dimanche 17 septembre 2017

Quelques pistes de réflexion...



Les gens qui essaient de nuancer les choses sont fréquemment mal compris.






Les statuts d’ « intellectuel » et d’ « artiste » sont des statuts fort ambigus.
Intellectuels comme artistes sont, en général, issus des classes supérieures ou, tout au moins, moyennes (dans les pays qui possèdent des « middle classes »). Pour réfléchir, pour créer, il faut se trouver à une certaine distance des soucis bruts du quotidien en société inégalitaire. Il ne faut pas trop avoir à s’inquiéter des manques basiques et purement matériels (alimentation, eau, toit sur la tête, espace disponible dans le logis, salubrité, moyens de se chauffer, de se laver, de s’habiller, de s’aérer, intimité, possibilité de travailler et de fonder une famille, sécurité…). L’âme, alors délivrée de l’emprise immédiate, presque « animale » du quotidien, s’extirpe alors de l’obsession de la survie ou de la vie décente, de la « rustrerie » et, s’attachant à de grands idéaux et valeurs morales, se préoccupe d’instruction.
Les enfants issus des familles sans soucis matériels trop graves et des milieux dits « favorisés » ont accès aux meilleures écoles, aux livres de qualité en abondance et, partant de là, au maniement pointu des idées et des concepts ; ceci leur permet d’entrevoir des préoccupations de plus en plus abstraites, voire de plus en plus détachées  de l’immédiat et du réel, dans ce qu’ils ont de plus tyrannique. A partir de là peut se développer, chez eux, une liberté de pensée qui peut beaucoup plus facilement les amener à développer l’esprit novateur et/ou critique et, donc, les détache du grégarisme, des contraintes souvent corsetantes du collectif.
Tous les philosophes des Lumières n’étaient-ils pas de grands bourgeois, de même que les premiers savants ?
En Grèce et en civilisation romaine antiques, poètes et penseurs n’appartenaient-ils pas, le plus souvent, à la « bonne société » ?
Le « mariage »  intellectuels/peuple a, de tout temps me semble-t-il, posé problème. Car, même avec les meilleures intentions, les idées les plus généreuses, peu d’intellectuels ont expérimenté ce qu’est l’horreur, l’abaissement, l’abrutissement de la misère la plus sordide (hormis, peut-être, quelques artistes trop bohèmes). Et les « petites gens », pas davantage, ne parviennent à comprendre ce qu’ils nomment (quand ils en ont conscience) le « manque de réalisme » des intellectuels. Même la vaste entreprise du communisme en a fait les frais. Tant les apparatchiks soviétiques que Mao Zedong, l’ex bibliothécaire/poète ont été, pour leur petit peuple, de véritables bourreaux (tout en étant, chose assez tragi-comique, par ailleurs, violemment anti-intellectuels).





La devise (plus ou moins consciente, plus ou moins secrète) des crétins Noirs ou basanés ou même seulement jaunes ou mat clair n’est autre que « FAIR & LOVELY ».
Comment, en effet, ne pas vouloir tendre à ressembler de plus en plus à celles et à ceux qui, depuis maintenant un peu plus de cinq siècle, dominent le monde et donc, ont largement eu le temps de s’arroger tous les prestiges (notamment, celui de détenteurs exclusifs de la Civilisation) ?





La colonisation a amené le (la) colonisé(e) et sa descendance à s’auto-détester, à s’auto-mépriser. Ce fut, pour eux, une véritable injonction au mal-être qui n’en a pas fini de « faire des vagues ».
Je ne crois pas qu’il y ait, en ce domaine, de possibilité d’ « oubli », d’oblitération de la mémoire rongeante  (même au nom d’une mondialisation bien commode, censée porter « le métissage » aux nues).
Qui prétend s’imposer au monde (même sous le prétexte « c’est pour ton bien ») ne peut –et/ou ne veut- pas réaliser l’épée de Damoclès qu’il s’est posé lui-même au-dessus du crâne.





Le désir de s’élever socialement, et, par conséquent, dans certains cas, ethniquement – car les deux problématiques sont étroitement liées – fausse les rapports humains, oblitère gravement leur sincérité. Que penser, par exemple, de ces filles des îles si nombreuses qui, avant même d’avoir pu en côtoyer un, rêvent de « monter en grade » en convolant, un jour, avec un homme d’Europe ? Leur « colonisation d’esprit » est tellement intériorisée qu’elles ne se posent même pas la question en terme d’attirance spontanée, d’amour, mais en terme de « prestige ». Il s’agit là – comme le dirait un biologiste – d’une véritable pression de « sélection sexuelle », de surcroît extrêmement puissante. L’enrober dans une présentation « romantique » ne résout en rien le problème.





