mercredi 16 octobre 2019

Richard TAILLEFER (France).



Dans mon jardin, il n’y a que des roses. Mais elles sont toutes les unes différentes des autres. De magnifiques roses rouges intenses à double boutons. Une rose très foncée presque noire au col jaune. Rosier orangé au parfum d’agrume, esseulé dans la tiédeur flamboyante d’un fuchsia à la cravate striée de blanc.

Les fleurs des champs de mon enfance, je les aime tout autant.

Parfois, lorsque la nuit m'enveloppe peu à peu, je chante à haute voix les couleurs de mon modeste pré carré en admirant la lune guincher sur le toit. J’en oublierai presque les embarras du monde. La vie n’est pas toujours ce qu’on voudrait qu’elle soit. J’entends tonner l’orage des maux de ceux qui en haut du belvédère bredouillent leurs statistiques multicolores. Chant d’apothéose d'une névrose collective. J’incline le front jusqu’à en perdre mon latin et le nom des choses.

Mes rêves ne peuvent ignorer le chemin des autres. Il en va de nous comme de ces fleurs qui se croisent dans mon jardin ouvert aux quatre vents. Avec des yeux tout ronds et mon gros nez rouge, je fais la nique aux tyrans d’arc en ciel. Tristes hommes qui mettent partout de l’ordre.

Même la couleur des roses n’est pas identique au soleil.

























Richard TAILLEFER.  
In  PoéVie Blues,  éditions Prem'édit,  2015.












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