Il
est normal que l’idée de notre propre fin nous laisse inconsolable, normal
qu’elle entretienne en nous une angoisse sans nom et sans mesure.
A un
degré ou à un autre, l’obsession de la mort nous guette tous.
A se
demander, parfois, si la dépression est vraiment une maladie…
L’abus et l’excès sont, hélas,
consubstantiels à la nature humaine.
D’où la nécessité de se méfier
sans cesse de sa propre nature (ce qui ne va pas sans fatigue).
Le
nombrilisme de plus en plus prononcé des individus occasionne une indifférence
à l’autre de plus en plus marquée.
Comment
avoir l’espoir de toucher ses semblables, en de telles conditions ?
Tout
ce que tout un chacun peut s’efforcer d’extérioriser, d’offrir à l’autre, de
créer pour l’autre se noie illico dans l’indifférence. Comme un paysage
s’efface dans la brumasse poisseuse et glauque, où tout se perd.
Et la
solitude, le vide – tels des cocons – n’ont plus qu’à se refermer sur chaque
être.
On est toujours le
« jeune », ou le « vieux » de quelqu’un.
Souvent, la France est un pays où l’on vous toise bien plus
que l’on ne vous regarde.
La manipulation par la
victimisation est en train de devenir l’un des grands fléaux psychologiques des
sociétés modernes. Elle constitue un abus, une sorte de détournement pervers
des légitimes revendications afférentes aux Droits de l’Homme.
Nous
sommes tous des provisoires.
La France souffre,
indubitablement, d’une certaine tendance à la lenteur d’évolution, à
l’encroûtement dans les bonnes vieilles routines bien rassurantes, à l’inertie.
C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles elle est, par ailleurs, si
portée aux « grands chambardements », aux explosions révolutionnaires
brutales, qui ébranlent soudain tout le système sans qu’on les ait vu venir.
Elle semble cyclique, comme prise dans une oscillation perpétuelle entre les
longues, les interminables périodes conservatrices, somnolentes et limoneuses
(souvent propres aux vieux pays « terriens ») et les brusques
soubresauts de « ras-le-bol », d’appel au changement, de remise en
cause aiguë riches en turbulences inattendues.
Nous
cultivons tous, aux tréfonds de notre âme, le fantasme à la con que nous sommes
le centre du monde, que nous sommes « mieux que les autres », que
nous sommes parfaits ; nous sommes tous, à un degré ou à un autre, épris
de nous-mêmes, indulgents avec nous-mêmes, basiquement et tripalement,
spontanément intolérants à tout ce qui n’a pas l’insigne
« privilège » de nous ressembler, tant au plan comportemental qu’au
plan de l’aspect physique.
Tous,
nous sommes, également, trop, à l’extrême, sensibles et rebelles aux
frustrations de tous ordres et enclins à n’envisager que nos propres droits,
plutôt que nos devoirs.
L’égo
est la matrice de tout ce que l’humanité compte de conflits, de rejets, de
violences, de racismes : misogynie, racisme classique, xénophobie,
homophobie, rejets des jeunes par les « vieux » et rejets des
« vieux » par les plus jeunes, abus à l’encontre des enfants, mépris
et abus visant les handicapés, peur des pauvres, violence sur les animaux et
atteintes contre l’environnement, la nature dans son ensemble.
Tous
nos maux – tous les maux qui défigurent notre vie sociale et jusqu’à notre
Terre elle-même – ont racine en nous. En CHACUN D’ENTRE NOUS.
Nul
d’entre nous n’en est exempt, ni ne peut s’en prétendre irresponsable. Aucun
cœur d’Homme n’est intact.
Si
l’on « gratte » profond, même le plus saint des Hommes possède sa
face obscure, inexpulsable.
Comment
continuer d’aller de l’avant, si l’on ne prend pas conscience de cela ?
Il y a, en nous, une sorte de
cerveau « secret », « parallèle », qui pense plus vite. Qui
devance, dirait-on, la pensée du cerveau que nous connaissons. Il pense dans la
fulgurance, et, le plus souvent, à notre insu. Dans certains cas, il met nos idées
en place durant notre sommeil.
L’énorme
majorité des gens est faite d’anonymes, d’obscurs. Qui naissent, qui vivent
puis qui retournent, sans faire la moindre vague, à l’oubli.