Nantis, privilégiés ont l’habitude que tout leur cède.
C’est, en partie, la raison pour laquelle ils n’ont que le mot « liberté » à la bouche. Tout ce qui s’oppose à leur désir leur apparait comme un scandale.
Orgueil et « psychopathie » vont toujours de pair avec le pouvoir et avec l’abondance matérielle.
L’argent et la puissance confèrent un sentiment d’impunité. Voilà pourquoi, sans doute, tous les dogmes religieux les regardent (du moins, en théorie) avec suspicion.
Certes, l’extrême pauvreté peut, elle aussi, souvent mener à la délinquance et à des formes de transgression brutales.
Toutefois, chez les miséreux, celles-ci s’accompagnent d’un risque qui n’a rien de commun avec celui que causent, en général, le bourgeois ou son rejeton, le membre de la « jeunesse dorée » tellement porté à l’insouciance.
La transgression du démuni opère, pour sa part, sans filet.





L’attente est toujours une déception potentielle.





« La vie vaut la peine d’être vécue ». Qu’est-ce qu’on en sait ?





Non, dépressifs et suicidaires ne méritent pas d’être traités de lâches. Croyez-moi, il faut un sacré, et même un redoutable courage pour assumer ce qu’on a regardé bien en face, sans plus de dénis, de faux-fuyants : l’inanité de chaque geste, l’éphémère de tout plaisir, la solitude de la peau, le délavement de la vie…et toutes nos questions sans réponses ; le fait que nous passons nos existences à nous chercher (et à nous trouver) des buts (voire des obsessions) qui ne servent qu’à nous occuper et qui n’arrêtent en rien le sourd travail de sape des minutes à l’intérieur de notre carcasse.
« Vivre, puis mourir » est, on le sait, intolérable à notre conscience individuelle (et si individuée).
C’est pourtant le nœud, le cœur de tout.





Le déni est, peut-être, la bêtise – ou la faiblesse – majeure de l’être humain. Pourtant, j’ai bien peur qu’elle ne soit inexpugnable.





Indulgence et prospérité fabriquent souvent des caractères mous, des « petites natures » capricieuses qui sont le propre des enfants gâtés.
Il se trouve que l’Homme a un impérieux besoin de limites comportementales pour s’y retrouver, et que ce ne sont pas l’indulgence inconditionnelle (héritière d’un certain christianisme), ni le « il est interdit d’interdire » qui les lui offrent, encore moins, bien entendu, les « cailles » qui vous tombent dans la bouche « toutes rôties ».
Tout autant que la cruauté traumatique, l’indulgence sans frein est susceptible de susciter, chez l’Homme, la psychopathie, car elle instaure (au même titre que le pouvoir) une impression d’impunité qui peut s’avérer fort pernicieuse.





Et si la « dépression »  n’était autre que la manifestation d’une lucidité poussée à l’extrême au lieu de n’être qu’une simple fragilité humaine, une soi-disant « maladie » ?





La rencontre d'un être qui vous attire trop vous désoriente.
Que faire ? Ne plus voir la personne afin de couper court à la puissante emprise qu'elle exerce sur vous ? Vous souffrez (en quelque sorte, de manque).
Céder au besoin de la revoir et donc, se replacer à nouveau à sa merci? Là encore, souffrance assurée.
Voilà qui ressemble fort à un piège.





Quand je constate combien le rapport mère-fille et le rapport inter-femmes peuvent être souvent compliqués, problématiques et ambigus, j’en viens parfois presque à me demander si la misogynie n’aurait pas pour véritables instigatrices originelles les femmes elles-mêmes.





L’extraordinaire aptitude de la créature humaine au mensonge, à la simulation et à la dissimulation, en un sens, aiguise son intelligence en ce qu’elle stimule sa subtilité, sa faculté d’observation fine, de raisonnement et d’analyse. C’est souvent, en société humaine, une « question de vie ou de mort » (puisque, on le sait assez, l’Homme est capable du « meilleur » comme du « pire »).





