mardi 16 septembre 2014

Réfléchissons...

Il est normal que l’idée de notre propre fin nous laisse inconsolable, normal qu’elle entretienne en nous une angoisse sans nom et sans mesure.
A un degré ou à un autre, l’obsession de la mort nous guette tous.
A se demander, parfois, si la dépression est vraiment une maladie…




L’abus et l’excès sont, hélas, consubstantiels à la nature humaine.
D’où la nécessité de se méfier sans cesse de sa propre nature (ce qui ne va pas sans fatigue).




Le nombrilisme de plus en plus prononcé des individus occasionne une indifférence à l’autre de plus en plus marquée.
Comment avoir l’espoir de toucher ses semblables, en de telles conditions ?
Tout ce que tout un chacun peut s’efforcer d’extérioriser, d’offrir à l’autre, de créer pour l’autre se noie illico dans l’indifférence. Comme un paysage s’efface dans la brumasse poisseuse et glauque, où tout se perd.
Et la solitude, le vide – tels des cocons – n’ont plus qu’à se refermer sur chaque être.




On est toujours le « jeune », ou le « vieux » de quelqu’un.




Souvent, la France est un pays où l’on vous toise bien plus que l’on ne vous regarde.



La manipulation par la victimisation est en train de devenir l’un des grands fléaux psychologiques des sociétés modernes. Elle constitue un abus, une sorte de détournement pervers des légitimes revendications afférentes aux Droits de l’Homme.




Nous sommes tous des provisoires.



La France souffre, indubitablement, d’une certaine tendance à la lenteur d’évolution, à l’encroûtement dans les bonnes vieilles routines bien rassurantes, à l’inertie. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles elle est, par ailleurs, si portée aux « grands chambardements », aux explosions révolutionnaires brutales, qui ébranlent soudain tout le système sans qu’on les ait vu venir. Elle semble cyclique, comme prise dans une oscillation perpétuelle entre les longues, les interminables périodes conservatrices, somnolentes et limoneuses (souvent propres aux vieux pays « terriens ») et les brusques soubresauts de « ras-le-bol », d’appel au changement, de remise en cause aiguë riches en turbulences inattendues.



Nous cultivons tous, aux tréfonds de notre âme, le fantasme à la con que nous sommes le centre du monde, que nous sommes « mieux que les autres », que nous sommes parfaits ; nous sommes tous, à un degré ou à un autre, épris de nous-mêmes, indulgents avec nous-mêmes, basiquement et tripalement, spontanément intolérants à tout ce qui n’a pas l’insigne « privilège » de nous ressembler, tant au plan comportemental qu’au plan de l’aspect physique.
Tous, nous sommes, également, trop, à l’extrême, sensibles et rebelles aux frustrations de tous ordres et enclins à n’envisager que nos propres droits, plutôt que nos devoirs.
L’égo est la matrice de tout ce que l’humanité compte de conflits, de rejets, de violences, de racismes : misogynie, racisme classique, xénophobie, homophobie, rejets des jeunes par les « vieux » et rejets des « vieux » par les plus jeunes, abus à l’encontre des enfants, mépris et abus visant les handicapés, peur des pauvres, violence sur les animaux et atteintes contre l’environnement, la nature dans son ensemble.
Tous nos maux – tous les maux qui défigurent notre vie sociale et jusqu’à notre Terre elle-même – ont racine en nous. En CHACUN D’ENTRE NOUS.
Nul d’entre nous n’en est exempt, ni ne peut s’en prétendre irresponsable. Aucun cœur d’Homme n’est intact.
Si l’on « gratte » profond, même le plus saint des Hommes possède sa face obscure, inexpulsable.
Comment continuer d’aller de l’avant, si l’on ne prend pas conscience de cela ?



Il y a, en nous, une sorte de cerveau « secret », « parallèle », qui pense plus vite. Qui devance, dirait-on, la pensée du cerveau que nous connaissons. Il pense dans la fulgurance, et, le plus souvent, à notre insu. Dans certains cas, il met nos idées en place durant notre sommeil.


L’énorme majorité des gens est faite d’anonymes, d’obscurs. Qui naissent, qui vivent puis qui retournent, sans faire la moindre vague, à l’oubli.
L’oubli, le fait qu’ils ne réussissent pas à « marquer » le monde qu’ils traversent agissent, au fond, un peu comme des annulations de leur passage sur terre.



Il est toujours, pour chaque homme et pour chaque femme, infiniment plus tentant de se sentir, de se vivre, de se présenter aux autres comme défavorisé, comme lésé, comme frustré voire comme victime que comme favorisé, chanceux, bénéficiaire de privilèges.
La position est bien plus confortable, autrement plus facile à défendre – elle s’accorde infiniment mieux à l’avidité et à l’égocentrisme humains congénitaux.