L’oubli,
le fait qu’ils ne réussissent pas à « marquer » le monde qu’ils traversent
agissent, au fond, un peu comme des annulations de leur passage sur terre.
Il est toujours, pour chaque homme
et pour chaque femme, infiniment plus tentant de se sentir, de se vivre, de se
présenter aux autres comme défavorisé, comme lésé, comme frustré voire comme
victime que comme favorisé, chanceux, bénéficiaire de privilèges.
La position est bien plus
confortable, autrement plus facile à défendre – elle s’accorde infiniment mieux
à l’avidité et à l’égocentrisme humains congénitaux.
Il n’est
pas de performances sans un minimum de confiance en soi, d’estime de soi, et
cela s’applique à tous les domaines de l’activité humaine. Un individu
« cassé » par son environnement et/ou par ses proches aura une réelle
et nette tendance à se promener d’échec en échec, ou à n’avoir que des
réalisations modestes.
La misogynie, compagne séculaire,
millénaire de nos cultures…Encore, hélas, si accrochée, si chevillée à l’âme
d’un si grand nombre d’hommes, et de femmes, au point qu’ils ne se rendent même
pas compte qu’elle les imprègne, qu’elle constitue, chez eux/elles une sorte de
« réflexe », de « tic » profondément ancré – même, parfois,
chez les esprits les plus fins, les plus cultivés, les plus portés à la
réflexion par ailleurs. Au point qu’elle apparaît encore, de nos jours, à bon
nombre de gens comme « naturelle », voire
« légitime » ! Cette gangrène dont on n’arrive encore, souvent,
même pas à distinguer, à réaliser combien elle pèse de tout son poids
d’empêchement, d’intimidation, sur la vie de chaque femme.
Comme
un monde purgé des gens trop épris de pouvoir et se prenant par trop au sérieux
serait plus léger et plus facile à vivre !
Qu’est-ce qui motive un être à
rechercher le pouvoir et le prestige ?
Qu’est-ce qui le porte à la quête
des positions de domination ?
Est-ce une tendance de nature tout
à fait innée, naturelle – liée, en un mot, à ce qu’il est convenu d’appeler une
« personnalité forte », ou encore un « tempérament de
meneur », ou est-ce l’effet plus ou moins direct d’une réaction, d’une
sorte de désir de compenser un état de rabaissement, d’infériorisation subi
antérieurement ?
On
chante souvent l’empathie. Mais celle-ci est à double tranchant. Puissant
ciment du lien social chez les espèces animales qui vivent en groupe (parmi
lesquelles, bien sûr, est l’Homme), elle débouche tout autant sur les douceurs
du lien et de la solidarité entre les êtres que sur les abus que l’on peut
reprocher à la relation d’emprise et à la manipulation.
Les hommes veulent à tout prix que
les femmes partagent leurs obnubilations sexuelles.
Les femmes veulent à tout prix que
les hommes partagent leur sensibilité et leur culte de l’Amour.
Les deux sexes y mettent la même
obstination bornée, crispée.
Chacun se prétend fortement attiré
par l’altérité qui réside en l’autre, mais chacun n’en fait pas moins comme si
le même autre avait des demandes, des attentes totalement identiques aux
siennes.
Est-ce raisonnable ?
Est-ce logique ?
N’est-ce pas la source de bien des
malentendus, de bien des impasses, de bien des déceptions à l’intérieur des
couples ?
Il
est tellement plus difficile, et cela demande tellement plus d’efforts de
prendre la mesure de toutes nos imperfections, de toutes nos carences, de
toutes nos bassesses et d’essayer – ne serait-ce que de façon incomplète,
balbutiante – de s’améliorer que de développer une complaisance, une indulgence
quasi « complice » et bien dans la tradition humaniste envers tous
les travers de la nature humaine !
Il faut tout de même bien se
rendre à l’évidence, au bout du compte : philanthropie (le mot étant pris
dans son sens le plus strict d’ « amour de l’Homme », en stricte
opposition au mot « misanthropie ») et optimisme demandent une énorme
quantité de merde dans les yeux et dans les oreilles !
S’il
y a, sur la plus petite chose, sur le moindre détail qui nous entoure, souvent,
tant à dire, c’est, à n’en pas douter, par ce que le monde est fabuleusement
polymorphe, riche, complexe, plastique !
