Tu ne peux pas te cacher de la
lumière. Elle te guettera et se faufilera toujours par les fenêtres et dans les
interstices pour te défaire de ces artifices inutiles et te rendre à la nudité
et aux prémisses de l’amour.
Tu n’as laissé aucune adresse, et tu
as fermé les yeux, ou tu fais semblant. Mais, je n’ai pas besoin de ton regard
pour me frayer un chemin dans le dédale du désir.
J’ai déjà appris la géographie de
ton corps, et chaque jeudi, te souviens-tu, jamais coupable, à jamais
innocent, au seuil de la raison et du plaisir ajourné, je me suis enivré du sel
de ta peau, me brûlant les lèvres et le bout de la langue, pris dans les draps
froissés de la mémoire, encagé volontaire entre tes jambes jamais lasses de
caresses et de baisers.
Je me souviens de ta chemisette
déboutonnée et du paysage de ton ventre parsemé d’ombres et de secrets,
effleuré du bout de mes doigts et de mes mots à venir, pris dans l’inattention
du moment et la suspension du temps pour permettre l’absence, la folie et le
poème.
Je me souviens de ces vers volés sur
tes seins pendant qu’une goutte de ta sueur coulait contre ma peau pour
ensemencer l’imaginaire et la possibilité de l’écrit.
Je me souviens de ta silhouette
refusant toute rémission des peines, obéissant aux seules lois de l’excès, de
l’interdit et des rêves.
Tu n’as pas ouvert les yeux, tu ne
t’es pas retournée quand j’ai murmuré ton prénom et, la nuit venue, je t’ai
laissée où nul ne peut demeurer ni entrer sans ton consentement.
Au seuil du vrai, au cœur du
mensonge, entre l’immuable de la pierre et de la songerie, la où s’achève le
récit, là où commence l’exil et la douleur, je t’ai laissée, je t’ai aimée.
Gillian GENEVIÈVE.
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