Un texte de Richard TAILLEFER.

Depuis ma fenêtre, la place pleine de lumière. Les magasins les uns après les autres ouvrent leurs paupières. Tous ces instants paraissent miens. La jeune fille ce matin a retrouvé sa terrasse. Combien de fois elle est venue me rejoindre dans les bas-fonds de mes longues nuits de solitude. A l’angle de la rue s’efface une silhouette d’homme. Il ne sait même pas que j’existe. Une voix me parvient depuis le bureau de tabac. C’est le patron, il me fait de grands signes de la main. Instant sublime qui me reconstruit. Une petite parcelle de lui et de moi. Un sourire qui me projette dans le monde des vivants.

Demain, je mettrais de l'ordre dans ma vie. Des étagères à volontés pour y entasser ces rangements toujours différés de mes révoltes avortées.

J’allume ma pipe de Cogolin
Sans savoir quelles îles de l’impossible
Attendent mon naufrage.

Richard TAILLEFER.