LE DÉPART.
Je n’ai jamais su vraiment partir car je n’ai pas d’ailleurs et le ciel ici, sans jamais me consoler tout à fait, ne m’agresse pas, ne m’éreinte pas ; cela est déjà beaucoup, même si je n’ai pas le souvenir que la lumière de cette île m’ait, au moins un jour, arraché un sourire à défaut de la joie céleste qu’on retrouve dans les yeux des enfants.
Mais ais-je vraiment voulu le départ ?
En cet instant précis, alors que je m’ennuie, que je cherche les mots, que la fatigue et l’angoisse se sont enlacées à chacune de mes pensées depuis que ce matin, à l’aube, trop tôt, j’ai ouvert les yeux, je sais qu’il n’a jamais été question de vraiment tout quitter.
Je ne suis pas dupe : je sais que la légèreté ne se trouve pas à l’horizon ; je sais qu’il faut se méfier des illusions tenaces ; qu’il faut s’arrêter à ouvrir les yeux, à se confronter au soleil sans chercher le refuge et la nuit, qu’il faut accepter les morsures du temps, les plaies qu’il nous inflige, les cicatrices laissées par le désarroi, un trop grand chagrin, la douleur vive inhérente aux rencontres et à la fin de l’espérance.
Mais alors me direz-vous, que nous reste-t-il ? Que me reste-t-il ?
Il me reste d’avoir espéré, d’avoir rêvé, d’avoir aimé ; d’avoir cru aux départs et aux voyages, d’avoir parcouru un bout de chemin avec ces êtres de passage, d’avoir cru à l’ailleurs et d’avoir retrouvé le chemin du retour.
La terre est ronde comme une orange et, dans mes yeux, il y a le bleu de ce matin de septembre.
Et on revient toujours au point de départ.
Gillian GENEVIÈVE.
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