Afrique lointaine, mère perdue. Ardeur nègre de l’esprit
juvénile.
Empires sans âge, fleuves de langues, peuples des arts.
Ethnies colo-niées, frontières dressées, mappemonde
recréée.
Civilisation d’avant l’Occident, philosophie
proverbiale.
Agonie douloureuse d’une terre démantibulée, captive de
souvenirs en cale.
Il lui faudrait des chaloupes d’oubli, des barrières
explosées, des navires de fraternité.
Dissoudre le noir de l’angoisse et déployer le ferment
de l’énergie.
Comment digérer l’incompréhension ?
Douleur des valeurs tombées, mort des langues empêchées.
Conscience crucifiée qui ne sait se renouveler.
Le vouloir, tétanisé, erre dans un présent spolié.
Afrique, ruine des crasses aveugles, berceau d’enfants
frais.
Avec son passé comme les râles d’une maladie sans fin.
Comment renaître d’un cadavre ?
Faim primale d’un avenir, éveil flottant, l’Africain
râle, la chair en feu.
Il lui faudra briser les crocs de la hyène-mémoire,
survivre aux fers du vertige, disperser la colère de vengeance.
Se défaire de l’abîme pour ne pas perdre son âme,
renoncer à la solitude infernale de la victime.
Laisser les sorcières de la haine à leurs déhanchements
barbares.
Dresser sa présence au fourneau de la vie, haler à soi
une lucidité imperturbable.
Et se hisser au chant lumineux d’un horizon nouveau.
Edith BERTHUIT
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