mercredi 30 mars 2016

Lecture ( psychologie, anthropologie) : Jean-Michel OUGHOURLIAN , "NOTRE TROISIÈME CERVEAU – LA NOUVELLE RÉVOLUTION PSYCHOLOGIQUE", Albin-Michel, 2013 .










Même si on peut ne pas forcément adhérer à tout ce qu’il énonce et propose, ce livre de 336 pages a, au moins, le mérite d’attirer, de focaliser notre attention sur une découverte capitale au plan anthropologique, mais récente, et par conséquent encore assez largement ignorée du grand public, même « cultivé » : celle du rôle que joue le MIMETISME propre aux primates dans le fonctionnement de la psyché humaine (qui fut pointé du doigt, d’abord, par les thèses du philosophe français René GIRARD dans les années 1960) ainsi que de son soubassement biologique, les NEURONES-MIROIRS (effectuée en 1996, en Italie, par Giacomo RIZZOLATTI, par le truchement du PET scan et de l’IRM fonctionnelle), répartis tout aussi bien dans notre cerveau limbique (Le deuxième cerveau, émotionnel et affectif) que dans notre cerveau « raisonnant » (Le premier cerveau, cognitif et rationnel).
Pour la toute première fois, une réalité d’ordre psychologique se trouve solidement étayée scientifiquement par des confirmations d’ordre strictement biologique ! Et ce, au moment même où la psychiatrie se trouve dans une certaine impasse…
Audacieusement, le psychiatre français Jean-Michel OUGHOURLIAN ( lequel travailla avec René GIRARD) s’attelle à la tâche d’essayer de la faire sortir de cette ornière en suggérant non seulement une explication mimétique de l’humain, mais aussi un mode d’appréhension et de traitement « miméticien » des diverses maladies mentales, qui, toutes, seraient dues à un dérèglement de l’harmonie entre nos trois cerveaux : le cortex, le cerveau limbique et le cerveau social (mimétique et relationnel), à savoir le troisième cerveau que constituent les neurones-miroirs.
Selon Oughourlian, ce troisième cerveau serait tout puissant.
On soupçonne déjà très fortement qu’il détermine aussi bien nos facultés de solidarité, de compassion et de communion (grâce à l’empathie, à la THEORIE DE L’ESPRIT) et nos facultés d’apprentissage que notre esprit de rivalité, quelquefois si pesant et si lourd de conséquences (imiter, dans le sens de « détrôner » le modèle, s’approprier ce qu’il est et ce qu’il a ou, si l’on ne peut l’obtenir, tenter de le détruire).
Et il faut bien avouer que, pour peu que l’on y regarder avec plus d’attention, cela saute aux yeux : chez l’Homme (encore plus que chez les singes, ses plus proches parents animaux), tout est affaire d’identification et d’imitation.
Parce que nous sommes des êtres ultra-sociaux, ultra-dépendants à la base, on peut dire qu’en un certain sens, nous sommes tous des imitateurs, des êtres programmés pour mimer, très perméables, au moi propre par voie de conséquence instable et illusoire.
Mais pourquoi avons-nous mis tant de temps (historique) pour nous en aviser ?
Pourquoi le fait de l’accepter, de l’admettre individuellement provoque-t-il, en nous, autant de résistances ?...
Cela signifie-t-il que nous sommes, dans notre grande majorité, affligés de troubles mentaux (plus ou moins graves) ?
A sa façon, ce livre tente d’apporter, à ces questions, des éléments de réponse.
De son propre aveu, l’auteur nous propose une nouvelle grille de lecture.
Alors, une révolution copernicienne version psy est-elle sur le point d’éclater ?
C’est ce qu’appelle vivement de ses vœux l’auteur de cet ouvrage manifestement porté par l’enthousiasme et d’une remarquable ambition.
Reste que la recherche sur les neurones-miroirs et leur nature est encore loin d’être terminée. La complexité extrême de notre cerveau, d’autre part, peut-elle se réduire à des « schémas », des grilles de lecture uniques et simples, comme celle qu’on nous présente ici ?
Bon. Malgré ce qu’en dit le neurologue américain Robert Sylvester [cité page 122] : La découverte des neurones-miroirs est absolument renversante. C’est aussi la  découverte la plus importante et elle est pratiquement négligée parce qu’elle est si monumentale que nul ne sait qu’en faire, fions-nous, avec J.M Oughourlian, à V.S RAMACHANDRAN, autre éminent chercheur qui, en l’an 2 000, a postulé : Je prédis que les neurones-miroirs feront pour la psychologie ce que l’ADN a fait pour la biologie.
Pourquoi pas ?
Nous sommes peut-être, sur ce plan-là, à l’aube d’une nouvelle époque.




P. Laranco.








P. Laranco.

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