Je n'aime pas que le bleu du ciel
éclabousse le gris du temps et le silence feint de ce mois de mai.
Je n'aime pas les mensonges de ce
jardin des vivants emmuré aux quatre coins des vents.
Ici, règne l'ennui, l'art défait
d'une pensée en berne; là, règne le murmure de ce jour distordu par les relents
de la paresse et de la servilité;
Et, je suis pris au milieu de
l'impartageable lumière, à la place de Dieu, englué dans les mots, ces méandres
et le leurre du vécu;
Et, je suis pris dans le refus du
hasard, ce temps volage à hauteur d'homme, parachevant l'histoire dans des
bains de sang;
Et, je suis pris, soldat inconnu,
à l'abri des causes et de la foi, dans cet instant faussement lisible, la plume
et la mémoire vacillant au bord de la page blanche;
Et, je suis pris à la dérive du
sens et de la nuit, le visage inanimé, le regard éteint, l'ombre inscrite dans
la pierre, en absence du soleil et de l'été.
Il fait froid ce soir et je relis
mes mots, royaume corrompu d'un cœur fatigué. Ma parole est à l'image des
arbres: sans chair et inutile.
Mais, j'ai écrit ce poème, sans
remords, pour fissurer le mur des temps et m'offrir, amorphe, sous les
feuillages d'un amour perdu, au règne du récit et des illusions.
Toi qui me lis, sache que je n'appartiens
plus au jardin des vivants; je remonte au fil des mots vers le silence et
l'oubli.
Toi qui me lis, sache que je fus
un homme.
Aujourd'hui, j'écris.
Gillian GENEVIÈVE.
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