MONTER LE MÂT.
Le proche s’éloigne le lointain s’approche
ton être diffus gonfle et rétrécit instinctivement
la grande pulsation se prépare à te reprendre _
tu frémis d’impatience – une folie s’empare de l’espace
rempli d’ondes en tous les sens
déchiré de sons doux plaintifs incessants
tissant l’ouïe avec le toucher et le goût – oui
on la pressent aussi, la manne oubliée – elle t’envahit
par la bouche par le nez telle une marée odorante
visqueuse indécollable – ton corps s’y fond
tes yeux éclatés flottent sur la cime des vagues
qui déferlent sur la plage – un tsunami d’yeux
menés par la houle qui chevauche la grande lame
il faut néanmoins tenir la nuit au-dessus de ta tête coupée
grimper tout au long sans même se demander
s’il finit ou pas – un mât est un mât
il faut le monter
c’est tout
Dana SHISHMANIAN.
In Le sens magnétique (2019-2021), L’Harmattan, Coll. Accent Tonique, 2022.
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