Entre vingt et cinquante ans, on
peut affirmer qu’on fait partie du présent ; entre zéro et vingt ans, que
l’on fait partie de l’avenir. Et, entre cinquante ans et notre fin, nous
faisons partie du passé.
Etant,
à l’instar des intellectuels, des personnes qui, souvent, fourmillent d’idées
neuves et originales, les artistes et autres créatifs se veulent volontiers
progressistes, voire « révolutionnaires ».
Pourtant,
leur prétention à gagner (de préférence, confortablement) leur vie avec leur
art et à toucher un public cultivé, raffiné, élitaire les rapproche singulièrement
des cercles de la bourgeoisie. Là réside toute l’ ambiguïté de leur position, de
leur raison d’être dans la vie sociale.
Souvent,
cette question – pourtant primordiale – les embarrasse à un tel point qu’ils
préfèrent, de beaucoup, l’éluder en se réclamant de « l’art pour
l’art », de « la beauté pour la beauté ».
La
question des rapports entre les artistes et le peuple, aujourd’hui encore,
demeure passablement fascinante.
Même
issus d’un milieu « populaire » et même autodidactes, les artistes
trouvent des amateurs, des clients dans la bourgeoisie, dans les cercles
sophistiqués, les cercles de pouvoir et d’influence.
C’est
ce qui explique sans doute que leur « engagement révolutionnaire »
soit bien souvent assez passager, voire superficiel, quelques soient, par
ailleurs, leurs déclarations et leurs poses.
Entre
le monde bourgeois, le monde « en place » et celui des exclus et des
marginaux vers lequel les rejette fréquemment leur mode de vie, leur
originalité et leur indépendance d’esprit, ils se trouvent sans cesse à cheval
et, en un sens, ça les désoriente.
Comment,
vraiment, se distancier d’un système social dont on dépend ? Comment, sans
se sentir, tout de même, un peu mal à l’aise, un peu en porte à faux, décrier,
voire vouer aux gémonies des gens sans lesquels il est très dur d’obtenir une
quelconque reconnaissance – parce qu’ils sont, parce qu’ils restent les maîtres
de l’argent et du pouvoir ?
Aujourd’hui, le néocolonialisme
s’octroie de nouveaux visages : l’un de ses grands prétextes est
dorénavant la « protection » de l’Occident (qui serait soi-disant
« assiégé », comme aux temps de l’Empire romain, par d’inépuisables
hordes de miséreux et de terroristes qui n’ont aucun sens de l’humanisme et de
la « démocratie »), laquelle justifie à nouveau – pour des raisons,
cette fois, de « géopolitique », de stratégie – la mise en coupe
réglée du bon vieux globe terrestre dans son ensemble par
l’ « Empire » occidental. « Pax romana » new look, en
somme.
Du XVIe au XIXe siècles, on
cherchait des conquêtes territoriales, des ouvertures commerciales, des marchés
et des matières premières, et l’on ambitionnait de « civiliser » (quand
ce n’était pas de christianiser) l’ensemble du monde.
Au XXIe siècle, on a peur pour la
liberté, pour l’humanisme, pour la démocratie.
L’ordre
établi – tel qu’il existe actuellement dans nos sociétés libérales postmodernes
– s’appuie sur deux piliers : la répression et l’intégration.
Police…Psychiatrie. Deux mots qui
commencent par un « P ». C’est passablement amusant.
La psychiatrie définit ce qui est
réputé « normal » et ce qui ne l’est pas.
Elle classifie et, le cas échéant,
« redresse » les comportements qui s’écartent du comportement courant
attendu de chaque membre du corps social. Pour ce faire, elle s’appuie, en grande
partie, sur les notions de « maladie » et de
« souffrance ». En un certain sens, on peut dire qu’elle prend
prétexte de dysfonctionnements cérébraux et mentaux au demeurant réels (avec
tout le cortège de souffrances individuelles que ceux-ci occasionnent) pour
« redresser des êtres » et pour protéger l’ordre social et
comportemental existant, surtout par le biais de la psychothérapie.
Elle « réintègre »,
« dresse », « resocialise », tout comme la police
« punit » et « réprime ».
