lundi 28 janvier 2019

Un autre texte en prose, cette fois de l'auteur mauricien Gillian GENEVIÈVE.



Tu ne peux pas te cacher de la lumière. Elle te guettera et se faufilera toujours par les fenêtres et dans les interstices pour te défaire de ces artifices inutiles et te rendre à la nudité et aux prémisses de l’amour.

Tu n’as laissé aucune adresse, et tu as fermé les yeux, ou tu fais semblant. Mais, je n’ai pas besoin de ton regard pour me frayer un chemin dans le dédale du désir.

J’ai déjà appris la géographie de ton corps, et chaque jeudi, te souviens-tu, jamais coupable, à jamais innocent, au seuil de la raison et du plaisir ajourné, je me suis enivré du sel de ta peau, me brûlant les lèvres et le bout de la langue, pris dans les draps froissés de la mémoire, encagé volontaire entre tes jambes jamais lasses de caresses et de baisers.

Je me souviens de ta chemisette déboutonnée et du paysage de ton ventre parsemé d’ombres et de secrets, effleuré du bout de mes doigts et de mes mots à venir, pris dans l’inattention du moment et la suspension du temps pour permettre l’absence, la folie et le poème.

Je me souviens de ces vers volés sur tes seins pendant qu’une goutte de ta sueur coulait contre ma peau pour ensemencer l’imaginaire et la possibilité de l’écrit.

Je me souviens de ta silhouette refusant toute rémission des peines, obéissant aux seules lois de l’excès, de l’interdit et des rêves.

Tu n’as pas ouvert les yeux, tu ne t’es pas retournée quand j’ai murmuré ton prénom et, la nuit venue, je t’ai laissée où nul ne peut demeurer ni entrer sans ton consentement.

Au seuil du vrai, au cœur du mensonge, entre l’immuable de la pierre et de la songerie, la où s’achève le récit, là où commence l’exil et la douleur, je t’ai laissée, je t’ai aimée. 






Gillian GENEVIÈVE.











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