Il n’est pas de performances sans un minimum de confiance en soi, d’estime de soi, et cela s’applique à tous les domaines de l’activité humaine. Un individu « cassé » par son environnement et/ou par ses proches aura une réelle et nette tendance à se promener d’échec en échec, ou à n’avoir que des réalisations modestes.



La misogynie, compagne séculaire, millénaire de nos cultures…Encore, hélas, si accrochée, si chevillée à l’âme d’un si grand nombre d’hommes, et de femmes, au point qu’ils ne se rendent même pas compte qu’elle les imprègne, qu’elle constitue, chez eux/elles une sorte de « réflexe », de « tic » profondément ancré – même, parfois, chez les esprits les plus fins, les plus cultivés, les plus portés à la réflexion par ailleurs. Au point qu’elle apparaît encore, de nos jours, à bon nombre de gens comme « naturelle », voire « légitime » ! Cette gangrène dont on n’arrive encore, souvent, même pas à distinguer, à réaliser combien elle pèse de tout son poids d’empêchement, d’intimidation, sur la vie de chaque femme.



Comme un monde purgé des gens trop épris de pouvoir et se prenant par trop au sérieux serait plus léger et plus facile à vivre !



Qu’est-ce qui motive un être à rechercher le pouvoir et le prestige ?
Qu’est-ce qui le porte à la quête des positions de domination ?
Est-ce une tendance de nature tout à fait innée, naturelle – liée, en un mot, à ce qu’il est convenu d’appeler une « personnalité forte », ou encore un « tempérament de meneur », ou est-ce l’effet plus ou moins direct d’une réaction, d’une sorte de désir de compenser un état de rabaissement, d’infériorisation subi antérieurement ?



On chante souvent l’empathie. Mais celle-ci est à double tranchant. Puissant ciment du lien social chez les espèces animales qui vivent en groupe (parmi lesquelles, bien sûr, est l’Homme), elle débouche tout autant sur les douceurs du lien et de la solidarité entre les êtres que sur les abus que l’on peut reprocher à la relation d’emprise et à la manipulation.



Les hommes veulent à tout prix que les femmes partagent leurs obnubilations sexuelles.
Les femmes veulent à tout prix que les hommes partagent leur sensibilité et leur culte de l’Amour.
Les deux sexes y mettent la même obstination bornée, crispée.
Chacun se prétend fortement attiré par l’altérité qui réside en l’autre, mais chacun n’en fait pas moins comme si le même autre avait des demandes, des attentes totalement identiques aux siennes.
Est-ce raisonnable ?
Est-ce logique ?
N’est-ce pas la source de bien des malentendus, de bien des impasses, de bien des déceptions à l’intérieur des couples ?



Il est tellement plus difficile, et cela demande tellement plus d’efforts de prendre la mesure de toutes nos imperfections, de toutes nos carences, de toutes nos bassesses et d’essayer – ne serait-ce que de façon incomplète, balbutiante – de s’améliorer que de développer une complaisance, une indulgence quasi « complice » et bien dans la tradition humaniste envers tous les travers de la nature humaine !



Il faut tout de même bien se rendre à l’évidence, au bout du compte : philanthropie (le mot étant pris dans son sens le plus strict d’ « amour de l’Homme », en stricte opposition au mot « misanthropie ») et optimisme demandent une énorme quantité de merde dans les yeux et dans les oreilles !



S’il y a, sur la plus petite chose, sur le moindre détail qui nous entoure, souvent, tant à dire, c’est, à n’en pas douter, par ce que le monde est fabuleusement polymorphe, riche, complexe, plastique !


Entre vingt et cinquante ans, on peut affirmer qu’on fait partie du présent ; entre zéro et vingt ans, que l’on fait partie de l’avenir. Et, entre cinquante ans et notre fin, nous faisons partie du passé.