L’être humain et la vérité ?  Toute une histoire, pleine de tourments !





Le chercheur de sagesse, le philosophe (sauf, peut-être, dans des pays comme l’Inde et la Chine) n’est point aimé.
Il a le tort de rappeler que nous sommes les jouets du temps, du hasard et de l’entropie. Que l’éphémère, la fin font partie même de notre existence.
Que notre perception du monde –notre possibilité de perception du monde  – elles-mêmes sont illusoires et parcellaires.
Que notre connaissance ne sera jamais totale, complète. Que les certitudes ne peuvent jamais être que relatives, instables, provisoires.
Je n’ai jamais oublié l’ « introduction » à laquelle, mes condisciples et moi-même, avons eu droit au début de notre premier cours de philosophie, en classe terminale de lycée « philosopher, c’est apprendre à mourir ».





Une société qui enferme les gens dans la solitude, qui l’atomise (au nom de son idéal individualiste/consumériste), qui réduit le sens de la vie humaine à « métro-boulot-dodo-supermarché » ne peut que générer des individus déséquilibrés à la pelle, auxquels elle n’a, comme solution « réparatrice » suprême à proposer, que le passage chez le psy. Satisfaits ou pas, il est absolument indispensable qu’ils s’adaptent à cette vitesse et à cette raréfaction robotiques des contacts humains dignes de ce nom. Le psy, la télé,  internet et les credos (encore plus récents, du moins en ce qui concerne leur diffusion massifiée) du « développement personnel » : de nombreuses choses sont prévues pour les écarter à tout prix de leur « ras-le-bol » intime. Et l’on s’étonne que les « addictions » de toutes natures (nouvellement reconnues « maladies » - ça vous étonne ?) soient devenues depuis l’après-Seconde guerre mondiales les nouveaux « fléaux du siècle » !





C’est malheureux à dire, mais pourtant, cela fonctionne souvent ainsi : avec nombre de gens, si vous voulez être pris au sérieux dans un domaine qui sort de la « médiocrité » ordinaire, il faut impérativement éviter de leur être trop proche.
Aux yeux des gens ainsi faits, la « reconnaissance » est affaire de  distance, de piédestal. Elle ne peut être suscitée que par des êtres lointains et extraordinaires, qu’ils placent spontanément en quelque sorte dans une autre dimension. Moyennant quoi, si vous leur êtes trop accessible, ils vous jalousent (sans doute par effet de mimétique envie).





Ce qui est est parce qu’il faisait tout bêtement partie des possibles. Il en va, par exemple, ainsi de la Vie sur Terre et du fait que j’existe. Ce sont des  possibles  qui ont été, en quelque sorte, « autorisés à prendre corps ».
La notion de « possible » est, ce me semble, une notion très importante. C’est peut-être en fonction d’elle que notre Univers (notre cosmos), tel qu’il existe, la Vie et notre propre être prennent tout leur sens.
On peut imaginer, comme ne se privent pas, d’ailleurs, de le faire certains physiciens (en s’appuyant sur la mécanique quantique, la théorie des cordes, entre autre) une infinité de possibles exprimés, concrétisés sous la forme d’une multiplicité d’univers, lesquels seraient, en somme, si l’on désire employer une métaphore, d’innombrables « faux jumeaux », et dont l’ensemble constituerait ce que ces scientifiques ont appelé le MULTIVERS.
Dans cet ensemble de concrétisations, d’ «incarnations » de possibles, il y aurait place pour la Vie sur Terre, pour l’émergence de l’espèce humaine, de même que pour celle de notre propre individu, doté de son propre « destin ». Là résiderait la justification de tout ce qu’il nous est donné de percevoir. Moralité : le fait même que nous percevons telle ou telle chose (que ce soit de façon purement, basiquement sensorielle ou par le biais du logos et de la technologie) suffit à lui conférer une légitimité indépassable ; une légitimité qui se suffit à elle-même et, de ce fait, pourrait presque prétendre à une dimension d’ordre « sacré ».





Ce sont parfois, si ce n’est même assez fréquemment les hommes fragiles (dotés d’une part de « féminité » passablement importante) comme, par exemple, les écrivains et artistes mâles, qui craignent, me semble-t-il, le plus que les femmes viennent « piétiner » ce qu’ils considèrent comme leur « pré carré », leurs « plates-bandes ».








P. Laranco.












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