Tâches parentes ? Peut-être,
après tout.
Et si la poésie, au fond, n'était qu'une façon de parler
de l'espace...une simple tentative de faire moutonner les mots, d'agrandir leur
souffle un peu comme s'ils avaient vocation de devenir des voiles ?...Et si
elle ne faisait pas autre chose que se proposer d'y attirer, d'y piéger
l'immense envergure de la lumière ?
Il
est vain de vouloir dissocier l'espoir du désespoir.
Ils sont intimes, entrelacés comme s'ils faisaient partie d'un mur de lierre.
Ils sont intimes, entrelacés comme s'ils faisaient partie d'un mur de lierre.
En
France, à l'heure qu'il est, l'embourgeoisement des esprits et les
"réflexes du nanti", de l'"enfant gâté" qui ne pense plus
qu'à protéger le trop-plein d'opulence matérielle dont sa société lui permet de
jouir sont devenus tels que plus cela va, plus les "gens de gauche",
les membres du "peuple de gauche" ressemblent à s'y méprendre à des
socio-démocrates anglais ou, pire encore, à des "libéraux" , au sens
américain du terme. Certes, vu sous un certain angle, c'est un bien : ils
assument de mieux en mieux la position de domination et d'hyper-richesse qui
est celle de leur pays, comme celle de l'ensemble des contrées de l'Europe
occidentale; ils sont, en ce sens, de plus en plus cohérents, de moins en moins
hypocrites.
Mais,
par la même occasion, ils y gagnent considérablement en autosatisfaction de
nanti bien béate, bien chevillée au corps et dûment affichée, en indifférence
teintée de condescendance envers les pauvres de ce monde et en cynisme qui
n'est même pas conscient d'être cynique.
Où
est la gauche révolutionnaire, solidaire, ouverte d'autrefois ?
Le
gavage en biens matériels, la fameuse "pensée unique", et surtout,
peut-être, LA PEUR du Tiers-Monde, du Quart-Monde et des terroristes en auront
eu raison !
Je ne crois pas que les cultes de
la jouissance, de l'amusement, de la consommation, du confort maximal et
l'insouciance qu'ils impliquent prédisposent l'Homme à un progrès quelconque en
matière de maturation mentale. Bien au contraire...Ils l'aveuglent, et portent
au pinacle son nombrilisme, son indifférence froide, son mépris pour tous ceux
qui ne peuvent - ou ne veulent partager ce mode de vie.
Il y a toujours du triste en tout ce qui s'achemine vers
sa fin. Comme, par exemple, en la pente douce d'un beau rayon de soleil
oblique...ou, encore, en l'inclinaison d'une saison qui se termine.
Les fameuses
"incivilités" qui ont, de manière si fréquente (et de plus en plus
fréquente, du reste) cours au milieu des foules, des "ruches"
anonymes des grandes métropoles de la planète peuvent, certes, apparaître comme
mineures comparées à d'autres désagréments plus graves, tels que les délits et
les crimes. N'empêche que leur présence et leur développement, leur
banalisation galopante ne contribuent guère à ce que l'atmosphère de la vie
quotidienne dans les espaces publics urbains se détende, perde en méfiance, en
agressivité, voire en combativité (plus ou moins) latentes. Qu'on le veuille ou
non, elles tissent un climat, elles brodent toute une atmosphère propice à
l'exaspération, et par conséquent à la montée en puissance de l'hostilité, de
la dureté et de l'égoïsme. A force de se "gêner "mutuellement, les
gens n'aspirent plus qu'à demeurer cantonnés dans leur petite
"bulle". Ils ne peuvent que développer une tendance à voir en
l'autre, en l'inconnu qu'ils croisent sans cesse, qu'ils côtoient,
"contraints et forcés", tout au long des dédales de rues, qu'un
"emmerdeur"...pour ne pas dire, encore plus carrément, un
"ennemi", un "obstacle". Ne se sentant pas "respectés"
par leurs semblables, ils n'ont plus du tout envie de les
"respecter"; mimétisme oblige !
Bien entendu, l'éducation
hyper-individualiste et le non moins fameux "stress urbain" moderne
n'arrangent rien.
Les gens qui ne veulent à aucun prix se compliquer
l'existence devraient pourtant savoir que tout, autour d'eux et en eux, est
d'une monstrueuse complexité.
