mardi 12 juillet 2016

Un texte du poète mauricien Gillian GENEVIÈVE.

Je ne suis pas revenu de l'hiver et le sang gelé n'offre pas la vertu de l'oubli.

C'est peut-être ainsi que l'amour déjoue les impératifs ininterrompus du désir pour se confondre avec le silence.

Le mensonge distille son venin et je trébuche sur l'autre rive du songe ivre de cette plaie qui ne se referme pas, et je me souviens :

De chaque mot. 
De chaque caresse. 
De chaque baiser. 
De chaque étreinte.

Mais, dans le creux de mon ventre, dans la gorge qui se noue, dans mes jambes qui flageolent, entortillé autour de chaque veine, le doute, âcre et impérissable, blesse chaque instant laissé à la consigne des souvenirs.

Et je te déteste de m'avoir menti car le mensonge ne défait pas l'amour; je reste arrimé à ce poème inachevé mais désormais chaque vers est remis en question.

Inlassablement, je continue pourtant à chercher les mots. Mais je les gomme. Et je n'écris plus. Ou à peine. À bout de souffle.

Tes yeux fabulent encore et encore et abolissent la possibilité du verbe.

Et je balbutie une langue qui n'est plus la mienne car, couchée à côté de moi, tu n'es plus qu'une étrangère et ton corps lové contre le mien ne m'appartient plus.

Je perds le nord, le sud, l'est et l'ouest à chercher dans la lave de la mémoire le vrai et les traces d'un baiser non bigarré par le sel de tes fables et des illusions.

Je sais désormais que cela est inutile.

Je continue à t'aimer mais je te rends tes mots car je ne sais plus qui tu es.

Et l'hiver n'offre pas la vertu de l'oubli.









Gillian GENEVIÈVE


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