JE NE COMPTE PLUS QUE SUR LA BEAUTÉ
DE TON CHANT
Ce non-monde, ressassant d'être sans horizon, abhorre la tendresse : le sens n'y tremble plus dans le tempo dément ; ordre ordurier, temps de détresse, il se livre au vitriol, à la tenaille, au garrot, écorchant, matraquant, vomissant du venin en mots braillards, mots mirages amputés, encanaillés, assujettis, empuantis. La vie s'alarme : peut-elle se changer en s'ouvrant à la joie ?
Me défiant de la tristesse, j'ai
mendié tes doigts de lin, le nid suspendu sous ta robe, le duvet de ton regard
à l'heure où les ombres s'allongent. Tu as offert le baume de ta peau, tendu la
pointe de tes seins à mes lèvres desséchées, noué à moi tes jambes de festin –
ouvert combien d'arrière-pays !
Nous avons côtoyé la merveille ; le
monde, tout soudain, ton chant sursoit à ses horreurs. Comme un poirier vibrant
de ses fruits mûrs, « comme un nouveau ruisseau né d'une source neuve » au cœur
même du désarroi, tu m'accordes un allègement, le désir d'exister encore.
Cette soif que, chaque jour, tu
exauces relances par dessus règles et raisons me fait aimer cette journée :
c'est avec toi qu'elle commence, ta voix qui sent cresson et romarin, ta voix
qui conduit ma main, ta voix d'Iris rêvée dans la lumière.
François LAUR
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