Chez les animaux complexes (reptiles, mammifères), le cerveau était un organe qui se contentait de coordonner, de "piloter" (de mieux en mieux à chaque palier d'une évolution très progressive) l'organisme de la créature de façon à ce que celle-ci soit la mieux armée possible pour s'adapter à son environnement, pour y réagir efficacement, pour survivre. Mais, chez l'Homme, cet organe a atteint un tel degré d'hypertrophie (superflue ?) qu'il s'est mis à "marcher tout seul", à avoir une vie propre et, finalement, à "occuper toute la place".
Tel est, sans doute, ce qui constitue notre plus grande particularité et aussi notre plus grand mystère. Est-ce survenu par simple "utilité" ou par accident ? Cela devait-il nécessairement, en toute logique, se produire un jour ?
Le temps fait peur.
C'est pourquoi tant de gens restent figés, bloqués dans le passé. Toujours, cette obsession humaine d'agir, coûte que coûte, sur des phénomènes incontrôlables !
La peur du temps est aussi, bien sûr, celle de la transformation, de la mort, de l'impermanence fondamentale. Et elle explique, aussi, l'attachement à la permanence des cadres, des valeurs, des habitudes et des croyances. En un mot, le conservatisme.
La peur du temps donne tout pouvoir au passé sur le présent, sur le futur. De façon on ne peut plus paradoxale, c'est en voulant combattre la mort qu'elle en arrive à vouer un culte à ce qui est disparu, obsolète et qu'en procédant de la sorte, elle cherche à immobiliser, à momifier, à nier les choses vives, dynamiques.
Mais le monde est, dans sa nature même, créativité sans répit. Ce qu'il réclame de l'Homme - comme de tous les êtres - c'est de l'adaptation, de l'évolution.
Ou bien l'on apprend à surfer sur l'impérieuse vague du temps, ou bien l'on se trouve condamné à souffrir et/ou à se réfugier dans la folie.
Le temps est un courant qui ne se laisse jamais impunément prendre "à rebrousse-poils" !
Gardons-nous - et garons-nous - de ces esclavages de l'âme et du corps que sont les addictions et les idées fixes : drogues, alcool, jeu, sexe, amour, accumulation des objets et des biens, télévision, internet, connaissance, argent, pouvoir, travail, maternité, etc. Si j'écris "etc", c'est que, chez l'Homme, au fond, toute activité, toute préoccupation est susceptible de dégénérer en idée fixe aliénante.
Il y a, chez les femmes, de par une tradition millénaire, une éducation au paraître et au centrage sur leur propre corps (et, partant, sur leur propre personne) qui les rend assez peu enclines à s'intéresser à des choses plus abstraites et plus profondes, tout en les prédisposant à un comportement de "reines des abeilles" qui, bien souvent, les expose aux sarcasmes.
Maintenant, nous savons que l'intelligence, que la pensée animales existent. Divers travaux scientifiques menés sur certains oiseaux (les cacatoès et les corvidés), sur les chiens et, bien entendu, sur les singes (macaques et, naturellement, orang-outans et chimpanzés) nous inclinent désormais à soupçonner que la pensée peut parfaitement exister sans qu'il y ait langage, au sens humain du terme. Il existe une autre forme de pensée, de mémorisation, de représentation mentale : par images.
Les animaux associent des idées, font des liens, se souviennent sous forme imagée. Dans certains cas, ils se révèlent en mesure d'accomplir certaines opérations mentales complexes avec une rapidité qui fait défaut aux enfants humains d'âge pré-langagier ou, même, à ceux qui ont entre deux et trois ans.
Alors ? Que leur "manque"-t-il ? Et pouvons-nous vraiment comprendre ce qui se passe dans leur tête ?
Pourquoi est-ce nous qui avons atteint un tel degré d'ingéniosité, de conscience, de complexité cérébrale ?
Quel rôle le langage humain - en particulier la syntaxe, qui leur demeure inaccessible - a-t-il joué ?
Le monde qui nous entoure fourmille de questions. C'est une forêt de points d'interrogation vertigineuse .
Les médias occidentaux adorent faire dans le sensationnalisme à coloration "exotique". Surfant sur la vague féministe qui secoue actuellement (et avec raison) le monde, ils nous matraquent à tour de bras d'images de femmes voilées, claustrées, lapidées, maltraitées, agressées, violées -voire assassinées - dans les contrées musulmanes du monde oriental et d'Afrique Noire.
Cela donne une vision complètement déformée, outrée de l'islam.
Bien entendu, malheureusement, ces cas existent, et il ne saurait être question de les passer sous silence, de ne pas les dénoncer.
Mais alors, si l'on veut faire dans la "croisade" féministe, il faut aussi parler - de la même manière - de ce que continuent de subir les femmes dans les pays où elles sont soi-disant "libérées" : pornographie prostitution, violence domestique, droit de cuissage, harcèlements ( au travail, dans la rue)...L'affaire Strauss-Kahn est-elle moins choquante, moins révoltante que la contrainte que font certains hommes musulmans à leurs femmes de porter burqa ? Le nombre alarmant de serial killers aux USA est-il plus réjouissant que le nombre de lapidations en Afghanistan, sans parler de la fascination que ces sauvages "chasseurs" et destructeurs de femmes suscite dans le public occidental ?
Il n'est pas, hélas, de pays, de culture où les femmes n'aient pas à subir le mépris, la brutalité, la répression sous une forme ou sous une autre et, en Occident, quoiqu'on tende à nous faire accroire, ces problèmes-là sont loin d'être résolus.
Le véritable féminisme consiste à balayer devant toutes les portes et, en aucun cas, ne doit devenir prétexte à leçons de la part de ceux qui, par leur domination (technologique, économique, financière, militaire, culturelle) écrasent tout.
La défection pour la poésie, sans doute, s'explique par bien des facteurs. Mais l'un des principaux ne serait-il pas ce que les traditions et les institutions (en particulier l'école) et le culte des "grands auteurs" en ont fait (en tout cas en France) de compassé, de rigide, d'intimidant, de bourgeois, d'incompatible avec toute forme de spontanéité, toute pulsion d'amusement, de jeu ?
Peut-être les poètes se prennent-ils trop au sérieux pour séduire...Peut-être parlent-ils trop de contraintes, et pas assez de plaisir...Peut-être font-ils trop la leçon...
Patricia Laranco.
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