Etant, à l’instar des intellectuels, des personnes qui, souvent, fourmillent d’idées neuves et originales, les artistes et autres créatifs se veulent volontiers progressistes, voire « révolutionnaires ».
Pourtant, leur prétention à gagner (de préférence, confortablement) leur vie avec leur art et à toucher un public cultivé, raffiné, élitaire les rapproche singulièrement des cercles de la bourgeoisie. Là réside toute l’ ambiguïté de leur position, de leur raison d’être dans la vie sociale.
Souvent, cette question – pourtant primordiale – les embarrasse à un tel point qu’ils préfèrent, de beaucoup, l’éluder en se réclamant de « l’art pour l’art », de « la beauté pour la beauté ».
La question des rapports entre les artistes et le peuple, aujourd’hui encore, demeure passablement fascinante.
Même issus d’un milieu « populaire » et même autodidactes, les artistes trouvent des amateurs, des clients dans la bourgeoisie, dans les cercles sophistiqués, les cercles de pouvoir et d’influence.
C’est ce qui explique sans doute que leur « engagement révolutionnaire » soit bien souvent assez passager, voire superficiel, quelques soient, par ailleurs, leurs déclarations et leurs poses.
Entre le monde bourgeois, le monde « en place » et celui des exclus et des marginaux vers lequel les rejette fréquemment leur mode de vie, leur originalité et leur indépendance d’esprit, ils se trouvent sans cesse à cheval et, en un sens, ça les désoriente.
Comment, vraiment, se distancier d’un système social dont on dépend ? Comment, sans se sentir, tout de même, un peu mal à l’aise, un peu en porte à faux, décrier, voire vouer aux gémonies des gens sans lesquels il est très dur d’obtenir une quelconque reconnaissance – parce qu’ils sont, parce qu’ils restent les maîtres de l’argent et du pouvoir ?


Aujourd’hui, le néocolonialisme s’octroie de nouveaux visages : l’un de ses grands prétextes est dorénavant la « protection » de l’Occident (qui serait soi-disant « assiégé », comme aux temps de l’Empire romain, par d’inépuisables hordes de miséreux et de terroristes qui n’ont aucun sens de l’humanisme et de la « démocratie »), laquelle justifie à nouveau – pour des raisons, cette fois, de « géopolitique », de stratégie – la mise en coupe réglée du bon vieux globe terrestre dans son ensemble par l’ « Empire » occidental. « Pax romana » new look, en somme.
Du XVIe au XIXe siècles, on cherchait des conquêtes territoriales, des ouvertures commerciales, des marchés et des matières premières, et l’on ambitionnait de « civiliser » (quand ce n’était pas de christianiser) l’ensemble du monde.
Au XXIe siècle, on a peur pour la liberté, pour l’humanisme, pour la  démocratie.


L’ordre établi – tel qu’il existe actuellement dans nos sociétés libérales postmodernes – s’appuie sur deux piliers : la répression et l’intégration.


Police…Psychiatrie. Deux mots qui commencent par un « P ». C’est passablement amusant.
La psychiatrie définit ce qui est réputé « normal » et ce qui ne l’est pas.
Elle classifie et, le cas échéant, « redresse » les comportements qui s’écartent du comportement courant attendu de chaque membre du corps social. Pour ce faire, elle s’appuie, en grande partie, sur les notions de « maladie » et de « souffrance ». En un certain sens, on peut dire qu’elle prend prétexte de dysfonctionnements cérébraux et mentaux au demeurant réels (avec tout le cortège de souffrances individuelles que ceux-ci occasionnent) pour « redresser des êtres » et pour protéger l’ordre social et comportemental existant, surtout par le biais de la psychothérapie.
Elle « réintègre », « dresse », « resocialise », tout comme la police « punit » et « réprime ».
Tâches parentes ? Peut-être, après tout.


Et si la poésie, au fond, n'était qu'une façon de parler de l'espace...une simple tentative de faire moutonner les mots, d'agrandir leur souffle un peu comme s'ils avaient vocation de devenir des voiles ?...Et si elle ne faisait pas autre chose que se proposer d'y attirer, d'y piéger l'immense envergure de la lumière ?


Il est vain de vouloir dissocier l'espoir du désespoir.
Ils sont intimes, entrelacés comme s'ils faisaient partie d'un mur de lierre.


En France, à l'heure qu'il est, l'embourgeoisement des esprits et les "réflexes du nanti", de l'"enfant gâté" qui ne pense plus qu'à protéger le trop-plein d'opulence matérielle dont sa société lui permet de jouir sont devenus tels que plus cela va, plus les "gens de gauche", les membres du "peuple de gauche" ressemblent à s'y méprendre à des socio-démocrates anglais ou, pire encore, à des "libéraux" , au sens américain du terme. Certes, vu sous un certain angle, c'est un bien : ils assument de mieux en mieux la position de domination et d'hyper-richesse qui est celle de leur pays, comme celle de l'ensemble des contrées de l'Europe occidentale; ils sont, en ce sens, de plus en plus cohérents, de moins en moins hypocrites.
Mais, par la même occasion, ils y gagnent considérablement en autosatisfaction de nanti bien béate, bien chevillée au corps et dûment affichée, en indifférence teintée de condescendance envers les pauvres de ce monde et en cynisme qui n'est même pas conscient d'être cynique.
Où est la gauche révolutionnaire, solidaire, ouverte d'autrefois ?
Le gavage en biens matériels, la fameuse "pensée unique", et surtout, peut-être, LA PEUR du Tiers-Monde, du Quart-Monde et des terroristes en auront eu raison !



