HIROSHIMA.
Quand les oiseaux-terreur se couchent, énormes, au fond du paysage
pour dormir et pour couver leurs œufs de faïence craquelée,
bleue
l'horizon recule et le tonnerre se prépare à faire rouler
ses muscles sous la fine pellicule poudreuse, ombreuse du ciel.
D'un bout à l'autre de la terre moite aux longs plis dénudés
le couvre-feu met un répit au bruit de ferraille des becs,
la nappe de menace lévite, juste au-dessus du sol
c'est comme si le monde se repliait tel un éventail
Qui demain décidera de
la nature de la clarté ?
Qui ira rameuter l'arôme velouté de la pluie ?
Peut-être a-t-on mis en branle quelque secret compte à rebours
dissimulé dans chaque vergeture de la terre stérilisée ?
Si d'aventure, en tous les cas, il y avait encore
des yeux
pour regarder et pour attendre l'aube aux étoiles de pluie
sans doute n'apercevraient-ils que quelque lune au ventre lourd
et au masque de pendule accrochée bas sur l'axe du ciel
et puis...comme ponctué, rythmé, tronçonné par ce dur tic-tac
ce désert pourpre, planté de bataillons de piques noircies,
de squelettes bien creux d'églises aux feulements radioactifs
***
Le monde exhale la vacuité de ses multiples à-jours
tel un appel,
arraché au tréfonds d'un gosier qui pue,
auquel on cherche à attribuer
forme pure
de pyramide.
Texte et gouache sur papier de Patricia Laranco
(Tous droits réservés)
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