Refuser de se compliquer la vie mène souvent au simplisme réducteur. Cela nous soulage peut-être, mais cela déforme également notre vision, notre compréhension du monde.
Refuser de se compliquer la vie mène souvent au simplisme réducteur. Cela nous soulage peut-être, mais cela déforme également notre vision, notre compréhension du monde.
Il
existe une nouvelle forme de tyrannie : celle de la "pensée positive".
Dans bien des cas, elle ne fait que venir s'ajouter, se superposer à l'égoïsme, à l'indifférence, à la profonde fragilité psychologique de ceux qui ne supportent pas, de ceux qui ne souffrent plus qu'on leur parle de la mort, du deuil, du désespoir, de l'isolement, de la pauvreté, de l'angoisse, de l'injustice sociale criante, etc (la liste n'est, hélas, pas exhaustive).
Fermer les yeux aux détresses qui nous entourent, s'en détourner semble devenu, chez énormément de gens, une sorte de réflexe et, de plus en plus souvent, ils se réclament à présent de la fameuse "pensée positive" et du non moins fameux, omniprésent et très américain "droit au bonheur" pour justifier, légitimer leur attitude. Et, non moins souvent, cela ne fait qu'accentuer, qu'augmenter encore la détresse de ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir - ou de savoir - "saisir le bonheur à pleines mains" ou "profiter de l'instant présent".
Il faut à tout prix marteler, seriner que vous êtes HEU-REUX, et que vous ALLEZ DE L'AVANT !
Plus qu'autrefois encore, il faut épargner aux autres - ces malheureuses petites natures qu'un rien fait sursauter, frémir- le douloureux spectacle de tout ce qui, chez vous, part en capilotade.
Malheur à ceux qui ont des voix discordantes, qui "plombent l'ambiance" de fun généralisé et de capitalisme "dynamique", la "méga-teuf" !
Non contents d'avoir des problèmes et de continuer, même en loucedé, de les avoir, ils ne peuvent plus, à l’heure qu'il est, les partager avec grand-monde.
Par "décence", ils doivent gentiment se limiter aux quatre murs du cabinet du médecin, du psy ou de l'assistante sociale. Il y a des "spécialistes" pour ça.
Tous chez le médecin ou le psy; ils ne s'en rempliront que mieux encore les poches !
Dans bien des cas, elle ne fait que venir s'ajouter, se superposer à l'égoïsme, à l'indifférence, à la profonde fragilité psychologique de ceux qui ne supportent pas, de ceux qui ne souffrent plus qu'on leur parle de la mort, du deuil, du désespoir, de l'isolement, de la pauvreté, de l'angoisse, de l'injustice sociale criante, etc (la liste n'est, hélas, pas exhaustive).
Fermer les yeux aux détresses qui nous entourent, s'en détourner semble devenu, chez énormément de gens, une sorte de réflexe et, de plus en plus souvent, ils se réclament à présent de la fameuse "pensée positive" et du non moins fameux, omniprésent et très américain "droit au bonheur" pour justifier, légitimer leur attitude. Et, non moins souvent, cela ne fait qu'accentuer, qu'augmenter encore la détresse de ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir - ou de savoir - "saisir le bonheur à pleines mains" ou "profiter de l'instant présent".
Il faut à tout prix marteler, seriner que vous êtes HEU-REUX, et que vous ALLEZ DE L'AVANT !
Plus qu'autrefois encore, il faut épargner aux autres - ces malheureuses petites natures qu'un rien fait sursauter, frémir- le douloureux spectacle de tout ce qui, chez vous, part en capilotade.
Malheur à ceux qui ont des voix discordantes, qui "plombent l'ambiance" de fun généralisé et de capitalisme "dynamique", la "méga-teuf" !
Non contents d'avoir des problèmes et de continuer, même en loucedé, de les avoir, ils ne peuvent plus, à l’heure qu'il est, les partager avec grand-monde.
Par "décence", ils doivent gentiment se limiter aux quatre murs du cabinet du médecin, du psy ou de l'assistante sociale. Il y a des "spécialistes" pour ça.
Tous chez le médecin ou le psy; ils ne s'en rempliront que mieux encore les poches !
P.
Laranco.
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