Je ne crois pas que les cultes de la jouissance, de l'amusement, de la consommation, du confort maximal et l'insouciance qu'ils impliquent prédisposent l'Homme à un progrès quelconque en matière de maturation mentale. Bien au contraire...Ils l'aveuglent, et portent au pinacle son nombrilisme, son indifférence froide, son mépris pour tous ceux qui ne peuvent - ou ne veulent partager ce mode de vie.


Il y a toujours du triste en tout ce qui s'achemine vers sa fin. Comme, par exemple, en la pente douce d'un beau rayon de soleil oblique...ou, encore, en l'inclinaison d'une saison qui se termine.


Les fameuses "incivilités" qui ont, de manière si fréquente (et de plus en plus fréquente, du reste) cours au milieu des foules, des "ruches" anonymes des grandes métropoles de la planète peuvent, certes, apparaître comme mineures comparées à d'autres désagréments plus graves, tels que les délits et les crimes. N'empêche que leur présence et leur développement, leur banalisation galopante ne contribuent guère à ce que l'atmosphère de la vie quotidienne dans les espaces publics urbains se détende, perde en méfiance, en agressivité, voire en combativité (plus ou moins) latentes. Qu'on le veuille ou non, elles tissent un climat, elles brodent toute une atmosphère propice à l'exaspération, et par conséquent à la montée en puissance de l'hostilité, de la dureté et de l'égoïsme. A force de se "gêner "mutuellement, les gens n'aspirent plus qu'à demeurer cantonnés dans leur petite "bulle". Ils ne peuvent que développer une tendance à voir en l'autre, en l'inconnu qu'ils croisent sans cesse, qu'ils côtoient, "contraints et forcés", tout au long des dédales de rues, qu'un "emmerdeur"...pour ne pas dire, encore plus carrément, un "ennemi", un "obstacle". Ne se sentant pas "respectés" par leurs semblables, ils n'ont plus du tout envie de les "respecter"; mimétisme oblige !
Bien entendu, l'éducation hyper-individualiste et le non moins fameux "stress urbain" moderne n'arrangent rien.



Les gens qui ne veulent à aucun prix se compliquer l'existence devraient pourtant savoir que tout, autour d'eux et en eux, est d'une monstrueuse complexité.
Refuser de se compliquer la vie mène souvent au simplisme réducteur. Cela nous soulage peut-être, mais cela déforme également notre vision, notre compréhension du monde.


Il existe une nouvelle forme de tyrannie : celle de la "pensée positive".
Dans bien des cas, elle ne fait que venir s'ajouter, se superposer à l'égoïsme, à l'indifférence, à la profonde fragilité psychologique de ceux qui ne supportent pas, de ceux qui ne souffrent plus qu'on leur parle de la mort, du deuil, du désespoir, de l'isolement, de la pauvreté, de l'angoisse, de l'injustice sociale criante, etc (la liste n'est, hélas, pas exhaustive).
Fermer les yeux aux détresses qui nous entourent, s'en détourner semble devenu, chez énormément de gens, une sorte de réflexe et, de plus en plus souvent, ils se réclament à présent de la fameuse "pensée positive" et du non moins fameux, omniprésent et très américain "droit au bonheur" pour justifier, légitimer leur attitude. Et, non moins souvent, cela ne fait qu'accentuer, qu'augmenter encore la détresse de ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir - ou de savoir - "saisir le bonheur à pleines mains" ou "profiter de l'instant présent".
Il faut à tout prix marteler, seriner que vous êtes HEU-REUX, et que vous ALLEZ DE L'AVANT !
Plus qu'autrefois encore, il faut épargner aux autres - ces malheureuses petites natures qu'un rien fait sursauter, frémir- le douloureux spectacle de tout ce qui, chez vous, part en capilotade.
Malheur à ceux qui ont des voix discordantes, qui "plombent l'ambiance" de fun généralisé et de capitalisme "dynamique", la "méga-teuf" !
Non contents d'avoir des problèmes et de continuer, même en loucedé, de les avoir, ils ne peuvent plus, à l’heure qu'il est, les partager avec grand-monde.
Par "décence", ils doivent gentiment se limiter aux quatre murs du cabinet du médecin, du psy ou de l'assistante sociale. Il y a des "spécialistes" pour ça.
Tous chez le médecin ou le psy; ils ne s'en rempliront que mieux encore les poches !




P. Laranco.












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