et ronge tes rêves.

Il. Ne. T’aimera. Jamais.








Umar TIMOL.

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